Le paradoxe énergétique

Ursula Von Der Leyen annonce un plan de 140 milliards d’euros
(Photo AFP)

Dans la crise des prix de l’énergie, le plus grand paradoxe est que nous espérons tous un hiver 22-23 qui ne soit pas trop rigoureux, alors qu’une vague de froid planétaire aurait pour avantage de ralentir le réchauffement climatique.

DE LA MÊME FAÇON, nous sommes intoxiqués par le pétrole et le gaz, alors que n’en produisons pas et que nous devons réduire notre consommation. Mais il n’y a rien de commun dans cette affaire qui favorise le raisonnement logique. À la fin de mois opposée à la fin du monde, ont succédé la confusion philosophique et des mesures contradictoires. Établir et prolonger le bouclier tarifaire, c’est, d’une certaine manière, encourager la consommation. Il y a longtemps, pourtant, que les meilleurs experts nous demandent de modérer notre appétit. On décèle un peu de panique dans l’air.

Mesures compensatoires.

La France et l’Europe ont annoncé des mesures décisives. La hausse de l’électricité ne dépassera pas 15 % l’année prochaine. La présidente de la Commission de Bruxelles, Ursula Von Der Leyen met sur la table un paquet énorme de 140 milliards d’euros pour lutter contre la pénurie.  L’État français va devoir encore dépenser des milliards d’euros pour protéger nos concitoyens, qui s’inquiètent de la manière dont ils vont être percutés par la crise. Ils ne sont pas contre porter un pull-over à la maison, mais ne veulent pas être transformés en glaçons dans leur chambre à coucher.

Sacrifices dérisoires.

Bien entendu, et en dépit de ce que clament l’extrême droite et l’extrême gauche, la pénurie résulte de la guerre en Ukraine et non pas des sanctions économiques de l’Occident contre la Russie. Au moment où l’armée ukrainienne remporte ses premières victoires, il serait absurde de baisser les bras et d’accorder un triomphe au sieur Vladimir. N’oublions que nos souffrances correspondent seulement à un peu d’inconfort alors que les Ukrainiens se battent pour leur patrie. Des Français échangent des propos munichois, avec le ton de la peur et de la frilosité. Nos sacrifices sont dérisoires par rapport à ceux qui tombent sur le champ de bataille.

Le pouvoir poutinien ébranlé.

Il est certes très difficile d’entraîner nos concitoyens dans une vaste et profonde réflexion géopolitique. Ils n’en ont que faire. On leur dirait qu’ils doivent s’en remettre au gouvernement qu’ils ont élu si l’attitude populaire la plus courante ne consistait à critiquer le pouvoir quelles que soient les circonstances. Il n’est pas difficile de comprendre que la démocratie et l’unité des démocraties européennes sont pourtant le meilleur instrument, je dirai la meilleure arme, pour défendre notre pré-carré contre l’ingérence russe. Il est fort possible que nos sanctions économiques aient pour nous un coût élevé, mais la vérité est qu’elles ébranlent chaque jour un peu plus la stabilité du régime poutinien.

Le temps géopolitique.

Notre objectif est cependant limité et ce n’est pas le citoyen qui se réchauffe les mains au-dessus de son poêle qui vise à renverser le maître du Kremlin. Ce sont les Russes qui doivent comprendre enfin qu’ils sont fort mal gérés par Poutine, et ils commencent à s’exprimer sur le sujet, étant entendu que les oligarques qui l’ont servi avec tant d’ardeur ont pris conscience qu’il les menait tous vers un précipice. Le temps géopolitique n’a rien à voir avec le temps qu’il fait en hiver, et c’est une addition de multiples et petites précautions qui finira pas ralentir l’émission de gaz à effet de serre.

Il n’y a  donc pas de solution instantanée à la crise qui monte et ce ne sont ni la peur, ni la division, ni le défaitisme qui pourraient nous apporter un peu de réconfort. En réalité nous avons beaucoup de chance : un peuple, celui d’Ukraine se bat pour sa liberté et la nôtre ; nous allons frissonner, les Ukrainiens sont exposés à un danger mortel.

RICHARD LISCIA

 

 

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Une réponse à Le paradoxe énergétique

  1. Richard Liscia dit :

    Laurent Liscia dit :
    Le paradoxe est bien noté : on panique à l’idée qu’on va manquer de carburant, alors que le carburant est la source principale du changement de climat : la penurie est mauvaise à court terme pour les usagers; et bonne à long terme pour ces memes usagers et leurs enfants, ainsi que la planète.

    En revanche, un hiver peu rigoureux ne contribuerait pas du tout au réchauffement climatique: il en serait le symptôme, pas la cause. Donc, cette partie-là du paradoxe est fausse. D’ailleurs, le changement de climat ne se traduit pas forcement par un réchauffement en hiver ; il peut au contraire conduire à des températures encore moins élevées dans certaines régions – c’est pourquoi on parle de changement de climat. L’effet de serre est un mécanimse complexe, sur plusieurs décennies (voire millénaires, à ce stade !) et très clairement catastrophique.

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