Pécresse candidate

Valérie Pécresse
(Photo AFP)

Valérie Pécresse, présidente réélue de la région Île-de-France, a annoncé hier sa candidature à la présidence de la République.

LA SURPRISE vient moins du projet de Mme Pécresse que du timing de sa décision que l’on n’attendait pas avant la fin du mois d’août. Cela s’explique par le fait que Xavier Bertrand, lui aussi président réélu des Hauts-de-France, a pu faire campagne pendant quelques semaines seul au nom de la droite ; il était temps, pour l’ancienne ministre de Jacques Chirac, d’annoncer son intention, ne fût-ce que pour trouver dans les sondages d’opinion une cote améliorée de popularité. Les propos prononcés par Mme Pécresse à l’occasion de sa décision n’ont été ni flamboyants ni provocateurs, et ce qui pouvait passer pour une forme de modestie a été perçu comme un remarquable contrôle de soi, un peu comme si sa candidature était dans l’ordre des choses.

Deux candidats qui se ressemblent.

On ne peut que se réjouir de l’arrivée de Valérie Pécresse sur le ring, car on la considère comme une  démocrate. Elle a en outre montré son indépendance quand elle a quitté les Républicains pour fonder son mouvement, Libres ! C’est le destin de LR de n’avoir décidément que des candidats qui ne sont pas des adhérents. Mme Pécresse est vraisemblablement disposée à participer à une primaire et, dans cette intention, elle réintégrerait LR. Ce n’est pas le cas de Xavier Bertrand qui entend poursuivre sa campagne en dehors de toute influence partisane. À quelques nuances près, les programmes des deux candidats seront très proches, au point que le grand public aura beaucoup de mal à les distinguer. Tous deux ont durci récemment leurs positions sur la sécurité et l’immigration, sans doute pour montrer qu’ils n’ont rien à voir avec la majorité présidentielle. Mais, pour tout ce qui concerne les dossiers régaliens, les différences ne sont que des nuances. Macron n’est pas moins démocrate que Mme Pécrese ou M. Bertrand.

Trois femmes, c’est magique !

Lesquels auront donc beaucoup de mal à démontrer qu’ils sont d’abord distincts l’un de l’autre et qu’ils appartiennent à l’opposition, ce qui les contraint déjà, même s’ils n’en ont pas envie, à critiquer l’action gouvernementale avec la vigueur de la droite de LR. Cela veut dire, s’agissant de M. Bertrand, que, s’il est dangereusement indépendant, il faut bien qu’il soit élu par des millions de citoyens, qu’il trouvera d’abord dans le parti qu’il a quitté. Il en va de même pour Mme Pécresse, qui fera plus vite allégeance à LR que M. Bertrand. Il ne faut pas considérer la candidature de Valérie Pécresse comme un simple épisode de l’histoire politique française. En effet, c’est une élection présidentielle où l’on retrouverait trois femmes,  candidates crédibles, Anne Hidalgo, Valérie Pécresse et Marine Le Pen ; c’est aussi une élection où les candidats vont en découdre à propos du choix de l’électorat, démocrate et républicain d’un côté, extrémiste de l’autre ; c’est donc une élection qui ne permettra pas à Jean-Luc Mélenchon de franchir le premier tour et embarrassera Mme Le Pen, incapable de sortir de son ghetto.

Quel programme ?

Le rôle de la droite classique sera essentiel en 2022. Parce que LR a fait une remontada lors des élections intermédiaires ; parce qu’il a bien tenu ses bastions locaux ; parce qu’il a des candidats crédibles dont le niveau n’est pas inférieur à celui d’Emmanuel Macron. En revanche, le parti, pour le moment, n’a le choix qu’entre deux candidats indépendants. Et il n’a pas vraiment de programme, en ce sens que les différences d’approche des grandes réformes qu’il prétend avoir avec la République en marche sont mineures. Il ne peut s’imposer que par la surenchère, comme le font, un peu forcés, Mme Pécresse et M. Bertrand. S’il y a des partis extrémistes forts, c’est justement parce qu’ils proposent une révolution institutionnelle. LR, pour sa part, n’est même pas en mesure, sauf avec une bonne dose de mauvaise foi, de dire que Macron n’a rien fait et qu’il n’est pas réformiste. Quand on respecte la Constitution, il faut énormément de temps pour faire bouger la société.

Nous aurons un débat de qualité si l’extrême droite et l’extrême gauche ne pourrissent pas les débats. La meilleure carte du président sortant, dont l’affaiblissement soulève tant d’ambitions, c’est que ses adversaires auront nécessairement des programmes qui ressembleront au sien et que les changements qu’ils annonceront seront en réalité une forme de continuité.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Pécresse candidate

  1. Sphynge dit :

    Mais, un débat entre Mme Pécresse, M. Macron et M. Bertrand sera-t-il vraiment un débat ? Il s’agit, à très peu de choses près, d’un seul projet politique, même si la première et le dernier feignent d’aborder les problèmes actuels les plus préoccupant de la majorité des électeurs (problèmes régaliens et en prioritairement immigration, sécurité, identité). Ces derniers s’abstenant peut-être justement faute de voir depuis des décennies leurs vœux pris en considération, voire trompés comme le fit M. Sarkozy. Il est douteux qu’ils fassent demain une politique très différente de celles qu’ils ont menée lorsqu’ils étaient aux affaires. De quoi augmenter encore, si possible, l’abstention. Et, in fine, le risque Hidalgo !

  2. PERNOT François dit :

    La politique issue de la droite classique peut-être très différente de celle d’Emmanuel Macron notamment sur l’immigration, la réforme des retraites (c’est plutôt Emmanuel Macron qui s’est inspiré d’elle que l’inverse en cours de mandat) et la sécurité ; je ne trouve pas que ce soit des idées mineures ou à la marge ; bien au contraire ; et peut-être le plus important de tout : un programme clair et beaucoup de courage politique ; je n’insinue pas par là qu’Emmanuel Macron manque de courage ; on ne fait pas un parcours comme le sien en en manquant; je préfèrerais quant à moi que le droite perde sur un programme visant vraiment à remettre notre pays debout qu’elle gagne dans la mollesse des propositions ; on attendra alors cinq ans de plus avant que les choses deviennent vraiment évidentes ! Valérie Pécresse a bien fait de présenter sa candidature maintenant car il va se passer quelques mois pendant lesquels des propositions intéressantes peuvent être faites et on va voir comment elles intéressent nos concitoyens ; je pense que la campagne va être passionnante entre des personnalités qui tiennent la route.

  3. Laurent Liscia dit :

    Si la qualité des candidat(e)s au « centre » (droite et gauche) s’accroit, ni l’extrême-droite ni l’extrême-gauche ne pourront pourrir le débat. Applaudissons donc la candidature de Mme Pécresse. Et espérons qu’elle propose un vrai programme.

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