Enfin un gouvernement

Élisabeth Borne hier aux Mureaux
(Photo AFP)

La composition du gouvernement d’Elisabeth Borne sera annoncée cet après-midi, ce qui mettra fin à trois jours d’impatiences et de polémiques inutiles.

L’ÉLYSÉE a mentionné plusieurs raisons positives pour expliquer la lenteur de l’élaboration du gouvernement ; les oppositions en ont trouvé autant de négatives pour démontrer, comme toujours, l’amateurisme d’Emmanuel Macron. Pour essayer le milieu, on pourrait ajouter toutes les bonnes et mauvaises raisons. Une chose, cependant, nous semble sûre : le président réélu n’était pas pressé, ce qui lui a permis, jusqu’à présent et depuis sa réélection du 24 avril, de ne répondre à aucune des accusations lancées par la gauche et par la droite. Les Mélenchon, Le Pen, Pécresse, Jadot, Roussel et j’en passe, ont boxé dans le vide, une polémique n’étant pas un monologue. Sans compter l’impression que les oppositions ont donnée d’elles-mêmes, d’où le ridicule n’était pas absent. Le président est réélu et ils viennent le chercher sur une question de timing. Le débat est tombé bien bas.

Plus c’est gros, plus ça marche.

À quoi s’ajoute la certitude, répétée à l’infini, de M. Mélenchon qu’il remplacera Mme Borne à Matignon. Ses électeurs, galvanisés par son éloquence notoire, y croient dur comme fer, sans deviner qu’ils sont les dindons d’une farce politique sans précédent. Plus c’est gros, plus ça marche. Que dira-t-il au soir du second tour des élections législatives, sinon qu’elles auront été truquées et qu’il est la victime permanente d’un système corrompu ? Il y a donc du Trump chez Mélenchon, comme il y en a chez Mme Le Pen, jamais avare, elle non plus, de quelque pique contre ce pouvoir auquel elle n’a pas accès, quand elle trouve le temps d’interrompre ses vacances. On a quelquefois envie de rire quand on écoute ces beaux parleurs dont la frustration nuit à la cohérence. Mais c’est grave : ce n’est pas Macron qu’ils exècrent, c’est leur incapacité à transformer l’essai, à ouvrir, par le scrutin et le suffrage universel, les portes de l’Élysée et de Matignon.

On apprend toujours de ses erreurs.

La tâche du gouvernement sera d’autant plus compliquée par leurs déclarations forcément tonitruantes et amplifiées par le nombre de sièges qu’ils vont occuper à l’Assemblée nationale. Il n’y a rien d’autre à faire, aux yeux du président de la République, que d’obtenir le maximum de députés, ce qui établira le rapport de forces une fois pour toutes pendant les cinq années à venir. Cela explique que Macron se soit davantage occupé pendant 26 jours depuis son élection de l’Ukraine que du pouvoir d’achat. Cela montre que, tant qu’à faire, il souhaite réunir le maximum d’atouts avant de se lancer dans une mêlée qui promet d’être confuse et bruyante. Cela a été un temps de réflexion et de vérification des candidatures aux ministères. Après tout, il n’est pas excessif de rappeler qu’on apprend toujours de ses erreurs et qu’un mandat de cinq ans prépare un second mandat de cinq ans.

Mme Borne a un agenda affreusement abondant et compliqué : pouvoir d’achat, risques d’extension de la guerre en Ukraine, rupture des stocks alimentaires et, par-dessus tout, l’urgence climatique, la priorité des priorités. Elle ne pouvait faire mieux que de commencer à corriger son image (ce qu’elle a fort bien fait hier aux Mureaux), à sélectionner avec minutie les membres de son gouvernement, et à contribuer au maintien ou même à l’extension de la majorité présidentielle. Plus d’atouts contre tant d’orages prévisibles.

RICHARD LISCIA

PS-Ce texte sera remanié dès l’annonce de la composition du gouvernement.

 

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