La guerre importée

Un immeuble de Gaza en flammes
(Photo AFP)

Un conflit israélo-palestinien déclenche automatiquement des tensions entre juifs et arabes en France. On l’a vu en 2014, et après. Le gouvernement a interdit une manifestation pro-palestinienne qui devait se tenir demain et pourrait avoir lieu quand même. La défense de la cause palestinienne passe souvent par des violences inacceptables.

LES DÉCISIONS du gouvernement israélien sont illégales du point de vue international et condamnées par l’ONU. Tout esprit libre accepte et milite pour la création d’un État palestinien vivant en paix à côté d’Israël. Cette solution n’est envisagée ni par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, ni par le Hamas. La notion selon laquelle Israël dispose d’une force militaire très puissante qui ne lui donne que le choix de la générosité n’est pas applicable. Surarmé par l’Iran, qui préconise l’élimination pure et simple de l’État juif, le Hamas est en mesure d’inonder le territoire israélien de roquettes. C’est ce qu’on appelle une guerre asymétrique : le nombre de morts et de blessés n’a rien à voir à l’affaire. Une insécurité totale règne aujourd’hui en Israël, dont on peut attribuer partiellement la responsabilité aux dirigeants du pays, mais elle est créée par le Hamas.

Le soutien au terrorisme.

Dans ces conditions, une manifestation pro-palestinienne en France est en réalité une manifestation pro-Hamas, organisation terroriste. La population arabe-musulmane de France atteint douze à quinze fois le nombre de Français juifs, inférieur à 500 000 et qui, à ce jour, n’ont pas réagi collectivement aux événements du Proche-Orient. La décision du gouvernement d’interdire la manifestation ne représente donc pas, comme on s’est empressé de le dire à gauche, une atteinte à la liberté d’expression. Celle-ci n’est pas permise par les textes en France quand elle s’attaque à celle des autres groupes. On aura d’ailleurs remarqué que l’Autorité palestinienne (AP), celle que dirige Mahmoud Abbas en Cisjordanie, ne s’est pas associée à l’agitation du Hamas. Il faut se souvenir qu’un projet d’élections palestiniennes qui devaient avoir lieu ces jours-ci a été reporté sine die parce que l’accord entre le Hamas et l’AP n’a pas été conclu. Les Palestiniens ont parfaitement le droit de se dresser contre la lente usure du territoire qu’ils ont pour objectif de transformer en État. Ils n’ont pas celui de plonger Israël dans le chaos. Et ils ne peuvent espérer aucune avancée s’ils ne commencent pas par s’unir.

Le jeu pervers de l’Iran.

Le sort d’Israël est inséparable d’un tableau général où l’Iran joue un jeu pervers et dangereux, en refusant de réintégrer l’accord nucléaire, en armant jusqu’aux dents le Hamas au sud et le Hezbollah au nord, deux menaces capables de prendre Israël en étau, sans compter celle d’une arme atomique dotée d’un vecteur et qui pourrait vitrifier Israël. On ne peut pas, en conscience, ne pas soutenir le droit des Palestiniens à  vivre librement dans un État aux frontières définies. On ne peut pas, en conscience, envisager une solution qui, pour satisfaire les Palestiniens, détruirait Israël. D’autant que la violence du Hamas l’emporterait largement sur la gestion pour le moment débonnaire, mais hélas fort inefficace, de l’AP. Les conséquences d’une « explication » militaire entre juifs et arabes seraient tellement graves en termes humains et géopolitiques que le statu quo apparaîtrait comme un moindre mal.

Biden doit intervenir.

Comme on le sait, cette crise, comme les précédentes, n’est pas limitée au mouchoir de poche qui représente le territoire d’Israël. Elle répand sa furie en Europe et ailleurs, partout où les manifestations sont permises et où la haine des juifs s’exprime sans nuances. Il semble bien que la diplomatie américaine ait été surprise par ce coup de tonnerre. Mais il appartient à Joe Biden d’intervenir à chaud et de commencer à dicter à Netanyahu ses premières consignes. Il y a eu en deux ans quatre élections générales, et il n’y a toujours pas de gouvernement israélien, de sorte qu’à l’apathie de l’AP répond l’incapacité législative d’Israël, démocratie immobilisée par un scrutin anachronique, la proportionnelle intégrale, celle que propose François Bayrou en France. Ou bien le Premier ministre israélien quitte ses fonctions et est remplacé par un autre chef de gouvernement qui tienne compte de l’énorme tension qui règne dans la région, de manière à faire de l’apaisement sa priorité. Ou bien, c’est Netanyahu qui change et change de soutiens à la Knesset pour commencer à faire des propositions de paix aux Palestiniens.

RICHARD LISCIA

 

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3 réponses à La guerre importée

  1. Laurent Liscia dit :

    Quand la bêtise du Hamas se conjugue avec celle de Netanyahu … Alors que les pays arabes souhaitent la paix pour se concentrer sur leur vrai ennemi : l’Iran. Une occasion en or pour une solution durable au conflit israélo-palestinien. Au lieu de quoi … Quant aux manifs en France, elles ne feront que révéler le fond d’antisémitisme sous prétexte d’antisionisme. Franchement, on peut faire mieux que la houlette Hamas!
    Quant à Biden, il sera forcé d’intervenir. C’est déjà le cas en coulisse.

  2. Alan dit :

    « Dans ces conditions, une manifestation pro-palestinienne en France est en réalité une manifestation pro-Hamas, organisation terroriste. »
    Bien sûr, mais beaucoup semblent l’oublier. Et puis, les terroristes en Europe c’est inacceptable, n’est-ce pas, mais là-bas…

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