Le choix du salut

Mélenchon en action
(Photo AFP)

Plus les crises s’accumulent, moins l’espoir d’une politique efficace apportant progressivement des solutions supportables augmente. Le projet de réduire les dépenses sans augmenter les impôts relève alors du fantasme. 

L’IDÉE consiste à utiliser les excédents de la forte croissance de 2021 pour financer les mesures exigées par les investissements que nécessitent la lutte contre le réchauffement climatique, l’amélioration du pouvoir d’achat, le renforcement de nos moyens de défense. Ce qui paralyse la France, ce n’est ni l’ampleur du projet ni la maladie psychique dont elle serait victime. C’est simplement que, dans ce contexte de grande division, les partis politiques continuent à nourrir l’espoir de pousser l’exécutif à la faute ou de lui trouver des fautes imaginaires qui condamneraient son action en toute circonstance.

Majorité quand même.

En entretenant un climat de fin de règne, les commentateurs accordent au résultat du second tour des législatives l’importance qu’il n’a pas. Le président de la République a été réélu confortablement à un second mandat, alors qu’on avait déversé sur sa personne assez d’ordures pour que sa popularité fût nulle. Il n’a pas perdu non plus le second tour des législatives puisque sa coalition a emporté la majorité, fût-elle relative. Et enfin, il présente des propositions qui sont acceptables par les oppositions, sinon  en bloc, au cas par cas.

Minorité absolue ?

Là-dessus s’ajoutent les fantasmes les plus étranges, par exemple la suggestion de la Nupes de passer à la VIe République ou du MoDem de retourner au scrutin proportionnel. Les deux vont de pair et représentent la meilleure recette pour un régime des partis qui changerait de gouvernement tous les trois ou six mois. Ce qui n’est pas énoncé clairement, c’est ce qui se passerait si la coalition gouvernementale devenait une minorité absolue après avoir été une majorité relative.

Maintenant ou jamais.

La proportionnelle est devenue d’autant moins indispensable que les deux grandes formations de l’opposition, la Nupes et le RN, ont bénéficié cette année du scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Installés dans la cour des grands, les voilà moins avides de proportionnelle. L’erreur a été de croire que le camp de Macron était le seul à bénéficier du scrutin majoritaire. La démonstration vient d’être faite que la Nupes et le RN  ne sont pas sacrifiés sur l’autel de la Constitution. En revanche, ils réclament un changement de régime, alors que des décisions d’importance historique sur le climat et la défense,  sur l’Europe et le budget doivent être prises et appliquées immédiatement.

Il est d’ailleurs contradictoire de presser vivement M. Macron d’annoncer des mesures, de lui reprocher sa « lenteur » et, en même temps de tout faire pour que, au nom de la « relativité », on lui nie sa capacité à légiférer, ce qui n’est inscrit dans aucun texte.

Si Macron s’en allait…

Mais on continue à se réjouir dans les médias d’une « défaite » qu’un Macron, jupitérien ou non, a du mal à incarner. Quatre vingt dix pour cent des commentateurs se concentrent sur la critique du gouvernement existant sans jamais dire au public ce qui se passerait si, sur un coup de tête, Emmanuel Macron livrait le pays à ses adversaires. Imaginez, avant de vilipender le président, une France Nupes qui changerait de Constitution et se hâterait de quitter l’Europe, de vénérer le Vénézuélien Nicolas Maduro tout en semant l’épouvante chez les épargnants. Imaginez une France RN qui adorerait Poutine et lui achèterait assez d’énergie pour lui permettre de raser l’Ukraine. Le choix n’est pas entre Macron et les autres. Le choix est entre la démocratie et la tyrannie, entre la dignité et le cynisme, entre la sérénité et l’angoisse.

RICHARD LISCIA

 

 

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3 réponses à Le choix du salut

  1. Dominique S dit :

    Les mesures efficaces sont forcément impopulaires. Les mesures populaires sont forcément inefficaces. La réforme des retraites n’a pas pour but de plaire à chacun, mais d’être juste et efficace pour tout le monde. Ecouter tous les avis, c’est bien. Décider après avoir été élu à la majorité, c’est mieux!

  2. Alan dit :

    Merci, Richard Liscia, vous faites bien de conclure sur ces quelques rappels (mise en perspective indispensable, et trop souvent oubliée).

  3. Doriel Pebin dit :

    Bonjour et merci une fois de plus, de rappeler le « bon sens ». Il serait temps que la majorité ne reste plus silencieuse et que nos grands médias et commentateurs politiques en finissent avec leur comportement de café du commerce pour faire enfin de l’analyse de système, et non des petites phrases qui les passionnent … pendant 48 heures avant de passer à un autre sujet tout aussi secondaire mais qui les fait jaser et discuter. Où est passée la gauche de gouvernement ? Naufrage intellectuel devant les rodomontades de Mélenchon et consorts ! Continuez à dénoncer ces impostures intellectuelles.

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