Covid : la bataille des clusters

Christian Estrosi
(Photo AFP)

La pandémie ayant refait surface à Marseille, à Nice, en Île de France et ailleurs, le gouvernement a durci les mesures de discipline partout où les hôpitaux risquent d’être débordés. Ce qui a fait rugir nombre de maires qui estiment que restaurants, bars, cinémas et salles de spectacle sont largement protégés.

LA DÉMARCHE des pouvoirs publics est rationnelle : le danger ne réside pas seulement dans la hausse exponentielle du nombre de cas de contamination, c’est celui d’une saturation des hôpitaux telle que nous l’avons connue en mars. Maire de Nice, Christian Estrosi, pourtant peu de suspect de fomenter une guérilla contre le pouvoir, estime que les dispositions de protection et de prévention sont suffisants dans les lieux publics. Si sont fermés ou plutôt soumis à des horaires stricts les lieux traditionnels de distraction et de convivialité, il y a un sérieux problème. Cependant, M. Estrosi ne dit rien de la réalité des chiffres : il appuie son argumentation sur la contribution à l’économie qu’apportent cafés et restaurants, cinémas et théâtres, pour dénoncer des mesures qui, selon lui, affaibliront la croissance, celle-là même que défendent les autorités au nom du rejet d’un re-confinement national.

Non au re-confinement.

Quel que soit l’avis de chacun, on conviendra que la crise sanitaire n’est pas résolue. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, craint par-dessus tout la fameuse « deuxième vague » qui, en dépit de chiffres alarmants, ne s’est pas encore produite dès lors que les nouveaux cas, très nombreux, ne sont pas forcément  graves et que des lits de réanimation sont encore disponibles pour les très malades. D’une part, il faut continuer à protéger les personnes fragiles ou âgées, celles qui, justement, ne sortent pas le soir en ville. D’autre part, il ne faut pas attendre que la situation devienne incontrôlable comme ce fut le cas en mars. Nous ne pouvons absolument pas courir le risque d’un re-confinement à l’échelle du territoire. Nous l’avons fait une fois et si nous n’en sommes pas morts, c’est parce que l’Union européenne a suspendu les critères de Maastricht,  et parce que nous avons adopté un plan de relance  national complété par un autre plan européen.

Café et télétravail.

Ces efforts colossaux ne nous empêcheront pas de perdre 10 % de produit national brut en 2020, que nous espérons compenser par une croissance de 8 % en 2021. Entre temps, la dette publique aura augmenté de près de 100 à 120 %, pour être ramenée, dans une prévision optimiste, à 116 % en 2021. Sept-cent quinze mille jeunes se présentent ces jours-ci sur le marché de travail avec des chances très réduites de trouver un emploi. Si le confinement a été la réponse humaniste à la crise sanitaire, le dé-confinement a été la réponse économique et sociale au recul sans précédent de la croissance. Bien entendu, il n’existe pas de politique macro-économique qui soit d’un fair-play exemplaire. Dans le confinement sélectif, certains activités commerciales paient beaucoup plus cher que d’autres. Il n’est pas difficile d’opposer les lieux de convivialité que sont les cafés et restaurants aux entreprises où le télétravail est répandu. Dans le premier cas, les cas de contamination sont logiquement nombreux, dans le deuxième, ils sont inexistants.

Soutenir les entreprises.

Il ne faut pas prendre les réactions pragmatiques du gouvernement, qui agit jour après jour en fonction des données quotidiennes, pour les effets d’une perte de contrôle. Dès lors que le corps médical, que l’on a été si prompt à accuser et à couvrir d’injures, a utilisé la méthode la plus efficace de la science, celle que dicte l’empirisme, les médecins sont mieux armés aujourd’hui qu’ils ne l’étaient il y a six mois. Le sort réservé à ces PME que sont les lieux de loisirs ne mérite que notre compassion. Ces entreprises sont victimes de ce pour quoi leur activité a toujours été saluée : elles drainent du monde et en conséquence, elles rapprochent les gens. La pandémie a fait en sorte que le danger soit dans le rassemblement. Elles trinquent en période de crise sanitaire pour ce qu’elles font si bien en temps normal. Ce qui n’empêche pas le gouvernement de se pencher de nouveau sur leur sort et de leur apporter d’autres aides financières. Toutes les entreprises méritent de survivre, surtout celles qu’il est impossible de délocaliser, qui créent le plus d’emplois et qui apportent un peu de joie de vivre.

RICHARD LISCIA

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.