Un très long déconfinement

Prudence de Castex
(Photo AFP)

Le gouvernement a annoncé hier, avec un optimisme relatif, le retour à la normale, étalé du 15 mai au 15 juillet, qui serait favorisé par une vaccination massive mais, dans la réalité, serait soumis à diverses conditions liées à une lente immunisation collective.

LA MODESTIE du plan, en quatre mesures, des autorités, ne doit pas nous surprendre. La vaccination étant notre planche de salut, il faut en attendre les effets. Si la circulation du virus ne montre pas un reflux, les mesures, livrées à l’opinion pour qu’elle se rassure, seront probablement différées. Et, comme chaque fois que nos dirigeants font un effet d’annonce, il est amoindri par les réserves qui lui sont attachées.

Le niveau de l’eau.

Le verre est à moitié plein ou à moitié vide, et l’exécutif n’est pas en mesure de fixer le niveau de remplissage. De sorte qu’il avance, dans la gestion de la pandémie avec trois pas en avant et deux pas en arrière, comme les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. L’opinion et les oppositions n’ont pas tardé à critiquer son plan, mais nous avons tous été assez échaudés par les trois vagues de la pandémie pour que la prudence en devienne indispensable. Aurait-il exprimé son enthousiasme que nous en aurions conclu qu’il péchait par optimisme. Ce n’est pas le cas, ce qui signifie qu’il faut accepter, comme dans les diverses occasions précédentes, la dose de réalisme nécessaire pour une attitude plus pragmatique.

Deuil et chagrin.

Il faut prendre la mesure du fléau. La vaccination fonctionne et s’accélère, mais le niveau de contagion reste très élevé. L’indiscipline populaire est rare, mais choquante et elle ruine partiellement les efforts fournis pour faire reculer la pandémie. Il n’y aura pas de jour de gloire, avec un retour brutal et ensoleillé à la normale. Il est probable que, la campagne de vaccination terminée, il faudra très vite penser à celle de l’an prochain. Nous devrons sans doute procéder à une vaccination annuelle, comme pour la grippe et en plus de la grippe. Voilà  pourquoi, l’achat et la sélection des vaccins représentent deux procédures vitales pour l’avenir, en attendant un traitement, toujours possible. Le chagrin et le deuil qui nous accablent au moment où est dépassé le nombre de 100 000 décès, suffisent à démontrer que nous ne pouvons pas nous passer des actes collectifs de prévention. Même vaccinés, nous devrons maintenir les gestes barrières.

Sans relâche.

La pandémie n’a pas fait que des morts. Dans le cas du Covid dit long, les séquelles sont inquiétantes et nuisent à la qualité de vie des personnes atteintes. Et comme la pandémie a pris une dimension planétaire, comme des variants apparaissent régulièrement, comme certains de ces variants sont plus contagieux que d’autres, l’effort de recherche d’un vaccin universel doit être poursuivi avec acharnement. On imagine sans effort un comeback national de reprise du travail et des loisirs, on sait aussi que les laboratoires pharmaceutiques ne doivent pas relâcher leurs efforts ni sur la vaccination ni sur la recherche. Nous avons été éblouis par la mise au point de vaccins efficaces, et pas seulement en Occident, il faut que nos savants trouvent encore mieux.

Ce que nous n’avons pas vu.

Quoi qu’on dise d’elle, la France n’est pas du tout la lanterne du wagon de queue. Elle se situe, par la mortalité, le nombre de cas quotidien, l’occupation de lits de réanimation dans les hôpitaux, dans une moyenne acceptable. Le gouvernement s’est souvent trompé de choix, il n’a pas seulement commis des erreurs de communication. Mais il y a des erreurs qu’il n’a pas faites, comme l’adoption de l’immunité naturelle et collective qui fut, au début de la pandémie, la faute de Trump et Johnson. Tout occupés que nous étions à épier le moindre froncement de sourcil d’Emmanuel Macron, nous n’avons pas vu que son premier geste fut de mettre la santé nationale au-dessus de l’économie. Pas vu non plus qu’il a financé généreusement l’industrie et l’emploi. Pas vu qu’il a gagné des vies humaines et préservé le minimum vital pour les plus démunis. Pas vu que certains pays comme l’Allemagne et l’Italie, qui se croyaient enfin sur la pente de l’immunisation ont constaté, elles aussi, le retour en force de la pandémie.

Le gazon du voisin est toujours plus vert que le nôtre. On peut toujours exalter la puissance invulnérable de la Chine, ce pays d’où le virus est venu, mais qui a en a le moins souffert. Ou être médusé par la reprise galopante de l’économie chinoise. À ceci près que les Chinois, eux, ne seront libérés du virus que pour rester sous le joug d’une impitoyable dictature. Tout est relatif.

RICHARD LISCIA

 

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