Verts : Jadot essuie un revers

Yannick Jadot
(Photo AFP)

Europe-Écologie-les-Verts a refusé la proposition de Yannick Jadot d’accélérer la désignation du candidat du parti à la présidentielle de 2022. M. Jadot souhaitait que cette désignation fût accomplie avant la fin de l’année. Les militants ont voté contre à 70 % .

SUR FRANCE INFO, ce matin, M. Jadot a minimisé sa défaite qui, effectivement, concerne seulement une question de procédure et ne l’empêchera pas, le moment venu, de relancer sa propre candidature. Il a cité le nombre impressionnant d’anciennes figures du mouvement qui sont d’accord avec lui. Mais la question ne concerne pas son destin personnel, elle recouvre la forte inclination d’EELV pour un écologisme absolu. Il se peut que des membres d’EELV soient décontenancés par les méthodes conquérantes de M. Jadot, député européen depuis 2009, qui a déclaré sa candidature il y a quelques mois et se livre à un blitzkrieg chaque fois que les circonstances lui en offrent la possibilité. Nul n’ignore qu’il n’est pas au mieux avec Julien Bayou, chef d’EELV et qu’il a un rival, en l’occurrence Éric Piolle, maire récemment réélu de Grenoble. Ce qui les sépare n’est pas la date d’une primaire ou d’un choix du candidat par acclamations, mais le contenu du programme des Verts, qui, lui, est essentiel : alors que M. Jadot s’efforce de concilier l’action des entreprises privées avec le respect de l’environnement (en gros, il s’agit de créer des emplois tout en limitant le réchauffement climatique), la tendance générale du parti est de faire de l’écologie une priorité à n’importe quel prix, y compris celui de la décroissance.

Nous sommes tous écologistes.

Ce qui se prépare dans l’opposition de gauche, c’est donc un rapprochement entre tous les défenseurs d’une économie dirigée au nom de l’impératif environnemental. L’objectif de M. Bayou est de créer une force imposante en réunissant le PS, la France insoumise et les Verts, capable de franchir le cap du premier tour. Alors que M. Jadot est incompatible avec l’extrême gauche et peut-être même avec le PS, dont personne ne peut dire aujourd’hui s’il investira un social-démocrate ou un candidat marxisant. L’écologie est une valeur que partagent toutes les nuances du spectre politique. Personne n’ose plus se dire anti-écologiste, y compris à l’extrême droite. Ce qui a amené d’aucuns à affirmer, non sans quelques bonnes raisons, que l’écologie n’étant qu’une partie d’un programme, elle ne devrait pas être le terrain réservé aux écologistes. C’est tellement vrai qu’EELV est traversé par divers courants qui ne sont autres que ceux qui figurent dans le paysage politique. Écologistes de droite et de gauche, du centre et d’ailleurs, parfois tentés par l’autoritarisme interne comme ce fut le cas dans l’histoire récente d’EELV et qui, une fois au pouvoir, pourraient devenir les promoteurs d’une pensée unique.

Cheval de Troie.

L’opinion publique a fait de la lutte contre le réchauffement l’une de ses priorités ; elle est donc très séduite par le mouvement que dirige Julien Bayou. Elle ne voit pas forcément que EELV pourrait être le cheval de Troie de la France insoumise ou d’éléments radicaux. La majorité actuelle n’est pas seulement opposée au Rassemblement national, elle est menacée par une éventuelle coalition de la gauche capable de se retrouver au second tour au détriment de la République en marche. Bien sûr, rien n’est écrit. D’abord la REM voit très bien ce qui se passe aujourd’hui ; ensuite, les conditions d’un rassemblement des Verts avec LFI, le PS et le PC ne sont guère réunies, principalement parce que les ego sont exacerbés et que ce que l’on voit à propos des écologistes existe aussi dans les autres partis. Tout le monde appelle la fin des divisions et à la création d’une forte coalition anti-majorité présidentielle ; mais la réalité des faits montre que les écologistes sont divisés, que Jean-Luc Mélenchon a un agenda personnel, que M. Hollande a le sien. C’est une course de chevaux mais chaque jockey fait cavalier seul.

De fait, la majorité n’est pas dans la meilleure des postures. Ce n’est pas une éventuelle victoire contre le Covid ou contre le chômage qui offrira à M. Macron son deuxième mandat. C’est la division croissante et entêtée, au-delà du raisonnable, de ses opposants.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Verts : Jadot essuie un revers

  1. Laurent Liscia dit :

    Tu écris: « L’opinion publique a fait de la lutte contre le réchauffement l’une de ses priorités ; elle est donc très séduite par le mouvement que dirige Julien Bayou. »
    Si c’est vrai, c’est une priorité nouvelle, qui n’existe pas encore aux États-Unis. Comment expliques-tu ce phénomène ?

    Réponse
    Par une prise de conscience nationale qui n’existe pas dans toute la population américaine. Cela dit, les écolos au pouvoir risquent de rencontrer de vives difficultés s’ils décident la suppression de l’arbre de Noël et du Tour de France.
    R. L.

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