Après Liz Truss, qui ?

Liz Truss : le chant du cygne
(Photo AFP)

Après la démission de la Première ministre britannique, Liz Truss, dont le mandat n’aura duré que 44 jours, les élus conservateurs vont avoir bien du mal à désigner un autre candidat.

La crise au Royaume-Uni est déterminée par plusieurs facteurs qui, en réalité, n’en font qu’un : la présence toujours agissante de Boris Johnson qui serait, en dépit de ses multiples défauts, un bon leader pour gagner les élections de 2023. Les sondages d’opinion disent exactement le contraire qui accordent aux travaillistes 20 points d’avance.

Mme Truss n’a jamais été qu’une queue de comète : elle a cru que c’était Johnson que rejetait l’électorat, pas son programme. Et donc, avec l’aide d’un ministre libéral de l’Économie, Kwasi Karteng, elle a présenté à ses concitoyens un plan ultra-libéral de redressement qui augmentait les dépenses sans accroître les impôts. Avant de périr elle-même, elle a cru bon de désigner un bouc émissaire, le ministre qui avait rédigé son plan de redressement, M. Karteng.

Brexit ou pas, on ne fait pas ce qu’on veut.

Le chaos laissé par M. Johnson s’est aussitôt transformé en poudrière. Les institutions internationales, les banques, le parti travailliste ont dénoncé une aventure qui risquait de priver le Royaume-Uni de son statut et de sa stature. Le plan Truss était la pire des folies. Personne n’est donc surpris de la démission de Liz Truss 44 jours seulement après son arrivée à Downing Street. Mais c’est là qu’interviennent des traditions obsolètes du royaume : un parti n’est pas responsable de la déroute du Premier ministre, lequel peut être remplacé par un autre, venu du même parti.

Le retour de Johnson est possible.

De sorte que les Tories gardent la main et qu’il n’est pas du tout impossible que Johnson retourne au 10 Downing street. Le secret des conservateurs, c’est qu’ils ont fait du Brexit, contre vents et marées, contre la moitié des électeurs, leur marque de fabrication. Encore aujourd’hui, une forte partie de l’opinion croit que le Brexit est  une bonne chose pour le pays. Ce qui est faux : Mme Truss n’est peut-être pas la dirigeante la plus compétente, elle a été vaincue par l’ampleur de la tâche, mais son pays s’en serait mieux sorti s’il faisait partie de l’Union européenne. Un seul exemple : Johnson voulait sortir la Grande-Bretagne des carcans de l’Union européenne. Cependant, ces carcans n’existent pas par la seule volonté des technocrates de Bruxelles ; ils correspondent à une gestion qui assure la stabilité d’un pays membre de l’UE.

Le populisme est une drogue.

Le cantonnement de la crise et de ses effets au seul parti conservateur empêche le débat indispensable qui, en quelque sorte, n’a jamais eu lieu : le Royaume-Uni doit-il retourner à l’Union ? Les Tories, lors des législatives, seront parfaitement capables d’ignorer l’UE et de se contenter de parler pouvoir d’achat. La machine est infernale. Elle ne place pas le Brexit au centre du débat national ; on continuera à invoquer le Commonwealth et le grand large au lieu de régler deux sérieux problèmes : l’Irlande du nord et l’Écosse.  Je ne pense pas que Liz Truss, opportuniste confondue par son inconsistance, croie au Brexit. Peut-être même que Boris Johnson n’y croit pas. Mais voilà, ce sont des populistes et quand on a goûté à cette drogue,  on ne sait pas s’en débarrasser.

Les enfants du Brexit ne pourront que reproduire les erreurs du Brexit. Le royaume, dominé artificiellement pas les conservateurs, devra attendre le rendez-vous des législatives, sauf bien sûr, si la détérioration de la crise oblige le successeur de Liz Truss à déclencher des élections anticipées. Ce qui serait la plus sage des choses à faire.

RICHARD LISCIA

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