Le cas Le Graet

Noël Le Graet avec Didier Deschamps
(Photo AFP)

Noël Le Graet, président de la Fédération française de football, propriétaire d’une affaire agroalimentaire, ancien maire socialiste de Guingamp, devait être reçu aujourd’hui par la ministre des Sports au sujet de certains de ses propos insultants pour des joueurs de football et de ses comportements sexistes.  

CE N’EST PAS d’aujourd’hui que M. Le Graet, statue du commandeur dans le monde du football français, fait face à des accusations de sexisme qu’il a assorties récemment de propos injurieux pour ceux qu’il est censé protéger. Âgé de 81 ans, il est peu probable qu’il soit gagné par le gâtisme. Ses récentes remarques sur Zinedine Zidane, pressenti comme successeur éventuel de Didier Deschamps, étaient marquées au fer rouge : il a exprimé une antipathie épaisse contre l’ancien champion et coach, et conformément à l’étrange réputation qu’il a acquise, il a condamné Zidane à la retraite sans autre forme de procès.

Monarque absolu.

Aujourd’hui, c’est lui qui risque d’abandonner la vie active. Sa présence à la tête de la FFF n’est pas un cadeau du ciel. Depuis 11 ans, il est régulièrement élu et réélu. Mais sa façon de parler et sa conduite avec les femmes et les hommes sont devenus un tel scandale qu’il faciliterait la tâche de la ministre s’il démissionnait. Plutôt que de se perdre en conjectures sur ce qui ce passe dans la tête de M. Le Graet, il est préférable de le comparer à l’un des ces hommes politiques qui, parvenus au faîte des honneurs et des fonctions, croient qu’ils dominent le monde qu’ils dirigent, confondant peut-être monarchie absolue et démocratie républicaine.

Saillies impitoyables.

Il s’agirait donc d’une dérive, nourrie par un excès de pouvoir qui révèlerait chez Noël Le Graet un mépris pour ses semblables, l’illusion de l’invincibilité, et le refus de s’amender. À quoi s’ajouterait un malin plaisir à scandaliser la société française, d’ailleurs indifférente à ses rodomontades. Il a fallu que des M’Bappé  expriment leur indignation pour que le roi Le Graet apparaisse enfin dans toute sa nudité. Il est difficile de croire qu’il puisse s’amender car ses saillies impitoyables ne font pas seulement chuter leurs victimes, elles les piétinent. Un exercice de violence verbale parfaitement gratuit, mais propre à satisfaire la moins pardonnable des mégalomanies.

Corruption.

L’affaire Le Graet s’ajoute à tous les scandales que produit l’hyperconsommation de football en France et dans le monde : corruption, domination d’un sport par l’argent, instrument de pouvoir, par exemple pour le Qatar, comme on l’a vu récemment à propos du choix de ce pays pour le Mondial. En France, il a suffi d’une bonne tenue de notre équipe nationale pour que nous oubliions les frasques des Messieurs en costume cravate qui gravitent autour des terrains. La passion pour le foot n’est pas exactement une passion créatrice. Elle ne va pas sans vulgarité et rend aveugle à des comportements susceptibles d’entraîner des conséquences judiciaires. Au moment où on s’apprête à reporter à 64 ans le départ à la retraite, on peut penser que Noël Le Graet, à 81 ans, a eu 17 ans de rabiot.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Le cas Le Graet

  1. Jean Vilanova dit :

    Cet homme est relâché, dans sa tête comme dans sa mise. Il n’est que de le regarder ou l’écouter une minute pour s’en convaincre. En ce qui le concerne, j’oscille entre le dégoût et la pitié. Et, en dépit de ses nombreux dérapages notamment envers les femmes, qu’il ait fallu qu’il s’en prenne à « l’icône Zidane », pardon « Zizou » pour qu’enfin on songe à s’en débarrasser en dit long sur les mentalités dans le monde du football et au-delà. Quant au rugby, c’est pareil ou presque ; un président condamné pénalement qui se met simplement en retrait en installant à sa place l’un de ses séides alors que la France organise une coupe du monde dans quelques mois… de beaux ambassadeurs !

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