Cinq candidates

Un tiers Thatcher, un tiers Merkel
(Photo AFP)

La présence de cinq femmes candidates à l’élection présidentielle indique que l’aspiration à la magistrature suprême, naguère réservée aux hommes par simple habitude, mais que rien dans la loi n’empêchait, s’est beaucoup féminisée cette année.

CE QUI n’enlève rien au combat pour l’égalité entre hommes et femmes, lequel n’a pas conquis tous les secteurs d’activité. La présidence de la République est un domaine trop sélectif pour traduire un progrès. La moitié des postes de direction des entreprises serait aux mains de femmes que l’avancée serait plus significative. Les cinq femme sont Anne Hidalgo, Valérie Pécresse, Christiane Taubira, Marine Le Pen et Nathalie Artaud. L’électorat a donc un choix large, mais la désignation d’une femme à la tête de l’État ne saurait être déterminée que par son genre. En l’état actuel des enquêtes d’opinion, deux femmes, Marine Le Pen et Valérie Pécresse, ont encore une chance de gagner au second tour.

Pas un avantage stratégique.

Ce qui est tout à fait nouveau par rapport aux présidentielles précédentes. En 2017, seule Marine Le Pen pouvait être prise au sérieux. Bien sûr, les progrès des droits des femmes se heurtent, comme pour les hommes, à l’idéologie qu’elles véhiculent. Il ne suffit pas qu’une femme soit capable de battre un homme au second tour, elle doit aussi nourrir des idées que partage une majorité d’électeurs. La féminité n’est d’ailleurs pas un avantage stratégique. La victoire de Donald Trump contre Hillary Clinton en 2016 résulte de la haine que l’ancienne secrétaire d’État inspirait aux troupes massives du roi de l’immobilier. On a même comparé le cas de Mme Clinton à celui d’Emmanuel Macron, coupable, par sa mauvaise communication, d’avoir contribué à la création d’un réseau de citoyens voués à sa perte et qui feront tout pour qu’il échoue.

Les femmes aussi font la guerre.

Les femmes au pouvoir ne sont ni moins fermes, ni plus pacifiques,  ni moins cruelles que les hommes. Dans l’histoire, les cas sont nombreux de femmes qui, comme Indira Gandhi, Margaret Thatcher ou Golda Meir, gouvernaient d’une main de fer. Elles seraient, néanmoins, moins prisonnières de leurs passions, moins capables de céder à leur colère, plus raisonnables : théorie à démontrer, ce qui n’a pas été fait. Les femmes font la guerre, écrasent une grève, refusent des crédits et ne sont pas, envers leurs peuples, plus généreuses que les hommes. Et c’est dommage : on voudrait bien que le conflit au sujet de l’Ukraine soit réglé par des femmes exclusivement si elles sont en mesure d’éviter une guerre qui ferait beaucoup de morts pour rien.

L’exemple de Merkel.

Placer une femme à la tête d’une hiérarchie ne suffit pas. On se rappelle que la Première ministre Édith Cresson a eu beaucoup de mal à se faire entendre, y compris dans le camp socialiste. L’erreur de communication d’une femme est dix fois plus critiquée. Et il n’est pas excessif de dire que les relais politiques d’une présidente sont moins efficaces que ceux d’un président. Sauf dans le cas d’Angela Merkel, qui est arrivée au pouvoir en réglant son compte à Helmut Kohl et qui a fait de la sérénité son atout numéro un. Elle avait le peuple allemand à ses pieds en jouant le rôle de la mère de la Nation, ce qui la protégeait de plus d’une cabale.

La cause et le sourire.

Mais venons-en au fait : c’est Valérie Pécresse qui, parmi les femmes candidates, est la seule susceptible de gagner le second tour. Elle a dit qu’elle serait un tiers Thatcher, deux-tiers Merkel. La référence à Margaret Thatcher ne laisse un bon souvenir à personne, sinon aux défenseurs de l’économie libérale quoi qu’il en coûte. À mon avis, elle ne sera rien de tout cela. On lui fera confiance sur le fait qu’à peine élue elle se débarrassera de l’influence de Laurent Wauquiez et d’Éric Ciotti ; elle ne leur a donné que des gages de circonstance. Mais on ne sait pas ce qui, de la timidité ou du triomphalisme, résultera de sa désignation (pour autant qu’elle batte Macron).  C’est la caractéristique des femmes : elles peuvent mettre leur charme au service d’une cause, mais on ne règle aucun problème avec un simple sourire.

RICHARD LISCIA

 

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2 réponses à Cinq candidates

  1. Dominique S dit :

    Suite à une chute, ma mère avait été opérée du col du fémur. J’appelle le lendemain pour savoir si tout s’est bien passé. La dame qui me répond m’explique que tout va bien. Elle me donne aussi quelques détails techniques. Je la remercie chaleureusement et je lui dit: « Maintenant, pouvez-vous me passer le chirurgien ? ». « Mais, c’est moi le chirurgien ! ». Je pense, peut-être à tort, que nos trois candidates principales, auraient beaucoup plus de chances d’être élues si elles étaient de sexe masculin. J’aurais bien vu Christine Lagarde se faire élire présidente. Son profil ressemble à celui de Merkel. La féminité est-elle un handicap en politique ? Mais vous allez encore me traiter de misogyne.

    Réponse
    Rien ne dit que la féminité est un handicap en politique. Rien ne dit que c’est un avantage.
    R. L.

  2. Laurent Liscia dit :

    Aux États-Unis c’est très clair: Hillary Clinton a perdu surtout parce qu’elle était femme. Pas à cause de ses emails ! On fait aussi de mauvais procès à Kamala Harris, pour la même raison.
    Mais je pense qu’au total, la France, comme l’Allemagne, n’est pas aussi misogyne que les États-Unis. Valérie Pécresse est une candidate parfaitement viable … Elle pourrait même l’emporter, non pas à cause de son sexe, mais parce qu’elle est porteuse d’un programme qui pourrait rallier les centristes. C’est au centre que les élections se gagnent.

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