France-Israël : les points sur les i

En 2020
(Photo AFP)

Benjamin Netanyahou est ce diable d’homme qui,  après de longs passages au pouvoir, a obtenu sa réélection en s’alliant avec l’extrême droite israélienne. Ce choix, fait pendant une période de violences particulièrement alarmante, n’a pas fait de lui un paria de la politique. Le voilà qui arrive à Paris pour y avoir des discussions avec le président Macron, toujours ouvert pour des consultations.

IL EST peu probable que le Premier ministre israélien trouve en M. Macron un allié impassible. Le soutien inaltérable de la France à l’existence de l’État d’Israël permet au contraire quelques échanges de vues francs et directs. Il demeure que M. Netanyahou a pris comme ministre de la Sécurité Itamar Ben Gvir, anti-Palestinien proche du racisme. Le seul atout du Premier ministre israélien, dans ces conditions, c’est peut-être que la France peut lui dire ce qu’elle ne dit pas à M. Ben Gvir.

Accords d’Abraham.

Chaque jour, par leurs attaques et attentats, les Palestiniens rappellent à Israël qu’on ne peut pas les réduire à néant et que le problème de la sécurité de la région ne sera pas résolu s’ils n’obtiennent pas un État aux frontières reconnues. Israël a renoncé à l’hypothèse de deux États vivant pacifiquement côte-à-côte, mais le choix qui lui est mainenant offert est soit la conquête de la Cisjordanie où règnerait la domination d’une minorité juive, soit l’exil en Jordanie de tous les Palestiniens. Ces deux perspectives sont contraires au droit international, terriblement injustes et sans doute inapplicables. Le pire, dans l’affrontement israélo-palestinien, c’est l’illusion qui anime la droite israélienne : forte des accords dits d’Abraham qu’elle a passés avec plusieurs pays arabes, elle croit qu’elle peut résoudre le problème palestinien par le fait accompli.

Ce n’est jamais le moment.

M. Macron, pour sa part, a répété qu’il était partisan de la solution à deux États. Il est vrai que nombre de Palestiniens, écœurés par l’indifférence du monde, l’apathie de leurs soutiens traditionnels et surtout l’inefficacité complète de la violence, songent à une conquête d’Israël de l’intérieur, en se lançant dans une course démographique. On dit souvent que ce n’est jamais le moment de s’attaquer au problème palestinien.  C’est encore vrai aujourd’hui, à cause de la guerre en Ukraine. Tout est lié : sollicité par l’Ukraine pour qu’il lui livre des avions de combat, Israël a été mis en garde par Vladimir Poutine, qui a toujours à la bouche la pire des menaces.

Une régression.

Ce n’est pas ma faute, dira Netanyahou à Zelensky. Je voudrais être un modèle  pour l’Occident mais il ne faut pas jouer au plus fin avec Poutine. Spécialiste de la longévité politique, le chef du gouvernement israélien attend que Joe Biden perde les prochaines élections américaines et qu’il soit remplacé par des républicains bon teint, sinon par Donald Trump. La démarche de Netanyahou est tout simplement une régression. C’est la négation de tout ce qui a légitimé la création de l’État d’Israël ; c’est le choix de la violence plutôt que de la paix ; c’est une politique fondée sur l’injustice : les Palestiniens auraient commis tant de crimes qu’ils ont perdu leur qualité d’interlocuteurs valables.

Ce n’est pas de cette manière que s’écrit l’histoire. Adepte de la performance, M. Netanyahou, au lieu de passer son temps à revenir au pouvoir, aurait pu faire le choix d’être l’homme de la paix dont les Palestiniens ont besoin pour survivre et dont les Israéliens ont besoin pour ne pas perdre leur innocence.

RICHARD LISCIA

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