Trump gagne une manche

Trump renaît de ses cendres
(Photo AFP)

La procédure de destitution contre Donald Trump n’a pas abouti : il a manqué dix voix au Sénat pour lui ôter son éligibilité. Cela signifie qu’il pourra se présenter pour un second mandat en 2024.

LES élus du Congrès s’attendaient à ce résultat pour lequel Trump n’a pas caché sa joie. Le président ne peut être condamné qu’avec une majorité des deux tiers, soit 67 suffrages de sénateurs. Il n’y en a eu que 57, soit la totalité des sénateurs démocrates plus les sept républicains ouvertement hostiles à Trump et prêts à l’éliminer de la vie politique. Les plaidoiries des avocats dans les deux camps n’ont joué aucun rôle. Le chef des sénateurs républicains, Mitch McConnell, a répété que Donald Trump avait incité les émeutiers du 6 janvier à envahir et saccager le Capitole et qu’il méritait d’être sanctionné par le Congrès. Cela ne l’a pas empêché de voter contre la destitution.

Le GOP est divisé.

On ne reviendra pas sur l’aspect irrationnel des comportements des élus, il a accompagné les quatre années de la présidence Trump. Chez les Républicains, on trouve des éléments qui se réfèrent au Tea Party et approuvent la conduite de Trump ; on trouve aussi des sénateurs et des représentants qui la désapprouvent, mais estiment qu’un vote contre lui risque de briser leur carrière ; et ceux qui ont assez de courage ou d’intégrité pour s’exprimer en conscience. Il faut aussi examiner le contexte psychologique : le Grand Old Party (GOP) vient de subir une défaite retentissante, il est divisé  par des conflits de tendance, comme le montre la structure du scrutin des républicains au Sénat. Il pense à l’avenir.

Mais tout le monde pense à l’avenir. Celui de Trump devrait être ensoleillé. Il continue de haranguer ses troupes, bien qu’il soit privé de réseaux sociaux. Il peut rester présent sur la scène politique par divers moyens, moins efficaces que Facebook et Twitter, mais susceptibles d’entretenir la flamme de ses électeurs fanatisés. Il peut se présenter en 2024, à l’âge de 78 ans, qui n’est autre que celui de Joe Biden aujourd’hui. Et il peut gagner parce que, de toute façon il dispose d’une large gamme d’électeurs, que le pouvoir aura usé Biden et que les élections de mi-mandat en novembre 2022 risquent d’inverser la majorité.

Le sans-faute de Biden.

Trump peut aussi perdre. Tout dépendra en 2022 de la situation économique et sanitaire des États-Unis. À ce jour, Biden a fait un sans-faute. Sur l’environnement, sur le lancement d’un plan de relance, sur l’éducation, sur la vaccination,  sur les liens euro-américains, sur le jugement que lui inspirent Poutine et Xi, il n’a pas commis d’erreur, n’a pas perdu de temps et a avancé beaucoup plus vite qu’on ne l’aurait cru. Il  n’a pas semblé enthousiaste à l’idée de poursuivre Trump une seconde fois. Puis, il s’est rallié à une démarche historique animée principalement par la présidente de la majorité démocrate à la Chambre des représentants, la vindicative Nancy Pelosi. Avant le vote du Sénat, il a dit pourquoi Trump méritait d’être destitué post mortem : il s’agissait d’en débarrasser la société américaine, de faire en sorte que les Républicains retournent au conservatisme, au sérieux et à la dialectique nécessaire des deux camps, démocrate et républicain.

Une cure de méditation.

Manifestement, ils n’en ont cure, y compris ceux qui ont des ambitions présidentielles mais songent à récupérer l’électorat de Trump, ce qui correspond à une démarche contradictoire : car, pour le séduire, il faut protéger l’ex-président. Le GOP, en réalité, a besoin d’une cure de méditation, il doit se réunir pour adopter une charte de gouvernement et décider si, oui ou non, il veut rester le parti  de l’hystérie ou, au contraire, commencer à travailler sur un programme. Il est remarquable à cet égard qu’en moins d’un mois  Joe Biden ait pris toute une série de mesures en adéquation totale avec le programme qu’il avait énoncé pendant la campagne.

Aventurisme.

De sorte que le seul moyen désormais pour les Américains de bonne volonté qui souhaitent en finir avec le cynisme, la violence et la vulgarité, c’est de retourner aux dispositions fondamentales de la Constitution et d’approuver la stratégie de Biden. Ils ne seront pas insensibles aux bienfaits du plan de relance, à la disparition espérée de la pandémie, au retour progressif au plein emploi. Certes, sous les coups de boutoir du populisme, Biden peut toujours échouer. Mais l’échec de la procédure de la destitution n’est pas celui du président et encore moins de sa gouvernance. On l’a toujours cru mal calibré pour envoyer Trump dans les roses. Et pourtant, non seulement il l’a fait mais il applique ses mesures sans sourciller, sans hésiter, sans perdre une minute. Toute la question est de savoir si l’aventurisme cédera au monde sur lequel Biden ouvrira les yeux de ses concitoyens. Ou bien, ils ne seront pas convaincus, ou bien le temps et la dynamique démocrate feront leur œuvre.

RICHARD LISCIA

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