Macron inflexible

Macron veut changer le travail
(Photo AFP)

Comme il l’avait dit, le président de la République ne remaniera pas, ne dissoudra pas et ne démissionnera pas. Il garde Élisabeth Borne à la tête du gouvernement. Il replace la réforme des retraites dans le contexte du travail en France.

LA SURPRISE serait venue d’un autre discours. Non sans une certaine exactitude, le président a énuméré les raisons qui ont rendu si difficile l’adoption du projet. La bataille contre le Covid, la guerre en Ukraine, l’inflation, mais surtout la dépense entraînée par la pandémie et qui a pu donner le sentiment aux Français qu’il y aura toujours assez d’argent en France et qu’ils n’ont plus besoin de travailler. Il a donc tenu des propos raisonnables qui ne convaincront personne parmi ses opposants, mais qui persuaderont ses électeurs et soutiens que le pays n’a pas d’autre choix que de travailler plus pour produire plus et gagner plus.

Il faut à tout prix un vainqueur.

Il n’a pas renoncé à apaiser les foules en colère, les syndicats intransigeants, les gens exaspérés. Il a eu des mots de compréhension et même de réconfort. Mais la réforme ira à son terme, sera appliquée. Il pense à l’inclure dans une réforme du travail qui accompagnera la création de nouveaux emplois. Il voit l’avenir avec optimisme alors que ses adversaires imaginent un futur de désolation. Pour l’entendre, il faudrait que ce peuple ait des oreilles et qu’il croie davantage à ses institutions, qu’il reconnaisse la légitimité de ses élus de tous bords, à commencer par le chef de l’État lui-même. Il y a tout lieu de craindre que les Français seront dépités, encore plus énervés et fâchés. Le rapport avec l’Élysée est devenu combatif : il faut à tout prix un vainqueur, le peuple et que, s’il perd, il devienne un martyr.

Sombre avenir.

Mais il n’y a de salut pour nous que dans l’activité et dans la productivité. Ce n’est pas une erreur d’avoir réélu Macron ; certes sa solitude doit l’étreindre, mais c’est aussi le signe d’une pensée qui ne recule pas sous l’effet de la contradiction et même, parfois, de la peur. L’avenir immédiat est sombre, conflictuel. Ils veulent faire grève et manifester, ils veulent bloquer, il faudra réquisitionner. Il faudra passer par une aggravation de la querelle, sanctionner et punir. On se dit que le jeu n’en valait peut-être pas la chandelle, Macron nous a dit en quoi la réforme est essentielle, indispensable au pays.

Un paradoxe.

On ne perçoit aucun signe de réconciliation. Comme s’il fallait en découdre jusqu’à la défaite du président de la République. Cela pose la question de la personnalité appelée à lui succéder au cas où il s’en irait. Paradoxe des paradoxes : il est irremplaçable. Son mandat a d’abord le défaut dêtre tronqué. Il faudrait quelqu’un qui refasse la société  en faisant table rase des six années de Macron.  Mais tout de même quelqu’un, au fond, qui terminerait le travail de Macron. Il n’y a strictement rien à dire de l’impopularité du président, mais il occupe le terrain et au fond, il est le seul à pouvoir façonner l’avenir.

Le Conseil constitutionnel garantira ou non la validité de la loi. Macron n’y voit aucune objection. Le Conseil est le dernier espoir des opposants. Il est peu probable, pourtant, qu’il  la vide de son contenu. Le projet est replâtré, coupé, remodelé, refaçonné, différent de ce qu’il était, mais ressemblant à ce que voulait le pouvoir : toute cette haine pour ces exercics de styles, pour ces discours pompeux. On en pleurerait.

RICHARD LISCIA

 

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Macron inflexible

  1. Dominique S dit :

    J’avais compris que la dette Covid justifiait d’être encore plus rigoureux, en matière d’équilibre budgétaire. Mais certains ont compris exactement le contraire: Le Covid aurait prouvé que l’argent était si facilement disponible, qu’il était plus logique de le dépenser plutôt que de l’économiser.

  2. Laurent Liscia dit :

    Pas si funeste, le 49/3. Et pas sûr que le perdant soit Macron à l’arrivée. On verra bien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.