Macron dans la mêlée

Macron s’appuie sur les institutions
(Photo AFP)

Le rythme de la campagne électorale ne fait qu’accélérer avec les discours et engagements du président de la République qui entend ne rien lâcher aux oppositions et tente frénétiquement d’améliorer son bilan avant l’élection présidentielle d’avril prochain.

EMMANUEL Macron a annoncé hier un plan pour embaucher davantage de policiers (« Je veux voir plus de bleu dans la rue », a-t-il dit), la création d’un centre de formation, la mise en ordre des conditions d’interventions des forces de l’ordre de manière à ce que les manifestants ne soit pas brutalisés.

Si les syndicats de police ne négligent pas ces avancées, elles sont accueillies par le scepticisme des oppositions qui les attribuent aux seuls intérêts électoraux du président. Non seulement les méthodes pour rendre les villes plus sûres ne sont pas nouvelles, non seulement M. Macron ne serait pas sincère, mais il avait tout le loisir de réformer la police bien plus en amont pendant le cours de son mandat.

Zemmour, l’homme qui monte.

Cette façon de jeter aux orties tout ce que propose le chef de l’État ne sera pas jugée positivement par l’opinion publique : le président de la Réplique n’a pas inventé l’insécurité en France. Il a le droit de participer à la campagne. Et il a même le droit d’annoncer des changements, d’ailleurs acceptables dans un pays où Anne Hidalgo a proposé de doubler les salaires des enseignants au mépris du coût d’une telle mesure, quelque 150 milliards d’euros. Une paille.

Elle a néanmoins reconnu qu’elle était allée trop vite en besogne et que ses « experts » allaient se pencher sur cet épineux dossier. Après l’effet de l’annonce, les conséquences. Mais peu importe : tout le monde sait que cette campagne va être sanglante et que  les appels au calme et à la raison n’y feront rien. Pendant ce temps, Éric Zemmour est la petite bête qui monte, qui monte. Un sondage le donne à dix pour cent. Énorme pour un homme qui déboule comme un chien dans un jeu de quilles, pas seulement pour le score, mais pour l’importance de l’électorat qu’il a su réunir.

Le duo fatal du second tour.

Zemmour ne sera sans doute pas élu, mais il a déjà le pouvoir de changer la hiérarchie des candidats. Et avec lui, une chose est sûre, il prive Marine Le Pen de la première place au premier tour, au profit d’Emmanuel Macron, selon une flopée de sondages sortis hier et au début de la semaine. Il l’affaiblit, il renforce Macron qui gagne au second tour, mais toujours contre Marine Le Pen.

On pourrait dire que, dans ces conditions, la fièvre électorale devrait retomber ou que certains candidats pourraient rentrer chez eux et chercher un autre métier. Heureusement, les sondages se sont trompés assez souvent pour qu’on n’en fasse pas les arbitres de l’élection présidentielle et des élections législatives. En outre, il peut se produire,  d’ici avril, des événements inimaginables aujourd’hui. Macron le sait et c’est pourquoi, loin de crier victoire prématurément, il ne cède rien ni sur son bilan, ni sur son image de réformiste qui a tenu parole, ni sur l’audace qui consiste à prévoir des actions étalées sur deux mandats, l’actuel et le prochain qui lui reviendrait sans difficultés. Sa position favorable l’encourage seulement à se battre avec encore plus de vigueur.

Institutions immuables.

Le président est décrié comme aucun de ses prédécesseurs ne l’a été avant lui. Mais de ce point de vue, il n’est victime que d’un usage croissant des réseaux sociaux et de colères dont on a vite fait, dans les milieux politiques, de donner un explication alambiquée. Dans une société qui glorifie l’individu, le seul moyen de se hisser au-dessus de l’incarnation de l’autorité, c’est d’en dire du mal. Le président, pour sa part, court le risque de perdre, comme n’importe quel candidat. Il a néanmoins démontré qu’au-delà du fracas des manifestations, il pouvait forcer l’histoire à ne pas dérailler. La démagogie ou le populisme sont une maladie mondiale par laquelle la France est contaminée. La résistance du président a exacerbé les indignations, les rancœurs, les haines. Il oppose à ce déferlement chaotique d’émotions la carapace que sont les institutions. Il est difficile, peut-être impossible, de les faire vaciller.

RICHARD LISCIA

PS-Pas de blog demain. Je vous retrouve vendredi.

 

 

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4 réponses à Macron dans la mêlée

  1. Dominique S dit :

    Au delà des appartenances politiques, au delà des propositions concrètes des candidats potentiels, on a tous nos bonnes et nos mauvaises têtes. Pour moi, Macron est dans la première catégorie, et Hidalgo dans la seconde. Ce n’est pas forcément rationnel, mais tout ce qu’elle dit et tout ce qu’elle fait, augmentent mon ressentiment négatif à son égard. Beaucoup de gens rejettent Macron pour les mêmes raisons. Le résultat des élections dépendra donc principalement de l’image de nos candidats. Et heureusement pour le suspense, cette image peut évoluer.

    • Laurent Liscia dit :

      Je partage cette opinion, aussi irrationnelle qu’elle soit ;-). Cela dit, il y aura aussi un vrai bilan Macron : l’économie repart de plus belle, les réformes importantes ont été entamées, le pouvoir n’a pas trop mal géré la pandémie. De son côté, Mme Hidalgo tient des propos qui n’inspirent guère confiance.

      • Dominique S dit :

        Merci pour votre soutien. Je vais vous dire pourquoi je ne supporte pas Anne Hidalgo. J’habite la banlieue est et j’ai passé mon permis de conduire en 1970. Depuis cette époque, la traversée de Paris par les quais rive droite a toujours été pour moi un vrai régal. Mais cette superbe promenade est maintenant à classer au rang des souvenirs!

  2. mathieu dit :

    « Il est – peut-être – impossible de faire vaciller les institutions »… Il m’est pourtant souvenir qu’ici même, on a bien craint quant à leur résistance et leur solidité en décembre 2018, au pic de la crise des gilets jaunes, ou « Révolution u samedi »!

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