L’étau se desserre

Philippe hier
(Photo AFP)

On peut estimer qu’il n’y aura pas de réel déconfinement le 11 mai prochain. Il sera si lent, si compliqué, si ralenti par les indispensables précautions qu’il risque de ne pas parvenir à son objectif : la relance de l’économie française.

LE (LONG) discours du Premier ministre, Édouard Philippe, hier après-midi, devant l’Assemblée nationale, a laissé le public sur sa faim. Il y aura bien une amorce de déconfinement, mais les mesures seront annulées si le gouvernement constate une reprise de la contagion ; les conditions dans lesquelles les élèves retourneront à l’école dépendent énormément de la discipline des enseignants et de la bonne volonté des parents qui, par ailleurs, sont autorisés à s’abstenir ; la reprise du travail et sa généralisation reposent entièrement sur le port obligatoire du masque, une distanciation qui ressemble à la quadrature du cercle et la multiplication des tests. Depuis le début de l’épidémie, les pouvoirs publics se heurtent à un mur qu’ils n’ont pas réussi à abattre : le manque de masques qui résulte à la fois des erreurs passées et de la difficulté à s’approvisionner sur un marché que la crise a rendu ultra-compétitif.

Un dilemme.

Ce sombre état des lieux n’enlève rien à la qualité de la stratégie adoptée par l’exécutif. Il n’en existe pas d’autre. Le dilemme est posé par les graves inconvénients économiques et sociaux du confinement et les risques sanitaires du déconfinement. C’est un dilemme politique qui se serait présenté à toute équipe détentrice du pouvoir mais que l’opposition s’efforce de présenter comme l’ornière creusée par le gouvernement lui-même. Livrée à elle-même et en l’absence de toute réaction planifiée des autorités, le virus n’aurait pas suffi à détruire la machine économique. Elle souffre de ce que, pour protéger leur santé, les travailleurs français doivent rester chez eux. Que M. Philippe cherche un compromis permettant de déclencher le retour au travail sans mettre en danger la santé de ses concitoyens ne peut que l’honorer et ne mérite pas les sarcasmes interminables dont il fait l’objet. Il a donc besoin, dès la fin de mai, d’un résultat tangible susceptible de faire taire le chœur des pleureuses. Le courage est dans l’action, fût-elle périlleuse, la lâcheté dans un confinement sans limites.

Pas d’unité nationale.

Nous vivons une phase historique exceptionnelle qui ne ressemble à rien de ce que nous avons vécu auparavant. La réalité la moins visible est aussi la plus dure : nombre de nos concitoyens meurent tous les jours, pendant que syndicats alimentent le débat sur les masques, que l’opposition joue sur les rigueurs de la procédure parlementaire, et que le public croit souffrir plus que les malades entre la vie et la mort sur leur lit de réanimation. La douleur nationale ne doit pas, certes, servir de prétexte aux errances d’une politique sanitaire et économique. Mais, dans une situation aussi cruellement incertaine, la question n’est pas : « Comment vais-je m’en sortir ? », mais « Comment le pays  s’en sortira-t-il ? ». Car le salut général dépend de celui de chacun des citoyens. Un effort de cohésion nationale n’aurait pas été bizarre dans des temps aussi troublants. Mais le gouvernement a compris : il s’est moins adressé aux partis d’opposition qui ont froidement rejeté la main tendue qu’aux Français dont la discipline fera la différence.

RICHARD LISCIA

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

3 réponses à L’étau se desserre

  1. Laurent Liscia dit :

    C’est le même dilemme partout. En attendant la Bourse parie sur le redémarrage. Parfois, on a l’impression que la finance se moque totalement de la réalité.

  2. Maithé dit :

    Merci d’écrire ce que nous sommes nombreux à penser . Dommage que l’égo de certains politique ne leur permettent pas de penser que la cohésion nationale serait précieuse dans ces temps difficiles

  3. guerrier dit :

    J’aimerais bien vous y voir, vous, au gouvernement. Feriez-vous mieux ? Les malades qui ont guéri ne récidivent pas, qu’ils aient des anticorps ou pas, voilà la réalité, réconfortante. Ils ont donc acquis la protection. Par quels mécanismes ? On ne sait pas, et on n’a pas les outils pour le savoir. Personne, ou presque, ne signale cette protection. En plus : il n’y a pas pas assez de kits de tests, ou les tests ne sont pas pas validés. En plus, l’immunité ne repose pas seulement sur les anticorps circulants, c’est-à-dire plasmatiques que l’on est censé doser.Mais aussi sur l’immunité générale, tissulaire par quelles voies ? On ne sait pas, mais le factuel, c’est que les malades guéris ne récidivent pas. Il faut être optimiste, comme le Dr Pelloux, comme Pr Lina. Le moral des troupes est essentiel pour la victoire sur ces micro organismes, car il contribue fortement à la guérison et il y en a marre de ce climat pestilentiel sur les ondes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.