Un constat réaliste

Mélenchon et le métier de contradicteur
(Photo AFP)

En préambule du premier conseil des ministres de la rentrée politique, le président de la république a annoncé hier la fin  d’une période d’ « abondance » et d’ « insouciance ». Ce qui ne lui a pas valu les compliments de la gauche.

UNE PARTICULARITÉ du débat français, qui doit être encouragé et même développé, c’est que le moindre mot prononcé par nos dirigeants subit aussitôt une exégèse dans les partis d’opposition. Emmanuel Macron n’a pas énoncé une mesure économique ou sociale, il a seulement établi un constat modeste de l’état du monde. Sur tous les plans, écologique, économique, social, diplomatique, des bouleversements se sont produits en 2022 qui frappent notre pays de plein fouet.

Politique de l’autruche.

Ces changements, argent plus cher, dette à réduire, pénuries d’énergie, consommation limitée par l’inflation ne résultent pas de fautes commises par nos gouvernants, mais par la brusque rupture des règles qui régissaient naguère le commerce mondial et plus particulièrement la rupture des échanges diplomatiques déclenchée par l’invasion de l’Ukraine. Imaginer un seul instant que cet événement géopolitique d’importance historique ne puisse pas affecter le reste de l’Europe et donc la France ne correspond à rien d’autre qu’à une politique de l’autruche.

Dangers multiples.

À la fois stratège et tacticien, M. Macron a voulu alerter les Français sur une crise dont l’existence n’a pas besoin d’être démontrée, sans pour autant indiquer les voies et moyens auxquels il entend recourir pour mettre le pays à l’abri. C’est aussi dans son ADN de se ruer dans la mêlée sans crier gare et sans apporter les nuances qui faciliteraient sa tâche, immense depuis 2017. La moindre des choses pour un président consiste à reconnaître la multiplicité et la profondeur des dangers, quitte, plus tard, à réduire la pression si quelques unes de menaces disparaissent ou perdent de leur intensité.

Colosse aux pieds d’argile.

La force de l’analyse de Macron vient de ce qu’il ne cherche pas à rassurer ses concitoyens. Ils devront faire des sacrifices lourds, mais sans rapport avec les souffrances épouvantables qui subissent les Ukrainiens. Tous ceux qui croient qu’ils n’ont pas besoin de l’Europe pour protéger notre pays en sont pour leurs frais. Si, par exemple, la pénurie d’énergie crée des tensions parmi les 27, ce n’est pas en se divisant qu’ils résisteront aux menées de Poutine. L’Ukraine, de ce point de vue, nous apporte un brillant exemple : c’est en se battant contre le pire des démagogues qu’elle a administré la preuve qu’il s’agit d’un colosse aux pieds d’argile.

Le mot « austérité ».

Pour notre part, nous ne repousserons pas l’adversité en l’ignorant, mais en trouvant des solutions pour l’énergie et, notamment, en augmentant l’effort de « sobriété », autre mot honni par la gauche, qui réduirait notre dépendance aux énergies fossiles. Chef de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon a fait hier une de ces colères homériques qui le caractérisent. Il a rappelé que neuf millions et demi de Français visent sous le seuil de pauvreté, que l’on pouvait taxer les entreprises du CAC 40 qui, l’an dernier, ont fait des bénéfices colossaux et que, lâchons le mot, le président ne pouvait pas parler d’austérité et partir pour l’Algérie comme si de rien n’était.

Encore les impôts.

Le chef de l’État est effectivement parti aujourd’hui pour Alger, comme si les piques lancées par M. Mélenchon ne l’avaient pas atteint. C’est son privilège : il peut choisir ses interlocuteurs et ignorer ceux qui ont fait du harcèlement leur métier. Ce n’est pas, d’ailleurs, que M. Mélenchon ne prononce pas une vérité quand il rappelle ceux, et ils sont nombreux, que la société française laisse sur le bord du chemin. Mais il évident que, dans un pays où la pression fiscale est l’une des plus fortes du monde, il n’est pas sain d’ajouter de l’impôt à l’impôt.

La chance de Mélenchon.

Si l’ambition, la passion, la démagogie n’avaient pas envahi la totalité du cerveau et de l’âme de Mélenchon, il aurait commencé par dénoncer la férocité de Poutine qui, s’il en avait le loisir, ne ferait qu’une bouchée de la démagogie des Insoumis. Que ferait-il à ses administrés s’il était élu président ? Avec l’extrême gauche et l’extrême droite, on ne sait pas si l’expérience de leur gouvernance ne durerait pas éternellement. Ohé, les amis, regardez les Ukrainiens : ils se battent pour leur liberté, celle dont nous priverait un régime totalitaire et dont l’absence en France serait bien pire que la pénurie d’énergie et de produits de consommation.

M. Mélenchon ne sait pas la chance qu’il a de brocarder impunément le président de la République tous les jours pour son petit déjeuner ; il ne sait pas que nous avons un bien plus précieux que le pétrole : la liberté.

RICHARD LISCIA

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