Vaccinez-vous !

Le Pr Pierre Jouanny, l’un des premiers vaccinés
(Photo AFP)

La campagne de vaccination contre le coronavirus a été lancée hier. Elle durera au moins un an, les personnes de plus de 75 ans, puis de plus de 65 ans ayant la priorité.

RIEN, en France, mais aussi ailleurs, ne peut avoir lieu sans débat national. Qu’importe qu’il existe dans notre pays autant d’avis que de citoyens ! Chacun a son idée sur ce qu’il faut faire et la proportion de personnes prêtes à subir la vaccination est largement inférieure à 50 %. C’est malheureux, car le seul moyen de parvenir à l’immunité collective sans une contagion nationale qui augmenterait sensiblement le nombre de cas et le nombre de patients en réanimation, c’est la vaccination. On comprend les prévenions des personnes qui craignent les effets indésirables du vaccin, qui préfèrent attendre un vaccin « français », qui, parfois, en arrivent à se demander s’il n’y pas, à la fois dans le corps médical et dans les rouages de l’État une sorte de « complot » (encore un !) destiné à rendre le  vaccin obligatoire tout en affirmant haut et fort qu’il ne l’est pas. Comme le gouvernement a  envisagé de rédiger un texte de loi qui confinerait la partie de la population non-vaccinée, on est saisi par le doute.

Question de civisme.

Mais on ne se vaccine pas parce que l’on serait le jouet des plans secrets de l’État, des laboratoires pharmaceutiques ou des médecins. On se vaccine pour deux raisons inséparables : la première, la plus importante, c’est d’éviter pour soi-même la contamination dont on sait qu’elle peut tourner mal chez les personnes âgées. La seconde fait appel à la générosité : il s’agit d’éviter une contamination générale, d’épargner les autres, de faire acte de civisme. Nous ne pouvons pas continuer à vivre dans la peur et, pour le moment, nous sommes tous incapables de faire des projets à long terme. Nous vivons au jour le jour et nous sommes privés d’une liberté qui est le sel de la vie. Les anti-vaccin se croient plus libres que les autres, ils montent au créneau dès que l’État fait mine de les sanctionner, mais la vérité est qu’ils portent atteinte à la liberté de leurs concitoyens.

À ce jour, pas d’incident.

Je ne crois pas devoir convaincre les médecins qui me lisent et je ne crois pas non plus que l’écho de ma prise de position soit entendu au-delà de cette page. Mais dans le foisonnement de ce débat permanent que complique la démocratie directe, j’essaie d’introduire la logique et la raison : ne pas vouloir subir des effets indésirables, c’est risquer sa vie et celle des autres : il est entendu, par ailleurs, que le moindre cas d’un vacciné qui présenterait des symptômes inquiétants serait signalé, que le corps médical avance à pas de loup et que, contrairement à ce que l’on raconte, au moins un million de personnes ont été vaccinées en Europe, en Asie, aux États-Unis sans qu’un cas grave n’ait été signalé. Si on en décelait un seul, on prendrait le temps d’une pause pour améliorer la stratégie vaccinale. Il faut un peu de courage pour accepter la vaccination, il faut une grande lâcheté, objectivement, pour la refuser. Enfin, un suivi médical est prévu pour toutes les personnes vaccinées.

Brebis galeuses.

Je suppose que le gouvernement abandonnera toute idée de contourner la liberté des patients et qu’il se gardera de sanctionner les personnes hostiles au vaccin. Mais imaginez ce que sera le monde dans six mois ou un an : si vous voulez voyager, si vous voulez participer à une action de groupe, si vous désirez manifester ou assister à une réunion, la première question qui vous sera posée sera la suivante : êtes-vous vacciné ? Et si vous ne l’êtes pas, on se passera de votre présence ou on vous interdira de franchir la frontière. Ce n’est pas l’État, ce ne sont pas les autorités sanitaires qui prononceront la sentence, ce sont les compagnies de transport et les organisateurs de débats ou de meetings. Je crois qu’une sorte de mimétisme et d’émulation nationaux finiront par l’emporter et que les citoyens en guerre contre le vaccin penseront enfin qu’ils ne peuvent pas se distinguer des autres indéfiniment. Le statut de brebis galeuse n’est pas enviable. Le vaccin est beaucoup moins un risque qu’une manière de vivre en toute sérénité.

RICHARD LISCIA

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5 réponses à Vaccinez-vous !

  1. D.S. dit :

    Demander aux Français à l’avance leur accord pour se laisser vacciner n’a pas de sens. Moi même, aujourd’hui, je ne sais toujours pas. Mais je suis prêt à parier que si les premières vaccinations se passent bien, et que si l’épidémie continue à faire des ravages, la grande majorité d’entre eux, acceptera en définitive, de présenter son épaule au vaccinateur de service. Bien sûr, certains petits malins s’abstiendront, en espérant que le seuil d’immunité collective sera atteint sans eux. Espérons qu’ils ne seront pas trop nombreux.
    Réponse
    Autrement dit :laissons les autres essuyer les plâtres.
    R. L.

  2. TAPAS92 dit :

    Personne n’a demandé à mes enfants d’une vingtaine d’années leur consentement pour le confinement. On sait combien ils en ont souffert, dans leur vie d’étudiants ou professionnelles, dans leur vie de jeunes. Ils vont continuer à payer la note (financière, sociale, psychologique … pendant longtemps. Et même quand les personnes à risque ne seront plus là, ils continueront à payer encore. Le confinement était fait pour sauver les personnes à risque, dont les personnes en EHPAD. Un renvoi d’ascenseur, avec une vaccination exhaustive (sauf contre-indications bien sûr) des personnes à risque serait le bienvenu !

  3. Laurent Liscia dit :

    Même si le vaccin était obligatoire, et alors?

  4. Doriel pebin dit :

    Bonjour. Une autre raison majeure est d ordre éthique, plus tôt on sort de la crise, plus tôt l’économie repartira. Les anti-vaccin favorisent objectivement la pauvreté et la détresse des personnes défavorisées. Cette exigence est donc aussi sociale et les anti-vaccin sont non seulement des fossoyeurs de cohésion sociale mais aussi des promoteurs d’aggravation des inégalités sociales. Luttons contre leurs infox et méfaits.

  5. Michel de Guibert dit :

    Vous écrivez : « On se vaccine pour deux raisons inséparables : la première, la plus importante, c’est d’éviter pour soi-même la contamination dont on sait qu’elle peut tourner mal chez les personnes âgées. La seconde fait appel à la générosité : il s’agit d’éviter une contamination générale, d’épargner les autres, de faire acte de civisme. »
    La première raison commande de commencer par les personnes âgées ou vulnérables, c’est le choix qu’a fait le gouvernement, choix qui a aussi le mérite d’éviter de saturer les services hospitaliers et les services de réanimation.
    La seconde raison aurait plutôt commandé de vacciner d’abord la population jeune, plus immunoréactive, afin d’obtenir plus rapidement une immunité de groupe.

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