Au cœur de la bataille

Macron : course contre la montre
(Photo AFP)

Les premiers résultats du confinement et de la campagne vaccinale ne sont pas suffisants. Le nombre des cas de réanimation atteint les 6 000, le vaccin de Johnson et Johnson est suspendu, les vols entre la France et le Brésil sont momentanément arrêtés, le montant des dépenses publiques pour trois ans augmente de 424 milliards.

LA PREMIÈRE conclusion fournie par ces éléments d’information souligne qu’il n’existe aucune comparaison possible entre les effets positifs du confinement et ceux de la vaccination. Certes, la pandémie est parvenue à un plateau, mais il est encore trop élevé. Cependant, le gouvernement avait prévu que le pays s’approcherait de la saturation des lits de réanimation et il a pris des mesures en appelant les soignants retraités et en créant de nouveaux lits de réanimation. Le problème, avec le confinement est que, même s’il demeure indispensable, on ne peut plus compter sur lui pour juguler la pandémie, à cause de l’apparition de nouveaux variants plus contagieux, comme celui du Brésil, et à cause de la lassitude de la population qui frise la crise de nerfs nationale. La suspension des vols entre le Brésil et la France a été décidée sous la pression parlementaire et annoncée par le Premier ministre Jean Castex quelques heures à peine après que le secrétaire d’État aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, eut déclaré qu’elle n’était pas possible.

Le salut, c’est le vaccin. 

C’est une certitude depuis le début de l’année : la vaccination est notre salut national. Le gouvernement fait des efforts méritoires pour augmenter le plus possible le nombre de premières injections, mais il s’agit d’une course entre les variants et l’immunisation collective. De toute évidence, la suspension des vols entre la France et le Brésil aurait dû être prise au moins quinze jours plus tôt. L’espoir vient de subir deux coups de massue : l’astrazeneca n’est plus en odeur de sainteté, le public le craint, ce qui freine la vaccination ; de plus, le Johnson et Johnson a été suspendu alors qu’il devait prendre le relais de l’astrazeneca. Lui aussi a provoqué des cas, certes, très rares, de thrombose, qui inquiètent les patients en dépit des assurances fournies par le corps médical.

424 milliards en trois ans.

On a du mal à chiffrer ces mauvaises nouvelles, mais une étude, qui a fait grand bruit hier, montre que la pandémie nous aura coûté en 2020, 2021 et 2022, quelque 424 milliards d’euros. Bien entendu, il s’agit d’une somme énorme, à la mesure du fléau qui nous accable. Il ne faut pas pour autant s’affoler à cause de ces chiffres. Nous devons nous habituer à choisir nos priorités et la santé est la toute première de ces priorités. Il nous faudra une décennie pour abaisser le déficit budgétaire à 3 % et encore plus pour abaisser le montant de la dette qui se hissera jusqu’à 117 % du PIB. Les taux d’intérêt restent éminemment favorables : la France peut continuer à emprunter gratuitement et ne devra rembourser que le capital emprunté, sans aucun intérêt.

L’été arrive.

Sur le plan politique, le virus a fait une grande victime en acculant Donald Trump à la défaite. Pour sa part, Emmanuel Macron ne peut nourrir un espoir d’être réélu que s’il parvient l’immunité collective avant la fin de l’année, ce qui, il y a quelques jours, semblait objectivement de l’ordre du possible, mais ne l’est plus aujourd’hui à cause de la résistance de certains variants du virus et les résultats insuffisants du confinement. Le meilleur programme sera celui d’une détermination silencieuse, à l’abri de polémiques inutiles, d’une campagne de vaccination renforcée, de la pratique à long terme des gestes barrières. Mais le confinement ne peut pas rester permanent, d’autant qu’il faut commencer à reconstruire l’économie du pays, ce qui ne sera pas facile. Dernier atout : l’été devrait faire reculer le virus et nous apporter un répit, pour autant que le peuple ne parte pas en vacances en renonçant à toute forme de discipline. Cela s’est déjà produit et ceux qui préfèrent « la liberté au confinement » ignorent la gravité de leurs responsabilités.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à Au cœur de la bataille

  1. Laurent Liscia dit :

    Je ne suis pas sûr qu’il faille suspendre le J and J. Même si tout le monde le fait (y compris aux US). C’est la course-poursuite entre les variants et la campagne vaccinale … qu’il faut accélérer et non ralentir.

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