Lula élu sur le fil

Lula : victoire à la Pyrrhus ?
(Photo AFP)

Luiz Ignacio Lula da Silva, du Parti des travailleurs, a été élu président de la république du Brésil avec le score incroyablement serré de 50,83 des suffrages contre 49,17 pour son opposant ultra-conservateur, Jair Bolsonaro.

LE SCORE de Lula garantit que son mandat de quatre ans ne sera pas un long fleuve tranquille. M. Bolsonaro n’a d’ailleurs pas dit qu’il accepterait sa défaite et il est probable qu’il utilisera tous les moyens pour faire invalider les résultats de son adversaire. Rien de surprenant dans cette évolution des événements. M. Bolsonaro est un ami et un admirateur de Donald Trump et il aura recours aux méthodes de l’ex-président des États-Unis, recomptage des voix dans les points-clés, recours juridiques, accusations de fraude.

Une toute-puissante opposition.

L’élection montre un Brésil divisé en deux parties égales, la première sociale et respectueuse de l’environnement, la seconde évangélique ou catholique et animée par la démagogie de Bolsonaro. On ne peut pas dire cependant que Lula pouvait faire mieux : les résultats sont conformes à l’état des lieux. Ce qui oblige Lula, s’il se maintient au pouvoir, à tenir compte d’une toute-puissante opposition décidée à ne pas lui faire de cadeaux.

À 77 ans, Lula n’est pas arrivé pur et innocent à ette épreuve électorale. Il a été président et  il est évident qu’il a baigné dans la corruption. Il aurait été accueilli avec plus d’enthousiasme, chez lui et à l’étranger, si, dans un geste irréfléchi et absurde, il n’avait pas préféré Poutine à Zelensky. Mais si, de toute évidence, il n’était pas le meilleur candidat de la gauche et s’il se maintient à la présidence, il aura écarté un danger qui menace le Brésil et le monde en général.

La comète Dilma Rousseff.

La gestion de Bolsonaro est un désastre. C’est le Trump brésilien, un homme qui combat l’IVG, n’a aucun respect pour les femmes, encourage le big business à la déforestation (un quart de la forêt amazonienne a disparu) et n’a pratiquement rien fait pour aider les pauvres à sortir de la misère. On se souvient trop souvent de la corruption des milieux lulistes, on ne sait pas assez comment ils ont transformé des millions de miséreux en classe moyenne, un acquis qui est reconnu à Lula dans le monde entier. Il a exercé la fonction présidentielle à deux reprises (2003-2007, puis 2007-2011), assez longtemps pour changer la société brésilienne, mais a été remplacé par une candidate, Dilma Rousseff, qui n’était pas douée de son charisme et a fini par être destituée le 31 août 2016.

En prison.

Lula a comparu devant la justice et a fait de la prison. Peut-être a-t-il été, comme il le clamait, victime d’une injustice. Mais il aurait dû préparer l’un de ses fidèles à sa succession, même s’il lui était difficile de résister à l’appel enthousiaste du peuple brésilien. À 77 ans, ce piètre orateur a fait une campagne médiocre et dont les idées ont été complètement brouillées par le discours populiste et tonitruant de Bolsonaro.

Mais ni les Brésiliens, s’ils n’avaient pas été manipulés, ni les étrangers qui comptent tous sur le « poumon du monde » n’étaient placés devant un réel dilemme. Le bilan de Lula parle pour lui alors que celui de Bolsonaro est catastrophique. Il a laissé la pauvreté progresser dans un pays aux ressources importantes, limité les libertés et fera tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher ou ralentir les réformes qui doivent être impérativement mises en place.

Lula est indispensable.

Peut-être Lula n’était-il pas le candidat idéal de la gauche, mais, comparé à Bolsonaro, il devenait indispensable. Le Brésil mérite mieux que cette victoire indécise, il mérite un président compétent, honnête et rigoureux. C’est la huitième puissance du monde et, à ce titre, son niveau de vie pourrait s’élever rapidement. Lula s’enorgueillit de ce qu’il a fait pendant les huit années qu’il a passées au pouvoir. Il serait absurde de s’appesantir sur une corruption qui n’a pas empêché  la formation d’une classe moyenne, principalement par une redistribution des fonds publics.

RICHARD LISCIA

 

 

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