La justice passe

Après l’attentat contre l’Hyper Cacher
(Photo AFP)

Il n’existe aucune raison de sous-estimer l’importance du procès, commencé à partir d’aujourd’hui, des 14 complices (dont trois sont absents) des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly qui ont attaqué Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, sans omettre l’assassinat, par Coulibaly, d’une jeune policière.

CE PROCÉS, en effet, constitue la réponse souveraine de la démocratie au terrorisme qui tente de la détruire. Les djihadistes ne participent pas au combat contre une autre force armée. Ils tuent des civils et des innocents. Ils tuent des journalistes, qu’ils considèrent comme des « blasphémateurs », alors que, depuis la révolution de 1789, le blasphème n’est plus interdit en France. En tout état de cause, ils appliquent la peine de mort à des personnes avec lesquelles ils ne sont pas d’accord. Leur objectif n’est pas seulement de terrifier une société libre, mais de la soumettre à un système totalitaire d’où la liberté d’expression serait bannie. Les Kouachi et Coulibaly ont été tués au nom de la légitime défense et dans l’urgence. Auraient-ils été capturés par les forces de l’ordre qu’ils auraient reçu le message contenu dans le procès lui-même : il démontera la vanité de leurs prétentions à créer le chaos, il montrera qu’ils n’ont pas réussi, eux et leurs successeurs, à le répandre. La République ayant repris ses esprits, la justice démocratique passe. Ce sera la grande leçon du procès.

Le droit doit prévaloir.

Cette leçon ne sera donnée que si le pays demeure solidaire de sa police et de sa justice : de même que l’attentat islamiste est une horreur à éviter à tout prix, de même la violence et l’insécurité révélées par « l’ensauvagement » des « séparatistes » représentent des phénomènes d’autant plus graves qu’ils nous privent, momentanément et partiellement, de la légitimité de notre contre-attaque policière et judiciaire. Le droit doit donc prévaloir en toute circonstance, notre justice est lente mais efficace, et le terrorisme, aussi cruel qu’il soit, n’a pas mis nos institutions sous le joug, au contraire : il pâtit non pas de la violence qu’il appelle de ses actes mais de la simple application du code pénal.

« Nous ne renoncerons jamais ».

Nous assisterons à d’autres procès de terroristes dans les mois et les années qui viennent. Ils rouvriront des plaies lentes à cicatriser.  Mais ils nous offriront chaque fois une solution à la crise où s’affrontent les détenteurs d’une méthode atroce et les défenseurs de la République, les bourreaux dont le vice principal est autant la lâcheté que la monstruosité et ceux chargés de les arrêter et de les juger dans un univers où la peine capitale est abolie. Il n’est pas indifférent que Charlie Hebdo publie de nouveau cette semaine les caricatures qui ont scellé le sort des victimes de sa rédaction. Il n’est pas indifférent que Riss, le rédacteur en chef, répète dans un éditorial : « Nous ne renoncerons jamais ». Il fallait du courage pour s’attaquer à l’islamisme, il en faut encore plus pour récidiver, mais aussi brandir l’étendard de la liberté d’expression. Il suffit de réfléchir aux doléances multiples et infinies soulevées par le système des gestes-barrières pour montrer aux geignards que la pire des contraintes n’est pas le masque ou la distanciation, mais la suppression de la pensée et de la parole. Quand un peuple se soulève parce que le prix des carburants augmente, il devrait s’inspirer des combats livrés en Ukraine, en Biélorussie, à Hongkong au nom de la liberté, celle dont la France n’est pas privée mais que des éléments factieux tentent de détruire par le chaos permanent.

Une liberté intouchable.

J’ajoute ici, et c’est un point capital : l’ennemi n’est pas la religion musulmane ni aucune autre religion, l’ennemi est l’islam politisé, armé, aux mains couvertes de sang. Comme toute société démocratique, nous sommes dans une voie étroite. Nous devons combattre la violence, nous ne devons pas jeter dans le même sac ceux de nos concitoyens musulmans qui contribuent à l’épanouissement de notre pays. Ils sont les premières victimes du terrorisme, parce qu’il ne les épargne pas et parce qu’il encourage la suspicion dans la population non-musulmane. Ils nous sont d’autant plus précieux qu’ils occupent parfois des positions hiérarchiques importantes, qu’ils appartiennent souvent à l’élite culturelle et qu’ils sont les premiers à dénoncer un islam non pas décrété par Dieu, mais promu par des assassins.

Le terrorisme est une sorte de nuage maléfique qui se nourrit des crises dans les sociétés ouvertes. Il représente non pas le chemin vers la liberté,  mais le passage sanglant vers la domination d’une société libre. Il est essentiel que nous ripostions moins par la violence des armes que par l’application de notre droit, par la revitalisation de nos valeurs démocratiques, par la réaffirmation de notre liberté sacrée qui ne s’accommode d’aucune violation de nos principes démocratiques. Saluons donc ceux qui accomplissent cette tâche et ne cédons pas aux sirènes de la violence.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à La justice passe

  1. Laurent Liscia dit :

    C’est bien de rappeler aux nostalgiques des Croisades et amoureux du rapprochement avec la magnifique Russie « chrétienne » et surtout mafieuse de Poutine (souvent les mêmes), que le combat de la démocratie n’est pas contre l’islam, mais contre la terreur et le racisme d’ou qu’ils viennent.

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