Marseille : la confusion

Michèle Rubirola
(Photo AFP)

La maire de Marseille, Michèle Rubirola, élue il y a à peine cinq mois, a annoncé hier sa démission dans un discours solennel où elle a mentionné des problèmes de santé. Elle propose d’être remplacée par son adjoint, Benoît Payan, PS.

MME RUBIROLA a effectivement subi une intervention chirurgicale, mais elle a reconnu que ses responsabilités devenaient écrasantes, principalement à cause des dettes contractées par ses prédécesseurs et qui rendent très difficile la gestion de la ville. Tout le monde lui souhaite un prompt rétablissement, mais le problème de son remplacement n’est pas anecdotique, il est politique. Elle était, en effet, à la tête d’une coalition composée de son propre parti, le Printemps marseillais, du PS et des Verts. Elle est tenue de réunir le Conseil municipal dans les quinze jours. La réunion pourrait avoir lieu dès lundi prochain. Elle voudrait inverser les rôles et devenir première adjointe.

Une autre élection ?

Ces deux propositions soulèvent d’abord la question des hommes et femmes politiques en provenance de la vie civile et confrontés à des difficultés qu’ils ignoraient ou sous-estimaient ; et ensuite le choix du scrutin capable de dénouer la crise. Beaucoup d’élus marseillais de l’opposition ne pensent pas qu’il appartienne au Conseil municipal d’en décider et réclament une seconde élection municipale. Leur principal argument est que, si Mme Rubirola s’entend bien avec M. Payan, ce n’est pas lui qu’une majorité marseillaise a fait entrer à la mairie. Samia Ghali, qui a réglé le problème lors des municipales en rejoignant Michèle Rubirosa (mais qui aurait bien voulu conquérir la mairie), n’est pas sûre du tout aujourd’hui de vouloir élire M. Payan bien qu’elle soit elle-même socialiste. Quant à la droite LR et à la République en marche, elles sont hostiles à un simple vote au Conseil municipal qu’elle considèrent comme un tour de passe-passe, ce à quoi cela ressemble fort.

Coalition fragile.

Le cas de Marseille, troisième ville de France et sans doute celle qui a le plus besoin d’une gestion dynamique et d’un effort en direction de la réduction des inégalités, indique que les coalitions de gouvernement sont fragiles. La naissance du Printemps marseillais a soulevé de grands espoirs dans la ville. Ce parti s’est affirmé dans un discours d’opposition, mais qui se voulait distinct des gauches. Même si Mme Rubirola quitte ses fonctions pour cause de santé, sa formation est soudainement affaiblie par sa défection. Il est vrai en tout cas que les Marseillais n’ont pas voté une majorité socialiste et que dans ces conditions la légitimité de M. Payan à la tête de la mairie est contestable. Lorsqu’on sait que les gauches et les Verts ne peuvent peser à la prochaine élection présidentielle que grâce à un mouvement de rassemblement, on peut se poser des question sur la solidité d’un tel mouvement, surtout dans un scrutin qui, par nature, est extraordinairement personnalisé. À Marseille d’ailleurs, s’il est possible que Mme Rubirola ait été écrasée par l’ampleur de la tâche, sa personnalité, son passé apolitique, la sincérité de ses discours ont construit sa popularité.

Son départ, cinq mois seulement après le vote qui lui a donné la mairie, laisse la ville en ébullition, de sorte que les jours qui viennent vont être décisifs. En d’autres termes, il faudrait (et rien n’est moins sûr) que le peuple de Marseille approuve le schéma envisagé par Mme Rubirola. Il faudrait en outre un maire fort et tenace qui ne dise plus que qu’il n’a pas la force de soulever les fardeaux municipaux,  mais qu’il entend bel et bien résoudre les problèmes de la ville.

RICHARD LISCIA

 

 

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Une réponse à Marseille : la confusion

  1. Jab dit :

    On a eu les pagnolades, maintenant les rubirolades, povres marseillais qui sont la risée de la France entière.
    Le ridicule ne tue pas mais blesse gravement.

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