La panne de l’année

Stéphane Richard
(Photo AFP)

Les numéros d’appel aux services d’urgence et de secours (15,17,18 et autres) sont tombés en panne pendant près de 24 heures, ce qui a compliqué la tâche des urgentistes. Quatre ou cinq cas suspects de décès dûs au retard de l’aide réclamée font l’objet d’enquêtes.

LE GOUVERNEMENT a réagi sévèrement à cette panne totalement inédite et le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui se trouvait en visite officielle en Tunisie avec le Premier ministre, Jean Castex, a été contraint de rentrer prématurément à Paris. Théoriquement, la responsabilité de l’État n’est pas engagée puisque Orange est une société complètement privée, mais le sentiment qu’un service essentiel garanti par l’État n’a pas fonctionné pendant 24 heures a choqué la population tout autant que nos dirigeants qui n’avaient sûrement pas besoin de cet accident industriel.

Un florilège de conseils.

Le P-DG d’Orange, Stéphane Richard, a présenté ses excuses aux Français et s’est hâté de prendre des mesures visant au retour à la normale. Les commentaires de presse sont vifs et parfois cruels, avec un florilège de mesures qui auraient dû être adoptées mais ne le sont pas, comme la création d ‘un numéro unique qui mettrait fin au système actuel, un fouillis de numéros qui conduit nécessairement à l’erreur. D’autres suggèrent le doublement des lignes, ce qui permettrait d’empêcher une panne aussi brutale et longue. L’incident en lui-même, et bien qu’il y ait eu des décès, n’est sans doute pas la pire catastrophe qui risque de se produire, par exemple, une coupure d’électricité intempestive, comme celles qui se sont produites aux États-Unis, ou une panne ferroviaire généralisée. Si se produisent de tels incidents, tout le pays serait victime d’un progrès dont les fonctionnalités ne seraient pas suffisamment encadrées.

L’apport fabuleux du progrès.

Mais il est temps pour nous tous de nous réconcilier avec les aléas que ne cessent de nourrir les avancées scientifiques. Nous  disposons de moyens modernes dont n’évaluons pas assez le fabuleux apport : contacts immédiats avec qui vous voulez dans le monde, voyages transatlantiques en quelques heures, confort du foyer, frais l’été et chaud l’hiver, communication certes hypertrophiée mais instantanée. Nous avons le droit de nous référer au monde d’avant, à des loisirs plus bucoliques et plus paisibles, mais ne prétendons que nous pouvons nous passer des instruments contemporains de la communication et de la liberté d’expression. Vous ne liriez pas ces lignes si les ondes ne les portaient jusqu’à votre regard. C’est seulement un exemple de ce que vous pouvez faire si vous êtes assis devant votre ordinateur.

La science n’est pas perverse.

On aura tôt fait de politiser la panne de l’année et de situer les responsabilités sans doute là où elles ne le sont pas. Il y aura toujours un débat sur le verre à moitié plein et à moitié vide. Je suis, pour ma part, le premier à reconnaître que, en dépit de nos acquis technologiques, l’époque ne me convient guère et que j’aurais préféré naître un siècle plus tôt, avant la voiture, avant l’avion, avant le téléphone, avant l’ordinateur. On peut toujours rêver de la période romantique du dix-neuvième siècle, mais, en même temps, on ne peut pas échapper à celle-ci. C’est maintenant que les débats sont engagés, maintenant que nous sommes placés, par la force des choses, entre le meilleur et le pire et que, au fond, les progrès scientifiques ne sont pas porteurs de maux. C’est l’humanité qui les a détournés de leur vocation économique et pacifique.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à La panne de l’année

  1. Dr. WENZEL dit :

    Avec tout le respect que je vous porte, si vous étiez né un siècle plus tôt vous ne seriez probablement plus là pour nous parler.
    Au niveau santé et sécurité, ce n’était quand-même pas le top…
    A chaque époque ses avantages et ses inconvénients !

    Réponse
    Santé ? Sécurité ? Je crois que vous ne pouvez pas répondre à ces questions en deux lignes.
    R. L.

  2. tapas92 dit :

    Un tiers de la population sans numéro d’urgence pendant plusieurs heures (dizaine d’heures ?) et à la clé, en fouillant bien, 4 décès dont on n’est pas sûr du lien avec la panne ? Avec tout le respect et la compassion qui se doit pour ces morts et leurs proches, à quoi servent les numéros d’urgence s’ils ne sauvent « que » 4 personnes par 24 heures sur 1/3 de la population française (y compris DOM TOM puisqu’il semblerait que 2 décès soient sur l’ile de la Réunion) ? Je provoque bien sûr. Mais une vraie réflexion sur ces numéros s’imposent (je n’ai pas d’avis ni d’intérêt sur le débat Pompiers/ SAMU sur le 112)

  3. marie josephe jo dzula dit :

    Mes premiers remplacements : pas de SMUR, un hématome intra cérébral, une décompensation cardiaque évacués par une ambulance !
    On a confié nos vies à des systémes que nous ne maîtrisons pas et il faut malheureusement accepter ce risque. Je ne pense pas qu’on puisse tout éviter dans une vie.

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