La polémique de trop

On parle beaucoup de Darmanin
(Photo AFP)

Enregistrement à l’appui, les manifestants contre les bassines des Deux-Sèvres affirment que les forces de l’ordre ont refusé d’envoyer des secours  à deux des leurs qui ont été grièvement blessés. La video indique bien le refus mais il est attribué à la violence des casseurs.

L’ENQUÊTE DIRA ce qu’il en est de cet épisode. S’il est vérifié, il ira directement au passif du gouvernement.  S’il est démenti, il laissera quand même une trace. Un général de la gendarmerie a exprimé ce matin son indignation : il a rejeté avec vigueur l’idée que les forces de l’ordre puissent  se compromettre dans une sorte de complot tacite contre toute forme de manifestation. L’affaire aura un impact négatif sur la loi de réforme des retraites, qui continue à bloquer le pays.

Un avant et un après.

On s’interroge, bien sûr, sur ce qu’Emmanuel Macron va faire. Hier, on a cru sentir l’idée de reprendre la négociation au gouvernement et à la CFDT. Mais déjà, des exclusives sont prononcées : pas question de discuter de la mesure d’âge, qui a été approuvée par les députés, déclare la Première ministre. Rien ne nous empêchera d’en parler, répond Laurent Berger (CFDT). La vérité plus large, c’est qu’il y a un avant et un après la réforme des retraites. En réalité, que la réforme soit mise en œuvre ou non, elle affecte la popularité du président au point où il n’est plus considéré comme un interlocuteur valable.

Un remaniement probable.

Macron sait donc que, pour apaiser le pays, il doit faire un geste spectaculaire. Ce pourrait être un remaniement gouvernemental, avec changement de Premier ministre. Ce serait fort injuste pour  Élisabeth Borne qui n’a pas démérité et a loyalement cherché à  mettre en place la réorme des retraites. Mais on ne faut pas une bonne politique avec de bons sentiments. Pour Macron, changer de gouvernement est probablement l’option la moins dangereuse. Les candidats ne manquent pas, ce serait une façon d’assurer l’opinion qu’il a entendu ses récriminations, mais peut-être que le mouvement Renaissance, qui s’est, avec le temps, déporté à droite, doit maintenant recruter du personnel venu de la gauche.

Le « en même temps », c’est du Macron.

À droite, les candidats pullulent : Darmanin, Le Maire, Édouard Philippe et d’autres. À gauche, pas de candidats. Si, en conséquence, il s’agit de surprendre le peuple, l’effet émotionnel sera complètement raté. Les trois hommes que j’ai nommés sont compétents pour la fonction, mais ils n’ont pas la capacité d’amollir la gauche. Voilà pourquoi Macron hésite. Pour terminer son mandat dans le calme, il doit nommer un Premier ministre de gauche, alors qu’il a tendance à oublier qu’il fut le champion du « en même temps ».

Temps perdu.

La France a perdu du temps avec la réforme des retraites. Il faut d’abord confirmer que le projet est adopté ou qu’il ne l’est pas ; ensuite, il faut ouvrir une large concertation sur le travail ; poser la question du refus de travailler d’un nombre élevé de personnes ; et enfin Macron a tout intérêt à remettre en selle les idées de son premier mandat, en recherchant  une majorité de deux Français sur trois, chère à Valéry Giscard d’Estaing. On compare souvent les deux hommes. Giscard, en effet, a été un réformateur comparable à Macron. Il n’a pas été réélu, Macron l’a été, mai pas pour le meilleur.

RICHARD LISCIA

 

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