Une police entre deux feux

Policiers en action
(Photo AFP)

Un brigadier de 36 ans, père de famille,  Éric M., a été tué hier à Avignon pendant une opération de routine de contrôle anti-drogues. Le crime s’est produit quelques jours à peine après l’assassinat d’une fonctionnaire de police à Rambouillet.

CHAQUE ANNÉE, on dénombre 15 à 20 policiers ou gendarmes tués pendant l’exercice de leur fonction et une centaine de blessés. Les syndicats de police ne sont pas seulement mécontents, ils manifestent, ils constatent douloureusement qu’ils sont privés non seulement du respect de la population mais qu’ils deviennent des cibles faciles, comme en témoignent l’assaut contre deux voitures de police à Viry-Châtillon, les attaques au mortier d’artifice contre des commissariats et la conviction fort répandue chez les trafiquants de drogue qu’ils sont sur un territoire qui leur appartient et qu’ils ne doivent pas être dérangés pendant leur commerce. Le jeune homme tué hier ne portait pas de gilet pare-balles. Le tableau de la sécurité en France est donc catastrophique et il représente probablement le résultat d’une inadéquation entre les efforts de la police et une justice soit laxiste soit débordée.

Deux solutions.

Dans toute quadrature du cercle sociétal et selon que l’on est de droite ou de gauche, il y a deux types de solution. Il y a ceux qui préconisent de réprimer la police à cause des violences auxquelles elle se livre, comme aux États-Unis où il est question de priver la police d’une partie de son budget pour la distribuer dans les quartiers défavorisés, le fameux defund police. Et il y a ceux qui la jugent indispensable. Ces deux positionnements ne sont pas seulement le miroir des tendances fortes dans l’opinion, ils alternent dans le temps. On tue un policier et tout le monde veut immédiatement la peau de l’assassin. Des gilets jaunes sont éborgnés par des lanceurs de balles, et on veut mettre les flics en prison. La réalité républicaine, c’est qu’un pays qui se respecte a besoin de sa police. Il doit certes exiger d’elle un comportement responsable, mais elle doit « garder la paix » civile. Le droit de manifester est constitutionnel, le droit de tout casser n’existe pas et la police doit empêcher agressions et déprédations.

Une dérive populiste.

Les policiers et gendarmes de France ne sont pas seulement confrontés au trafic de drogue et au terrorisme. Ils se battent contre une dérive populiste qui est en train de faire d’eux les parias de la société. Ils ne sont pas soutenus avec une extrême vigueur par la justice ; ils sont mal payés ; ils dépriment et se suicident. Et pourtant, sans eux, nous serions plongés dans le chaos. Ils sont victimes de changements sociaux qui mettent en danger toutes les catégories professionnelles et pas seulement la police. Les juges, les médecins, les journalistes, les avocats, les patrons, les partis politiques, les syndicats de travailleurs et d’autres catégories professionnelles font l’objet de la même détestation, qui est d’autant plus dangereuse qu’elle semble plus gratifiante que le dépôt d’un bulletin de vote dans une urne.

Ils ne font plus peur.

Ça matin, sur France Info, un policier disait à juste titre :« Les flics ne font plus peur à personne ». C’est  une excellente remarque dans la mesure où, pour faire reculer la délinquance, il faut commencer par l’épouvanter. Les tirs aux mortiers de feux d’artifice sur les commissariats et la facilité avec laquelle, pour quelques sachets de cannabis, on dégaine son revolver et on abat un policier en fonction, montrent effectivement que l’on ne craint plus les policiers et aussi que leur vie ne vaut pas cher aux yeux des criminels. Il faut ici avoir la lucidité de dire que ce n’est pas une affaire de droite ou de gauche, pas un problème du gouvernement actuel mais un phénomène qui remonte à plusieurs décennies pendant lesquelles la sécurité n’a cessé de reculer. Il faut surtout que les Français expriment à haute voix leur soutien aux policiers et gendarmes, et même qu’ils les aiment parce qu’ils représentent, en ces temps troublés, une présence rassurante. Le 19 mai, une grande manifestation célèbrera la mémoire des victimes policières du banditisme. C’est l’occasion ou jamais de montrer aux criminels qu’ils ne seront jamais en sécurité nulle part tant que la police fera son travail.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Une police entre deux feux

  1. Sphynge dit :

    Un pouvoir faible a une police faible, et la France a un pouvoir faible depuis des décennies. Et un pouvoir qui excite sans cesse l’animosité et même la haine préexistantes envers la police, de tout une partie de la population hostile au pays dans lequel elle sévit et de toute une variété de hors-la-loi, ne peut s’attendre à autre chose qu’au déferlement d’actions guerrières contre ses services d’ordre et autres représentants. On ne peut pas en toutes occasions dénoncer l’esclavage, la colonisation, faire repentance de son histoire au point de vouloir la reconstruire, accuser les forces de l’ordre à la moindre prétendue « bavure », accourir auprès des délinquants à la moindre blessure par des policiers, favoriser la victimisation de toutes le minorités, bref enflammer les ennemis de la France sans s’exposer à la guérilla maintenant bien installée dans le pays. Seul un pouvoir fort pourrait y remédier, mais il n’en existe aucun parmi les prétendants actuellement capable d’accéder au pouvoir et de l’exercer de façon suffisamment durable. Alors, une évolution tragique est presque inévitable à plus ou moins long terme.

  2. Num dit :

    La France est en état de délitement avancé, quoi qu’on en pense, et l’accumulation et l’aggravation des ces faits « divers » est extrêmement préoccupante. Aucun pays d’Europe de l’Ouest ne fait face une telle situation et le gouvernement actuel en a une large part de responsabilité pour ne pas vouloir s’attaquer réellement au fond du problème qui s’accentue depuis 2017. M. Darmanin s’agite mais n’agit pas au delà d’effets de communication stériles. Quant à Emmanuel Macron, en osant parler de « violences policières«  et de « contrôles au faciès » (une première pour un président de la république), il a durablement abimé l’image des forces de l’ordre, qu’il a désespérées, et octroyé un sentiment d’immunité à leurs agresseurs qui se déchaînent. Il est plus que temps de faire bloc derrière nos policiers et gendarmes et de s’attaquer fortement et massivement cette violence pour restaurer la tranquillité publique.

  3. Laurent Liscia dit :

    Aux Etats-Unis la police est forte et elle tue les innocents à tour de bras. Une voie moyenne peut-être ?

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