Le frisson de la peur

Une Assemblée en fusion
(Photo AFP)

Les Français, leurs médias et leurs politiciens jouent à se faire peur : ils ne trouvent rien de bon ou d’utile dans le remaniement et prévoient un avenir immédiat semé de crises.

MACRON aurait pu se montrer plus inventif, nommer des femmes à des postes régaliens, séduire l’électorat par des engagements plus forts. Compte tenu du fait que personne ne veut publiquement coopérer avec le gouvernement, on lui demande de trouver une baguette magique et les moyens (inexistants) d’échapper aux pièges tendus par les oppositions.

L’hypothèse d’une motion de censure.

Elisabeth Borne l’a fait savoir : elle n’entend pas engager la responsabilité de son gouvernement au terme de sa déclaration de politique générale. Qu’à cela ne tienne, rien n’empêche la Nupes et le Rassemblent national de déposer une motion de censure. Il s’agit d’un rapport qualité-prix : il manque 40 sièges de députés à la majorité, on va le lui faire payer au centuple. L’opinion, elle, en a le souffle coupé mais elle croit que c’est un jeu, que le président de la République, comme de coutume, va trouver la parade et échapper à la nasse.

Quelqu’un paiera les pots cassés.

Y a-t-il des gens responsables à l’Assemblée ? Personne ne semble mesurer l’enjeu d’une folie qui consisterait à empêcher le gouvernement, déjà accablé d’injures à cause du temps qu’il lui faut pour trouver ses marques, d’entrer en action. Si, à cause d’une majorité relative, mais d’une majorité quand même, vous parvenez à faire chuter Elisabeth Borne, rappelez-vous qu’il faudra payer les pots cassés. Depuis plus de cinq ans maintenant, on déverse sur M. Macron des torrents d’injures, sans même se demander à qui profite cette stratégie suicidaire. En tout cas, elle ne sert pas l’intérêt général.

Ce n’est pas ainsi que ça marche.

La mise en minorité du pouvoir au second tour des législatives a été accueillie avec des cris de joie : c’est exactement ce que les Français souhaitaient ! Un recul de « l’arrogance » du président, une atténuation de ses décisions « diaboliques » par un coup de frein de l’opposition. En réalité, ce n’est pas comme ça que ça marche. Nous sommes dans la Vè République, pas dans la IVè ; le président a été réélu brillamment, ce que les oppositions de veulent pas savoir ; il conserve des pouvoirs importants, par exemple la dissolution de l’Assemblée.

Borne peut périr, Macron restera indemne.

Or on a tout fait pour oublier que le second tour de la présidentielle a été un triomphe pour le président et se souvenir que le second tour des législatives a marqué sa défaite. Bref, on a minimisé le progrès et accru le recul. Ce n’est pas de cette manière que l’on traite les institutions. Si une motion de censure est déposée, on connaîtra tous les noms de ceux qui empêchent le pays d’être dirigé. Ils n’échapperont pas à leurs responsabilités et ils auront chanté leur chant du cygne. Le gouvernement Borne peut bien périr, Macron sera indemne et les oppositions se demanderont avec inquiétude si elles retrouveront leur compte de députés.

Mélenchon toujours pas « élu ».

Depuis plus de cinq ans, la notion d’intérêt général a été jetée aux oubliettes. La question n’était pas d’avoir un gouvernement capable de tirer le pays vers le haut, elle concernait la chute probable, presque certaine, hautement désirable, du président. D’abord, il fallait se demander si les Français voulaient de Mélenchon, toujours pas « élu Premier ministre » ; ensuite, il fallait se rappeler que ce qui compte, c’est l’intérêt bien compris de tous les Français. Cette semaine sera donc décisive, mais, au risque de commettre une sérieuse erreur d’appréciation, je ne crois pas un instant que les députés prendront l’option suicide. Ils n’ont pas envie de remettre en jeu un poste obtenu à l’arraché. Si tous ne se sont pas ralliés à l’intérêt national, la plupart ont une conscience aiguë de leur intérêt personnel.

RICHARD LISCIA

 

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