Blocage parlementaire

Borne répond aux questions
(Photo AFP)

Par 221 voix contre, 187 pour et 24 abstentions, l’opposition a rejeté l’article 2 du projet de loi sur la santé, qui prévoyait l’instauration d’un pass sanitaire aux frontières du pays. Le texte va être examiné par le Sénat.

DANS une Assemblée électrifiée, le premier vote a fait la démonstration éclatante de l’impossibilité de gouverner pour l’exécutif , que ce soit par la formation d’une coalition stable ou au gré des circonstances. Le gouvernement n’a même pas fait le plein des suffrages des députés Renaissance (ex-LREM), loin de là. La chaleur, la rugosité du débat, l’espoir quelque peu suicidaire de vaincre le président de la République expliquent peut-être ce début d’une crise qui risque de s’aggraver au fur et à mesure que seront étudiés les dossiers.

Troisième tour. 

Cependant, les jeux ne sont pas faits ; le Sénat, qui n’a jamais été pro-Macron, va apporter son traitement au projet qui retournera ensuite à l’Assemblée, où s’exercera la sempiternelle recherche d’un compromis. Derrière la loi sanitaire, d’autres dossiers doivent être traités, à commencer par le pouvoir d’achat. Le problème vient de ce que l’Assemblée fonctionne davantage comme le lieu du troisième tour que comme celui où l’on légifère.

Uber : confondre Macron.

Tout concourt à la bataille plutôt qu’au compromis, mot cent fois mentionné par la majorité relative, qui n’y aurait jamais pensé si elle avait été absolue. L’opposition, en se léchant les babines, exige la création d’une commission parlementaire sur les rapports entre le géant Uber et l’ancien ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, avec le vain espoir de confondre celui-ci. Il a déjà répondu publiquement aux questions que l’on se pose, en démontrant sa seule volonté de réformer le pays et de créer des emplois.

Un complot ?

Il n’a rien à craindre à ce sujet, ne fût-ce que parce qu’il bénéficie de l’immunité d’un président de la République en exercice, mais il n’a pas nuancé le débat en citant Chirac : cette affaire « m’en touche une sans faire bouger l’autre », sombrant ainsi dans la vulgarité qu’il juge sans doute adaptée à la nature du « complot » visant sa personne. Il est vrai que, les passions devenant explosives, la presse cherche des alternatives ludiques ou scandaleuses aux nombreuses préoccupations relatives à la guerre en Ukraine, à l’inflation, à l’ascension du dollar, à la raréfaction de l’énergie et au réchauffement climatique.

C’est le pays qu’on assassine.

Il y avait donc toutes les raisons pour les oppositions de faire le mauvais choix, celui d’une guerre de tranchées livrée contre l’Élysée et Matignon qui, si elle se poursuit, finira pas une dissolution de l’Assemblée. Entretemps, c’est le pays qu’on assassine en ne volant pas à son secours, alors qu’il a besoin d’une perfusion exceptionnelle. Le pire est que le président et la Première ministre n’ont qu’une ambition, celle de répondre aux nécessités de la conjoncture, alors que les oppositions, avec une violence presque sans précédent, ne songent qu’à faire tomber le pouvoir.

C’est une situation malsaine qui exige un traitement de cheval. Demain, Emmanuel Macron va s’exprimer sur tous les sujets en suspens. Il convaincra peut-être une partie de ses concitoyens qui n’ont pas voté pour lui, mais lui et les oppositions se situent dans deux mondes différents : il est dans le business as usual, elles sont dans un incroyable déni de la réalité.

RICHARD LISCIA

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