Un soupçon d’apaisement

Seule contre tous
(Photo AFP)

Les syndicats ont accepté l’invitation d’Élisabeth Borne, Première ministre, à dialoguer sur la réforme des retraites à Matignon. La question est de savoir s’ils vont parler des mêmes sujets.

D’EMBLÉE, le gouvernement a fait savoir qu’il n’est pas question d’évoquer la mesure d’âge, votée par le Parlement. Et les syndicats ont indiqué qu’ils mettraient fin au dialogue si on ne revenait pas sur la retraite à 64 ans. De sorte que les discussions commencent mal et risquent de ne mener nulle part. De son côté, Emmanuel Macron a indiqué que « en cas de très grosse crise », il procèderait à des élections anticipées. Le pouvoir ne pourra pas, en conséquence, progresser vers la fin du tunnel sans mettre au point un schéma nouveau de conversation.

Parler du travail, pas de la retraite.

L’idée sous-jacente, c’est de régler la réforme des retraites en l’incluant dans une vaste concertation sur le statut du travail, qui inclurait le temps de travail dans la semaine, dans l’année et dans la vie. Ce serait une action lente et fastidieuse, qui implique que la réforme serait mise entre parenthèses pendant plusieurs mois. Le gouvernement a voulu précipiter les choses alors qu’il n’y avait aucune urgence, le déficit des caisses de retraite étant encore absorbable. Il y a eu, dans cette longue histoire qui n’est pas terminée, deux points d’ancrage qui ont sauté : la présentation de la mesure d’âge comme remède unique à la crise des retraites et le refus viscéral des syndicats de la mesure d’âge.

Le péril récessionniste.

Pourtant, cette crise doit être réglée au plus vite car elle affaiblit le pays. La publication des indices économiques les plus récents montre que le déficit et la dette en 2022 vont diminuer par rapport aux prévisions. La croissance sera plus lente cette année, mais si les Français continuent à se quereller, il y aura une récession. Se pose donc laquestion de la nécessité de la réforme, dont les analyses les plus favorables au pouvoir montrent qu’elle est rejetée par les trois quarts des Français. Certes, elle contribuerait à un redressement de nos comptes, mais elle entraînerait aussi un chaos politique dont les prémices se font sentir.

La performance de Borne.

Il me sera permis d’admirer ici la performance d’Élisabeth Borne. Après le 49/3, on s’attendait à son limogeage, les caprices des rois  aboutissant à des mesures injustes. Macron lui a renouvelé sa confiance, mais pour combien de temps ?  Il est paradoxal qu’un Premier ministre rencontre aussi vite ses limites. Il met en œuvre une politique à laquelle il n’a pas le droit d’apporter des nuances. Il doit s’engager dans une action suicidaire, comme tout bon fusible,  mais il n’est pas assuré de tomber sur une cause qui l’enthousiasme. Avec la négociation qui vient d’être décidée, il semble que Mme Bone ait obtenu un répit, pour autant qu’elle parvienne à ramener les syndicats dans le giron de la concertation.

Elle n’est sûre de rien, ne s’effraie de rien, laisse pleuvoir les invectives envoyées par les députés de l’opposition, ne se fâche pas, ne rit guère, a des nerfs d’acier. Macron a changé trois fois de Premier ministre, ils avaient chacun leurs qualités. Élisabeth Borne est celle qui a subit la plus grosse tempête  des deux mandats. Elle ne s’esclaffe pas mais elle ne bronche pas.

RICHARD LISCIA

 

 

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