La dette, ses plus et ses moins

Èric Woerth
(Photo AFP)

La Cour des Comptes publie un rapport qui étrille le gouvernement pour avoir dépensé sans compter des sommes qui seront très difficiles à rembourser. Ce faisant, elle  ignore le contexte historique d’une hausse des dépenses liées à la pandémie. 

SANS DOUTE ne fait-elle que son travail qui consiste à veiller sur le rapport recettes-dépenses et non à se préoccuper des motivations de nos gouvernants. Mais quand elle propose une hausse des impôts pour réduire la dette alors que nous sommes la population la plus taxée d’Europe, elle fait preuve d’un manque d’imagination périlleux. Pendant le quinquennat qui s’achève, il y a eu deux Macron : celui qui voulait diminuer les dépenses et celui qui, saisi d’abord par la crise des gilets jaunes puis par la pandémie, ne pouvait protéger les emplois et viser la croissance qu’en dépensant à tour de bras.

La croissance sert à rembourser.

Il y en a, dans l’opposition, qui continuent à dénoncer un président capable de ruiner le pays, mais qui évitent de le féliciter pour la croissance de 7 % du PIB et de l’emploi. On verra, avant le 10 avril que, comme promis par M. Macron pendant la campagne de 2017, le chômage est descendu à 7 %, ce qui n’est pas du tout le plein emploi, mais tout de même un progrès significatif. On devrait assister cette année à une croissance de 3 à 4 %, qui devrait améliorer encore le processus. Or il n’y pas d’autre instrument pour réduire le déficit budgétaire, puis la dette, que la croissance, celle-ci nous offrant des excédents qu’il serait bon de mettre au service du remboursement de la dette.

La remontée des taux.

Même dans une période de dépense non-maîtrisée, le péril est le marché du travail beaucoup plus que l’accroissement d’une dette jugée intolérable. Quel que soit le prochain gouvernement, il devra s’attacher à affecter les gains de la croissance à la réduction de la dette. L’inflation, elle, n’est pas forcément un malheur, même si elle diminue sensiblement le pouvoir d’achat des ménages. Elle contribue à la diminution de la dette en volume : par exemple, si je dois 100 euros dans un contexte où l’inflation atteint 3 %, je ne dois plus que 97 euros. Mais, pour être tout à fait sérieux, il n’y a pas de tâche plus urgente que le remboursement partiel de la dette au moyen des fruits de la croissance. Pour une raison très simple : la remontée des taux d’intérêt est inéluctable à cause d’une inflation (très élevée aux États-Unis) et si nous devons rembourser des centaines de milliards avec des taux en hausse, nous souffrirons, là encore, du manque de liquidités.

Les slogans, c’est facile.

Cela dit et jusqu’à preuve du contraire, la réputation financière de la France est excellente et il n’y aucune raison de céder à la panique. L’intervention de la Cour des Comptes, même si elle feint d’ignorer les difficultés politiques et économiques du pays, sert au moins à rappeler au gouvernement, et à celui qui lui succèdera, qu’il doit faire de la réduction de la dette l’une de ses tâches plus urgentes. Mais il ne faut pas s’y tromper : si Éric Woerth, rapporteur du Budget à l'(Assemblée nationale, a jugé bon de rejoindre les rangs macronistes, alors qu’en matière d’équilibres fondamentaux il est le père La Rigueur, c’est parce qu’il en a assez de reprocher au pouvoir des mesures qu’il aurait lui-même adoptées. À lui seul, M. Woerth a ridiculisé le « il a cramé la caisse » dont Valérie Pécresse a fait, à bon compte, son slogan de campagne. S’il ne l’avait pas « cramée », nous n’aurions aujourd’hui que nos yeux pour pleurer.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à La dette, ses plus et ses moins

  1. Dominique S dit :

    D’une façon générale, je ne comprends pas la logique de s’endetter pour tout et n’importe quoi. François Bayrou disait qu’emprunter pour construire un hôpital était parfaitement logique. Ce dernier sera utilisé pendant des années et je suis pleinement d’accord avec le président du Modem. Mais pourquoi emprunter pour payer les dépenses courantes? La SNCF vient d’annoncer que ses billets pourront être achetés à crédit. Bien sûr que le gouvernement a eu raison d’emprunter pour gérer la crise sanitaire du COVID. Mais c’est une raison de plus de regretter la mauvaise gestion de ces dernières décennies. Et comme la catastrophe annoncée n’arrive toujours pas, on va croiser les doigts et continuer tout simplement cette fuite en avant.

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