Niger : huit civils tués

Les restes d’un véhicule carbonisé
(Photo AFP)

L’attentat terroriste contre un groupe de Français accompagné par deux Nigériens, à quelque 60 km de Niamey, est d’une férocité et d’une lâcheté particulières : certaines des victimes françaises étaient des travailleur humanitaires de l’ONG Acted.

LES TERRORISTES ont bénéficié de l’effet de surprise : la zone était considérée comme sûre et des touristes s’y rendent pour admirer une réserve de girafes, espèce menacée dont il ne reste que 700 exemplaires dans tout le continent. Emmanuel Macron a dénoncé un crime conçu pour surprendre et terrifier et il a promis que tout serait fait pour retrouver les coupables. La tuerie, en tout cas, aggrave le climat d’insécurité au Niger, moins sujet que le Mali aux attentats.  La France, avec cette affaire consternante, ressent un peu plus sa solitude dans son engagement en Afrique occidentale où son corps expéditionnaire s’efforce de contenir la vague terroriste sur d’immenses territoires désertiques où les factions  djihadistes se multiplient malgré nos efforts. Les terroristes ont voulu démontrer, une fois encore, qu’ils se déplacent où ils veulent et quand ils veulent et que les pouvoirs politiques en Afrique subsaharienne ne contrôlent pas vraiment  les pays qu’ils dirigent.

Une période difficile.

Quelques inconnues interdisent toute analyse rationnelle. On en saura plus dans les jours qui viennent. On ne sait pas exemple si les humanitaires étaient en mission ou s’ils voulaient simplement rendre visite aux girafes. On ignore pourquoi la zone était considérée comme sûre, alors que les djihadistes s’y sont infiltrés sans difficulté et ont attendu patiemment qu’arrive le véhicule où voyageaient les huit civils. Ils n’avaient pas de protection militaire. Détail horrible : une femme s’est échappée, elle a été rattrapée et égorgée. Un débat a aussitôt commencé en France où l’on parle avant de méditer sur le coup porté à notre pays :  il ne fallait pas y aller, il ne fallait pas prendre ce risque, le tourisme en Afrique subsaharienne est un piège mortel. C’est un argument qui ne tient qu’après l’attentat puisque ni les autorités nigériennes ni les militaires français n’ont signalé la moindre action terroriste dans la zone concernée.  Nous traversons collectivement une période très difficile : le Covid-19 et ses effets sanitaires et économiques, une canicule accablante qui réduit l’énergie populaire, la catastrophe du Liban dont les conséquences ne peuvent être combattues que par une réforme politique, puis une aide que divers pays se sont mis hier, à réunir et enfin la plaie du terrorisme au Sahel où, malgré ses demandes, la France ne reçoit aucune aide en matériel et en soldats européens.

Plus d’intégration.

Le président de la République se montre aussi pugnace sur le front anti-terroriste que dans les sommets européens et dans l’aide au Liban. Partout, il tente de changer les données actuelles pour que la lutte contre l’impéritie politique et le danger terroriste obtienne des résultats. Ceux-ci, il doit l’admettre, ne sont pas à la hauteur de ses ambitions. Il n’est prophète ni dans son pays ni à l’étranger, car sa vision à long terme implique des efforts aujourd’hui alors qu’il est bien plus urgent, en cette époque si compliquée et menaçante, de se contenter de combattre les incendies actuels. L’action de la France est louable mais elle résulte de concepts que ne partagent pas nécessairement les dirigeants européens. Il est très facile, pour les partis extrêmes, de condamner l’Europe. Tout montre au contraire qu’elle ne peut progresser que par l’intégration politique. Il suffit pour s’en rendre compte, de l’état des nations, comme le Royaume-Uni ou les États-Unis, qui ont consacré toute leur puissance à la désintégration de l’Europe et de l’OTAN, mais se sont placés aux-mêmes dans une crise sans issue.

Sur le plan national, l’invalidation en fin de semaine dernière par le Conseil constitutionnel d’un projet de loi destiné à assurer le suivi des terroristes qui ont fini de purger leur peine de prison et sont remis en liberté n’apporte pas un contexte rassurant. Le Conseil est dans son rôle quand il défend sans broncher nos libertés essentielles ; il demeure que terroriste un jour, terroriste toujours. Il n’y a aucune disposition de la Constitution qui prévoie une telle férocité gratuite, une telle violence, une telle permanence de la haine anti-française. Ce qui veut dire que nous ne pouvons pas lutter contre ceux qui ont juré notre destruction avec les armes juridiques. Ce n’est pas par hasard si nous allons les chercher au Sahel. Autrement, ils viendraient massivement en France.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Niger : huit civils tués

  1. Michel de Guibert dit :

    Il me semble que la zone en question n’était au contraire pas considérée comme sûre par le Quai d’Orsay (zone « orange », « déconseillée sauf raison impérative » par le ministère des Affaires étrangères).

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