La pêche et les élections

Christophe Castaner
(Photo AFP)

La crise franco-britannique n’est pas terminée : les deux parties sont convenues qu’elles avaient besoin de temps et des négociations auront lieu en début de semaine prochaine.

L’ULTIMATUM lancé par la France au gouvernement de Boris Johnson a sans doute porté ses fruits. Les Français estiment que Londres ne respecte pas l’accord sur la pêche et que le compte des licences accordées aux pêcheurs français n’y est pas. La crise se complique avec les arriérés que le Royaume-Uni doit à la France pour la surveillance des migrations du côté de la Manche. Le Premier ministre britannique ne peut calmer le jeu qu’en prenant des décisions favorables au point de vue français mais de telle manière qu’il ne donne pas l’impression de se désister. La France non plus ne peut pas reculer : déjà, la campagne électorale s’est engouffrée dans le dossier.

Castaner égratigne Barnier.

En effet Christophe Castaner, chef de la majorité présidentielle à l’Assemblée, vient de déclarer que si les Anglais se livrent à de tels atermoiements, c’est parce que la question de la pêche a été mal traitée dans les accords du Brexit. Ce qui signifie que Michel Barnier aurait négligé le sujet, une pierre dans le jardin d’un des candidats à l’investiture LR. De son côté, Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France et candidat favori de LR à la présidence de la République dénonce l’apathie du gouvernement français, qui serait trop conciliant avec l’adversaire anglais. À la place des négociateurs français, M. Bertrand affirme qu’il mettrait fin à l’accord sur la pêche et fermerait les frontières avec la Grande-Bretagne.

Johnson ne dira jamais la vérité.

On est donc dans une période de surenchère, peu propice à un accord équilibré. Toute l’affaire tourne en réalité autour de peu de choses, ce qui est significatif de la procrastination britannique : la France ne réclame pas plus que 200 licences pour les pêcheurs français, ce qui, de toute évidence, ne risque pas de gêner l’économie et l’emploi au Royaume-Uni. M. Johnson n’est prisonnier que de sa manière de faire de la politique : il faut qu’il ait raison en toute circonstance et il lui est facile de désigner la France comme bouc émissaire et laisser les tabloïds britanniques poursuivre leur œuvre anti-française.De toute façon, il ne dira jamais la vérité à ses concitoyens. Il ne leur dira pas que, sur la pêche, les Français ont raison. Et il prétendra jusqu’au bout que le Brexit est et reste la meilleure des choses, même si, de toute évidence, il va être obligé d’accorder les licences manquantes en disant qu’elles sont temporaires, qu’il faudra les renouveler au bout d’un an et qu’on verra alors.

Ce qui est à nous est à nous.

C’est la nouvelle diplomatie, calquée sur celle des pays autoritaires et sur le populisme de Donald Trump. On n’est jamais sincère, on met en avant les apparences plutôt que le fond du sujet et on ne négocie que sur la base de ce qui est à nous est à nous et de ce qui est à vous est négociable. Il ne faut pas que nous embarquions sur ce radeau qui conduit inévitablement à la tempête. Il faut, en quelque sorte, que nous vénérions la démocratie. Il faut que nous fassions, en toute circonstance, faire le triompher le droit international auquel nous sommes assujettis et que les Anglais aujourd’hui, ou plutôt leurs dirigeants, veulent éliminer.

Un monde de filous.

Le problème du Brexit, c’est que les Anglais n’en finiront jamais. Quand vous prenez une voie dangereuse, celle de l’isolement, vous vous heurtez chaque jour aux problèmes que cette voie rencontre. Vous accumulez les problèmes et comme vous êtes certains que le Brexit est une merveille, vous croyez que les problèmes liés au Brexit ne sont pas importants ou que l’on peut les balayer sous le tapis. C’est pourquoi la position de M. Bertrand n’est pas fondée : quand le gouvernement exige le retour au droit, M. Bertrand, lui, veut dénoncer un accord qui a été acquis de haute main. Ce qui nous mettrait dans le même panier que le Royaume-uni. Je sais bien que beaucoup de pays sont dirigés par des filous, mais je ne crois pas que Macron doive faire partie de ce groupe.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à La pêche et les élections

  1. Laurent Liscia dit :

    Il y a aussi la question de la viabilité de la pêche, qui n’est pas un problème frontalier ou national, mais global. Viendra un jour ou la pêche devra être purement et simplement interdite. De quelque nationalité qu’on soit.

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