La riposte par le passe

Le rôle essentiel de Larcher
(Photo AFP)

Le passe sanitaire a été adopté dans la nuit par le Parlement, ce qui peut être considéré comme la réponse de l’État aux divers mouvements qui s’opposent à cette mesure au nom des « libertés ».

L’EFFET d’un certain nombre de décisions a été atténué par les sénateurs, par exemple le licenciement pur et simple des salariés qui refusent d’être vaccinés. Leurs revenus seront seulement « suspendus », ce qui leur permettra de réfléchir. La présentation du passe sur les terrasses des cafés et restaurants ne sera pas non plus appliquée. Ces aménagements n’empêchent pas le passe de devenir un complément utile à la vaccination afin de mieux assurer la protection des vaccinés.

Vaccinations et contaminations en hausse.

Nous sommes en effet dans une période marquée par deux évolutions contradictoires : d’un côté, le discours prononcé par le président Macron le 12 juillet dernier a déclenché une vague de vaccinations sans précédent, dont la force ne s’est pas démentie à ce jour ; de l’autre, le variant D fait des ravages, avec près de 20 000 contaminations par jour, ce qui se traduira forcément, dans moins de deux semaines et encore en pleines vacances estivales, par un engorgement des hôpitaux. Le passe sanitaire n’a pour intérêt que de contribuer aux mesures de prévention de la contamination : on a constaté qu’au moins 4 % de la population contaminée avait été vaccinée. Il disparaîtra donc quand nous aurons atteint l’immunité collective, objectif envisageable pour la fin de l’année.

Un fiasco évité.

La politique et la proche perspective de l’élection présidentielle risquaient de conduire le Parlement à un fiasco. La non-adoption du passe aurait été perçue comme un triomphe par ceux, ultra minoritaires mais tonitruants, qui continuent à lui être hostiles. C’est un bras-de-fer entre eux et le gouvernement et l’on doit se féliciter de ce que le Sénat et l’Assemblée aient trouvé un compromis  d’autant plus salutaire que les dispositions adoptées en première lecture à l’Assemblée étaient trop rigoureuses. Le débat politique s’est déroulé dans les couloirs du palais du Luxembourg (Sénat), avec, en toile de fond, la volonté de la droite de s’opposer au texte initial tel qu’il avait été adopté par la majorité présidentielle, mais de ne « couler » en aucun cas le passe sanitaire. Le président LR du Sénat, Gérard Larcher, à la fois fin connaisseur des questions de santé et des négociations parlementaires, a joué, de ce point de vue, un rôle essentiel. Il a réussi à démontrer l’utilité de la Chambre haute (souvent contestée) et aidé le gouvernement tout en lui tenant la dragée haute.

Question de discipline.

Ces « politicailleries » décrivent les grandeurs et bassesses de la démocratie parlementaire. Elles n’ont, au final, qu’un rapport lointain avec l’enjeu du débat : le mouvement contre la vaccination, parfaitement contemporain parce qu’il est parfaitement illogique, se voulait capable d’affaiblir les institutions et donc le régime. Il n’y sera pas parvenu, même si, comme c’est probable, il continue à manifester tous les samedis, comme il l’a fait avant-hier, avec des rangs grossis et une violence démesurée. Il était urgent d’adopter le passe sanitaire, car la quatrième vague a quelque chose de plus effrayant que les trois précédentes, mais aussi parce qu’il fallait démontrer à des foules capricieuses que la meilleure expression de la liberté, c’est encore la discipline individuelle.

Nous vivons une période où, de toute évidence, nos concitoyens aspirent à ignorer et à bafouer les contraintes sociales, pourtant seules capables d’assurer la cohésion de notre société. Le message des pouvoirs publics est resté centré sur l’immunité collective, jamais évoquée par les manifestants. Et pourtant, la pandémie n’offre qu’une leçon : dès lors qu’elle nous touche tous, c’est ensemble que nous la vaincrons. Il appartient maintenant au Conseil constitutionnel d’avaliser ou non le projet de loi.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à La riposte par le passe

  1. Laurent Liscia dit :

    L’imcompréhension totale du concept de liberté, qui n’est pas une notion individuelle mais solidaire, est hallucinante. La crise morale a commencé sous Trump, à droite comme à gauche (un oecuménisme révélateur du populisme), et elle se propage en Occident, à la faveur de la pandémie ?

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