Israël dans la tourmente

Netanyahu sur la corde raide
(Photo AFP)

Une tentative d’expulsion de familles palestiniennes de Jérusalem-Est a déclenché dans les territoires occupés et à Gaza ce que l’on peut considérer comme un soulèvement. Depuis Gaza, le Hamas a tiré des roquettes sur Jérusalem. Cela a entraîné des bombardements israéliens. On compte de nombreux morts et blessés.

L’ONU, le monde entier font pression sur les deux parties pour qu’elles reviennent à la raison. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, loin de chercher un cessez-le-feu, envoie ses avions tirer sur des groupes armés, mais parmi les victimes, il y a aussi des enfants. À Gaza, civils et djihadistes sont inextricablement mêlés. Il ne semble pas que, en dépit des objurgations internationales, le retour au calme soit possible dans les jours qui viennent. Le conflit n’épargne pas Israël : l’aéroport Ben Gourion a été fermé, ce qui coupe l’État juif du reste du monde.

Solitude du gouvernement israélien.

Cette crise est d’autant plus grave qu’elle se produit après quatre consultations électorales en deux ans qui n’ont pas ramené la stabilité. Pratiquement, Benjamin Netanyahu ne devrait qu’expédier les affaires courantes. La guerre lui offre la possibilité d’éloigner l’opinion de la politique, au moment précis où il doit rendre des comptes à la justice et risque de passer le pouvoir à une autre coalition parlementaire que la sienne. Le Hamas sature l’espace aérien israélien avec ses roquettes (110 en cinq minutes) de façon à déborder le système anti-missiles de Tsahal. Comme les pays arabes, notamment ceux qui se sont rapprochés de l’État juif ces derniers temps, ont unanimement condamné la répression à Jérusalem et à Gaza, la solitude du gouvernement israélien actuel est totale. Il se retrouve dans une guerre asymétrique au cœur de laquelle l’ennemi n’est nullement négligeable et demeure loin d’avoir épuisé son pouvoir de nuisance. Pire : le monde et la Cour pénale internationale (noyautée par l’islamo-gauchisme) dénoncent Israël sans contester les méthodes terroristes du Hamas qui tire sciemment sur des civils.

Trump, c’est fini.

On s’étonne donc de ce que l’État hébreu ait laissé s’envenimer le différend israélo-palestinien à Jérusalem. L’expulsion d’habitants palestiniens de Jérusalem-Est n’a aucun fondement légal. Une poignée d’Israéliens extrémistes ou religieux ont eu le champ libre, sans doute parce que la situation personnelle de M. Netanyahu devient intenable et qu’il ne peut pas se fâcher avec un ou plusieurs partis figurant dans sa coalition. Il est en train d’essuyer un grave échec car c’est son image de garant de la sécurité qui vole ainsi en éclats. Mais il aurait dû voir venir la catastrophe et donc empêcher ou mater les provocateurs de Jérusalem. Il sait en effet que ses accords avec le monde arabe sont fragiles et tous fondés sur l’hostilité à l’Iran, pas vraiment sur une convergence de vues. Il sait aussi que Joe Biden a remplacé Donald Trump à la Maison Blanche. Biden n’a pas annulé les dispositions adoptées par son prédécesseur en faveur d’Israël, comme le déménagement de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, mais il reste profondément attaché à un accord créant un État palestinien à côté d’Israël, sans doute avec des échanges de territoires.

Changer de politique.

L’occasion se présente ces jours-ci pour qu’une force centriste remplace le Likoud à la tête du pays. Il lui faut la majorité absolue (61 sièges) à la Knesset. Elle n’y parviendra pas sans le concours des dix députés arabes. Leur présence au sein d’une force gouvernementale serait aussitôt dénoncée comme une trahison. Si la crise politique est pratiquement insoluble, c’est la faute du scrutin proportionnel qui, certes, permet aux Arabes d’Israël d’être représentés au Parlement, mais qui  empêche une majorité de se dégager. In fine, le tableau général de la crise est parfaitement clair : Netanyahu est au bout du rouleau, politiquement et moralement ; la politique de conquête ou de grignotage des territoires est condamnée par le monde entier et risque de se transformer en guerre durable. N’est-ce pas une bonne raison pour y renoncer ?

Palestiniens divisés.

Il est vrai que les Israéliens se battent contre des Palestiniens divisés au point qu’ils viennent de renoncer à des élections. À la somnolence de Mahmoud Abbas, toujours président de l’Autorité palestinienne, répondent les provocations du Hamas, formation dangereuse pour Israël mais aussi pour les perspectives d’avenir de la Palestine. On a vu en Afghanistan où conduisent les négociations avec les extrémistes : les Américains voulaient se retirer du pays d’une manière contrôlée, les Talibans en ont profité pour massacre des enfants dans des écoles. Ce sont deux situations différentes, mais elles montrent toutes les deux qu’il y a dans l’absolutisme terroriste un point de non-retour qui empêche la négociation, l’espoir, l’avenir.

RICHARD LISCIA

 

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