Poutine, peur et sauvagerie

Poutine, sans foi ni loi
(Photo AFP)

On pourrait tous les jours écrire la chronique des crimes de Vladimir Poutine. Le recul des forces russes face à la progression des troupes ukrainiennes alimente chez lui ses fantasmes habituels, avec en plus une stratégie qui consiste à renverser les doléances de Kiev et à les transformer en projets ressemblant furieusement aux siens.

AINSI le maître du Kremlin accuse-t-il Kiev de préparer une bombe « sale ». On ne sait pas trop de quoi il s’agit sinon d’une arme explosive contenant de la radioactivité. On ne voit pas du tout comment les Ukrainiens pourraient maîtriser une telle technologie et pourquoi ils l’utiliseraient en prenant le risque de contaminer leurs propres troupes. Poutine joue la victime désespérée qui ne saurait subir l’usage de la bombe sale sans riposter de la même manière. Tout laisse donc penser qu’il n’est pas loin de jeter dans la bataille une ou plusieurs bombes sales de manière à protéger Kherson, une ville-symbole en grand danger d’être reprise par les Ukrainiens.

Espoir infantile.

Il y a dans ce projet un effet de communication, l’espoir infantile d’opposer des mots à la défaite et cette pratique de la diffamation de l’Ukraine qui justifierait que la Russie la martyrise. La victime devient bourreau et vice-versa. Mais Poutine a demandé, et obtenu, une visite de contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique, sommée de trouver la bombe sale sur le territoire ukrainien. Il serait logique que les experts de l’AIEA se rendent à Zaporijjia, contrôlée par les Russes, pour voir ce qui se passe dans la plus grande centrale d’Europe. On peut regarder sous les jupes de Zelensky, pas sous celles de Poutine.

La diplomatie des fripons.

Le jeu est donc constamment truqué. Il ne s’agit pas de dire que les Ukrainiens ont toujours raison et qu’ils ne sont jamais impliqués dans des actions militaires sauvages. Il s’agit de veiller à ce que Poutine ne gagne pas du temps. Même les dégâts qu’il cause aux infrastructures ukrainiennes décrivent plutôt le déclin irrésistible de ses forces. L’armée naguère capable de déferler dans les plaines de l’Europe centrale est contrainte aujourd’hui d’acheter des drones à l’Iran pour bombarder les cités ukrainiennes.  Voilà donc que la théocratie hostile aux femmes devient le supplétif empressé du maitre du Kremlin. C’est la diplomatie des fripons, des voyous et des gangsters.

Impossible négociation.

Vladimir Poutine frappe encore plus fort chaque fois qu’il essuie une défaite sur le terrain. Mais chaque fois qu’il bombarde des civils, son dossier « droits de l’homme » s’épaissit et la détermination des Ukrainiens augmente d’un cran. L’espoir d’une négociation a donc disparu et ne peut renaître qu’à la faveur d’une reconquête d’une partie de leur territoire pas les Ukrainiens. Le mûrissement de la guerre, en dépit de ses ravages insensés, n’est pas terminé. Il n’y aura pas de dialogue entre les deux parties sans que Vladimir Poutine ne soit personnellement menacé.

Armer les Ukrainiens.

On observe avec effroi la destruction systématique de l’Ukraine ; on comprend donc que Volodymyr Zelensky se plaint d’une aide insuffisante alors qu’Européens et Américains déversent sur l’Ukraine des milliards de dollars. Joe Biden, qui joue sa survie politique dans les élections de mi-mandat du 8 novembre prochain, a parfaitement compris le fond de l’affaire : les Ukrainiens se battent pour nous, pour leur liberté mais aussi pour la nôtre et, en créant un abcès de fixation en Ukraine, ils empêchent Poutine de rêver à d’autres invasions. Nous avons là un homme puissant, sans foi ni loi, qui a désigné son ennemi : l’Occident. Voilà pourquoi il faut armer les Ukrainiens et les remercier de surcroît.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Poutine, peur et sauvagerie

  1. BONDIL Pierre dit :

    Bonjour, et merci pour vos commentaires. Il faut aller plus loin, car ce n’est plus le problème de l' »occident » vs. Poutine comme on veut nous le présenter, mais celui des valeurs universelles. Poutine use de façon répété, aux yeux de tous, des crimes de guerre et d’actions terroristes contre les populations civiles. Il désinforme et veut faire peur comme à l’époque du stanilisme et du nazisme. Il serait temps que les États (au moins un minimum démocratique) choisissent le camp des valeurs universelles (sans même parler de la démocratie !). Tuer des civils, violer femmes, frontière et règles internationales, assassiner les civils des territoires occupés, mentir effrontément, pratiquer le chantage nucléaire, etc…, ne concerne pas que l’Occident et les démocraties. Il serait temps que les pays d’Afrique, d »Amérique du Sud et d’Asie se réveillent de leur torpeur, de leur confort personnel et du « ce n’est pas mon problème ». Ils sont tout autant concernés (une guerre nucléaire aurait un retentissement mondial). A l’heure où nous nous rendons compte des impacts du réchauffement climatique, qui est responsable de l’argent mis pour l’armement massif mondial au lieu de la lutte pour un climat vivable ? Ce sont des dictatures type Poutine et Xi Jinping qui rappellent furieusement les méthodes d’Hitler et des nazis. Il faut choisir son camp pour de vraies raisons et non pour des égoismes nationaux et des rancoeurs contre les anciens colonisateurs impérialistes. Depuis des siècles, la Russie en fait partie (l’URSS étant le dernier en date). On a laissé faire Poutine en Syrie, on voit le résultat. Continuez à dénoncer cette inertie et esprit munichois (on sait où cela mène).

  2. Jean Vilanova dit :

    Sans se montrer pour autant « va-t-en guerre », on mesure les effets de la dérobade de Barack Obama en 2013 qui, après avoir fixé comme ligne rouge au régime de Bachar Al-Assad l’utilisation d’armes chimiques contre son peuple ne fit rien quand le dictateur passa à l’acte, au grand dam du président Hollande prêt quant à lui à intervenir dans le cadre d’une coalition. Pour une brute comme Poutine, soutien d’Assad qui ne comprend que le langage de la force, quel signal ! Aussi, doit-il être bien surpris aujourd’hui devant la réaction de l’Occident, Amérique en tête cette fois, en défense de l’Ukraine. Poutine n’est pas seulement un assassin. Il est aussi un dangereux imbécile, une petite frappe des quartiers louches de Saint-Petersbourg dont il n’aurait jamais dû sortir. Quant à l’Occident, puisse-t-il demeurer ferme dans son soutien au peuple ukrainien alors que des lézardes commencent à apparaître, ici et là.

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