Mélenchon complotiste

Jean-Luc Mélenchon
(Photo AFP)

Chef de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon a prononcé pendant le week end des propos que ne désavouerait pas le plus agité des complotistes : il affirme que nous allons assister à des attentats meurtriers à la veille de chaque échéance électorale, car, explique-t-il, de nombreux faits précédents l’ont démontré, notamment les crimes ignobles de Mohamed Merah qui ont été commis avant une élection présidentielle.

SI M. MÉLENCHON voulait attirer l’attention, il a été servi. Ses propos sont fâcheux à plus d’un titre : ils signifient que le terrorisme est au service d’un parti politique (lequel ?), il relativise l’intention des djihadistes, qui ne serait pas de déstabiliser la société française mais d’empêcher la gauche de gagner, et il se moque des victimes. Le tollé qui a suivi son discours a incité une de ses lieutenantes, Clémentine Autain, à le défendre. Il ne visait que l’extrême droite, dit-elle,  ce qui serait déjà très excessif car on ne décèle aucune relation entre celle-ci et les terroristes islamistes, et tout ce qu’il aurait dit ne consisterait qu’à établir une chronologie des coïncidences entre attentats et élections.

Fausses révélations.

De cette manière, Mme Autain sombre dans une analyse qui a pour effet flagrant de minimiser la gravité des attentats et la souffrance des familles. Nous savions déjà que la campagne électorale a commencé, nous n’avons pas imaginé qu’elle ferait émerger une série de discours irresponsables. Créer une relation de cause à effet entre actes terroristes et résultats électoraux revient à mettre en scène d’horribles officines du cynisme qui auraient l’oreille des djihadistes, alors que ceux-ci récusent toute complicité avec quelque parti ou mouvement ou organisation que ce soit. Le pire, dans ce genre d’accusation annoncée à la cantonade, c’est qu’elle est impossible à prouver. Il demeure que M. Mélenchon a cédé à la tentation de « révéler » des faits fort improbables, mais suffisants pour jeter le trouble dans l’esprit des électeurs.

Un label diffamatoire.

Sans doute son comportement est-il dicté par la panique : il ne peut absolument pas démontrer ce qu’il avance, mais il sait déjà avec certitude qu’il n’a pas la moindre chance de franchir le cap du premier tour de l’élection présidentielle. Il essaie donc de renverser un courant irrésistible en plaquant sur tous les non-insoumis et pas seulement sur l’extrême droite un label diffamatoire. C’est sa manière de riposter aux accusations d’islamo-gauchisme dont son parti et la gauche en général font l’objet. Il serait d’autant moins pro-islamiste qu’il considère les terroristes islamiques comme des ennemis au service d’autres partis que le sien. Tout cela est d’une gravité insigne et mérite, plus que l’indignation, l’action en justice. Les victimes du terrorisme n’ont pas fini de payer le crime après le sang versé : M. Mélenchon, et d’autres avec lui, laisse planer le doute sur les raisons pour lesquelles elles ont été tuées. C’est une double peine, avec en outre une confusion des valeurs plus qu’inquiétante : on dit partout qu’il faut se souvenir des crimes et génocides qui ont été commis, mais on passe son temps, ici et là, à en faire un propos d’estrade, comme s’ils pouvaient avoir une utilité quelconque pour qui que ce soit.

La volonté de mentir.

Fort du soutien de Mme Autain, M. Mélenchon est sans doute prêt à récidiver. Parlant de la crise sociale, il a déclaré également que 1 000 sociétés étaient en voie de liquidation. Ce matin, France Info est allé vérifier le chiffre et n’en a trouvé que 281. Le chef de LFI s’est contenté d’arrondir aux trois quarts supérieurs. Ainsi vont la vie politique et les mensonges qu’elle charrie. M. Mélenchon est un homme politique averti, cultivé, parfois animé par la colère, mais connaissant fort bien ses dossiers. S’il s’aventure dans des discours mal étayés par les faits, c’est qu’il le veut. L’amalgame entre terrorisme et extrême droite n’est rien d’autre qu’un flambeau pour rameuter ses troupes. Du coup, il tombe dans le piège qu’il n’a cessé d’éviter : celui de la confusion entre extrémistes de tout bord. Une chatte n’y trouverait pas ses petits.

RICHARD LISCIA 

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à Mélenchon complotiste

  1. Num dit :

    Le seul, réel et principal danger pour la démocratie en France, c’est l’extrême-gauche : Mélenchon et ses appels à la subversion voire au coup d’Etat, les antifas et leurs violences répétées, l’UNEF et leur islamo-gauchisme, etc. A quand un front « républicain » pour faire barrage à LFi et alliés ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.