Une campagne à ne pas rater

Castex : plan cohérent
(Photo AFP)

Un clou chasse l’autre ? Le gouvernement a tout intérêt à faire oublier quelque trois semaines de couacs sur la gestion des lois Sécurité globale et Principes républicains. Le Premier ministre, Jean Castex, s’est efforcé hier de présenter la campagne de vaccination anti-Covid d’une manière transparente. Sur le papier, la chronologie est parfaite. M. Castex a insisté sur le maintien des mesures de précaution contre la contagion. La question est de savoir s’il a été entendu.

LE CALENDRIER de la vaccination est très clair : en janvier les personnes hébergées dans les Ehpad et les soignants ; puis, les personnes âgées, puis on continuera avec les classes d’âge inférieur. La vaccination n’est pas obligatoire, ce qui évite une nouvelle polémique sur l’exercice des libertés individuelles en France, mais soulève aussi le problème de l’immunisation de la collectivité.

Soudain, l’été dernier…

Les pouvoirs publics ont fort bien compris qu’un relâchement des mesures de distanciation sociale et de port du masque est incompatible avec la vaccination généralisée : elle diminuera le nombre de contagion, lequel, cependant,  ne doit pas être augmenté par le déconfinement, comme ce fut le cas l’été dernier. Une fois de plus, la stratégie officielle est accueillie avec scepticisme par les Français. Si la plupart des observateurs estiment que, d’une façon générale, les Français ont été disciplinés pendant neuf mois, une minorité de citoyens continue de voir dans les précautions à prendre une atteinte inadmissible à leurs libertés personnelles.

Infantiliser les Français.

Les discussions avec diverses professions, à commencer par le clergé, ont donné lieu à des calculs de marchands de tapis, notamment sur la surface allouée à chaque fidèle qui se rend à l’église ou au temple. L’objectif du gouvernement, idéalement, est d’empêcher toute contamination, résultat sans doute inaccessible. Déjà, le Dr Philippe Juvin, maire LR de la Garenne-Colombes, a exigé du pouvoir « qu’il cesse d’infantiliser les Français ». On l’approuverait chaleureusement si certains de nos concitoyens n’avaient pas considéré le premier déconfinement comme le signal de tous les débordements, voyages, rassemblements familiaux, fêtes organisées dans des maisons à l’écart de la ville et autres comportements dangereux dont les conséquences se sont retrouvées dans les statistiques. Personne ne doit minimiser le danger du laxisme. La vaccination, l’abondance des vaccins, les mesures prises en amont pour éviter tout encombrement des vaccinés offrent une lueur au bout du tunnel. Il ne faut pas l’éteindre avant d’y parvenir.

Citoyens responsables.

Dans toute notion de liberté, il y a, en filigrane, un appel à la responsabilité individuelle. On a estimé que le gouvernement avait des tendances autoritaires, mais si la campagne de vaccination échoue, c’est à lui que s’adresseront toutes les critiques. Il n’est pas excessif de dire que Trump a perdu l’élection présidentielle à cause de sa gestion du Covid bien plus qu’à cause de sa politique économique ou de sa diplomatie. Emmanuel Macron connaît donc l’enjeu de la vaccination qui est une occasion à saisir et non à perdre. Tout le débat actuel sur la prévention sera rapidement annulé par une immunité collective, dont l’effet premier sera de lever le port du masque, le lavage des mains et la distanciation sociale. Encore faut-il parvenir à ce jour et la campagne durera, comme on l’a compris, plusieurs mois, et ne sera pas terminée avant la fin de l’année prochaine.

Relever le défi.

La campagne peut échouer, mais si elle réussit, elle permettra tous les espoirs économiques et sociaux. On voit bien qu’il existe dans le pays un appétit de travail, un besoin de gagner sa vie autrement que sous la forme d’aides financières gouvernementales et une pulsion de croissance. Nous sommes en mesure, en dépit de toutes les mauvaises statistiques sur l’emploi et le produit intérieur brut, de relever le défi, de rattraper le temps perdu et surtout de recréer les emplois sacrifiés au confinement.

Dans tout ce qu’ont fait les pouvoirs publics jusqu’à présent, les critiques auront été vives, mais marginales, plus dictées par l’opportunité politique que par la sincérité. Il ne s’agissait pas, d’ailleurs, de proposer des plans alternatifs, mais de dénoncer l’incurie, réelle ou imaginée, de nos dirigeants. On verra bien lors des rendez-vous électoraux si la population a trouvé chez les Verts, chez LR, chez LFI ou au RN un discours qui l’emballe et qu’elle aura jugé plus efficace.

RICHARD LISCIA

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