La France « à genoux »

Martinez et Brun quittent Matignon
(Photo AFP)

La réforme des retraites prend une bien mauvaise tournure, avec un forme de guerre civile peu appropriée à un pays stable. On croirait que s’affrontent des Russes et des Ukrainiens. Tandis que syndicats et gouvernement se livrent un combat acharné, les grévistes, peu soucieux du droit des citoyens à la mobilité, entendent poursuivre tous les blocages à partir de demain.

CETTE CRISE a duré trop longtemps pour espérer qu’elle se dégonfle en quelques jours. La réforme est trop détestée par le public pour qu’il tienne compte des inconvénients sérieux qu’elle lui apporte. Dès dimanche, des barrages filtrants étaient installés sur les routes ; les écoles seront pratiquement vides mardi, ceux qui le peuvent se replieront sur le télétravail. Nous sommes là devant un cas d’école : les syndicats, qui s’estiment maltraités, ne reculeront pas d’un pouce ; le gouvernement, qui a mis toute son énergie dans la réforme, ne reculera pas non plus. On peut donc s’attendre à une grève longue et dure qui coûtera cher à l’économie.

Vers le chaos.

L’histoire dira qui, des pouvoirs publics ou des organisations syndicales, est responsable du chaos vraisemblable qui va se produire. Les conséquences politiques de la grève sont évidentes : la majorité, inquiète, va s’effriter. Les Républicains qui ont joué avec le feu pendant toute la procédure parlementaire pour faire admettre à l’opinion que ce sont eux et non les députés de la majorité qui ont écrit la réforme, seront accusés d’opportunisme. La gauche Nupes a tout simplement oublié de défendre les intérêts du peuple et des entreprises en multipliant les amendements et les actes d’obstruction ; le Rassemblement national, exceptionnellement discret, attend de cueillir les marrons de feu.

Prise d’otages.

On peut être pour ou contre la réforme. On ne peut pas nier que l’intérêt supérieur du pays, croissance, emploi, stabilité a été remplacé par l’intérêt des partis, qui cherchent davantage à gagner des effectifs qu’à protéger les victimes de la prise d’otages. On s’adressera de la même manière à Emmanuel Macron. Il veut cette réforme, et il en fera d’autres, sur l’immigration notamment. Mais il ne peut pas accepter de démolir le pays sous le prétexte qu’il veut meubler son second mandat par des actes décisifs.

L’entourloupe du siècle.

C’est comme à la foire où, pour avoir un cadeau, il faut abattre le plus grand nombre de silhouettes. La réforme des retraites est nécessaire ; il n’y a pas de bonne réforme sans prolongation de toutes les carrières ; nous n’avons pas assez d’actifs qui paient avec leurs cotisations les pensions de leurs aînés  ; je ne sais pas où Laurent Berger (CFDT, syndicat réformiste) a trouvé l’idée que la « mesure d’âge » était le la pire des tares sociales. Aujourd’hui, on vit plus longtemps, avec une meilleure qualité de vie. Ce n’est pas le moindre paradoxe que le projet d’Emmanuel Macron ait été présenté comme l’entourloupe du siècle.

Les bannières négatives de la  CGT.

Ce qui est sûr, c’est la nocivité de la grève reconductible et du blocage. Ce sont deux valeurs négatives que la CGT brandit triomphalement comme si elle étaut mue par la justice. On verra jusqu’où les grévistes pourront tenir, de combien de salaires ils seront privés. On verra si le maintien des régimes spéciaux, privilège féodal, sera accepté encore longtemps par le citoyen lambda qui n’est rien aux yeux de l’âme damnée de Philippe Martinez à la CGT, Laurent Brun.

Le monde nous observe à la fois avec stupeur et inquiétude : mais où ces diables de Frenchies croient-ils aller de ce pas ? S’il y a du courage dans la révolte, il n’y a plus que bêtise dans la plus mauvaise des analyses. Les grévistes ont su se faire entendre. Mais ignorer la logique arithmétique qui nous est proposée par les pouvoirs publics, c’est pur aveuglement.

RICHARD LISCIA

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