Macron le Marseillais

Macron et Mélenchon hier
(Photo AFP)

Emmanuel Macron est, depuis hier et jusqu’à demain, à Marseille, où il souhaite redorer son blason sécuritaire. C’est la visite la plus longue qu’il aura faite en province. Mais la tâche est assez dure pour qu’il y retourne peut-être avant la fin de son mandat.

LE CHEF DE L’ÉTAT a eu en cinq ans trois ministres de l’Intérieur : Christophe Castaner, transfuge du PS, qui n’était pas toujours à l’aise dans le rôle du père Fouettard ; Gérard Collomb, pourtant l’un des premiers soutiens à la candidature de Macron, qui a fait place Beauvau un séjour-éclair ; et Gérald Darmanin, ancien allié de Sarkozy, qui avait l’ambition profonde d’occuper ce poste sujet à polémiques et ne souhaite pas le quitter. Il a beaucoup contribué à « droitiser » l’image du président de la République. On peut dire que, avec Darmanin, l’ordre a été instauré de haute lutte contre les gilets jaunes et probablement contre les antivax. C’est donc un Macron à poigne qu’a forgé l’actuel ministre de l’Intérieur, qui s’est entouré de policiers sévères et s’efforce de protéger toute la corporation.

Un Gaudin nonchalant.

Le problème de Marseille est indubitablement celui de la sécurité, qui a été traitée avec nonchalance par l’ancien maire, Jean-Claude Gaudin : il semblait préférer la position confortable du pouvoir à son délicat exercice et a laissé la deuxième ville de France sombrer dans la délinquance, le crime et la vétusté. M. Macron n’ignore pas qu’il faut donner des chances à la jeunesse où qu’elle soit, avant de la réprimer. Cela coûte infiniment moins cher de rétablir l’ordre que d’éduquer des adolescents saturés de misère et livrés au trafic de drogue et de faire d’eux des citoyens exemplaires. La drogue répand en France en général et dans les quartiers Nord de Marseille en particulier une violence inouïe où des jeunes assassinent des jeunes pour une part de marché. M. Darmanin, par vocation, est plus à l’aise dans la répression que dans l’édification de cités plus humaines, mais le président de la République sait que ce qui doit être fait à court terme (éteindre l’incendie) doit être complété par un travail de plus long terme, celui de la formation à des métiers qualifiés et de l’édification de logements plus humains.

Un consensus.

Comme d’habitude, c’est l’écartèlement entre le yin et le yang. La droite réclame des moyens pour en finir avec la délinquance et le crime, la gauche exige des investissements dans la construction et l’éducation. Elles ont raison toutes les deux, chacune ayant tort au sujet de ce qu’elle n’évoque pas. Il faut un plan qui concilie les deux exigences et dont la durée dépassera sûrement l’actuel mandat de M. Macron et le suivant. Cependant, contrairement à la réforme des retraites, qui est un tonneau de dynamite, le consensus est large au sujet de ce qu’il faut faire dans les cités les plus pauvres. Le président peut écouter les édiles, il peut leur donner raison à tous, il peut annoncer de magnifiques projets ; mais le passage de la misère à la prospérité, du crime à l’innocence, des inégalités à un peu de justice sociale prendra des années, pour autant que les promesses soient suives d’effet, ce qui, on le sait, est rarement le cas.

Un projet contre le désespoir.

Il n’est pas du tout négatif, toutefois, qu’Emmanuel Macron rencontre des gens, comme Jean-Luc Mélenchon, dont il ne doute pas de la sincérité sociale. Il est utile, pour ses propres projets que, de temps en temps, il écoute la gauche et même l’extrême gauche. Il est indispensable qu’il mette enfin sur les rails, et sans préjuger du résultat de l’élection présidentielle de 2022, un bon projet contre le désespoir. Les temps ne sont pas trop durs pour l’exécutif qui a remporté une victoire contre le Covid et renforcé ainsi sa popularité. Mais il faut qu’il montre aujourd’hui qu’il est prêt à aider ceux qui ne votent pas pour lui et lui ont refusé toute compétence jusqu’à présent, uniquement parce qu’il ne sait pas s’adresser au dénuement avec toute l’humilité requise. Personne ne lui demande de se faire vermisseau, mais il ne perdra jamais rien à exprimer un peu de compassion pour ceux de ses concitoyens qui sont les plus mal lotis et restent un danger pour l’ensemble de la société nationale.

RICHARD LISCIA

 

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