Retraites : immobilisme

Macron et Berger dans des temps meilleurs
(Photo AFP)

L’actualité peut nous distraire, comme le procès de Donald Trump, mais chaque fois que nous regardons la crise sociale en France, l’espoir d’une détente semble reculer.

GOUVERNEMENT et syndicats campent sur leurs positions. Leur désaccord tourne autour de la mesure d’âge qui, en somme, représente l’axe de la réforme. De sorte que nous avons deux adversaires qui espèrent imposer leur point de vue. L’exécutif est contraint à la fois par la mobilisation de nos concitoyens, largement hostiles à la réforme, et par le recours à l’article 49/3 de la Constitution dont il se serait bien passé s’il n’avait compris qu’il était incapable d’obtenir la majorité  absolue sur un projet contesté.

Remaniement ou dissolution.

Les autres options comprennent un remaniement gouvernemental avec changement de Premier ministre et inclusion des républicains dans la nouvelle équipe. Ou une dissolution de l’Assemblée nationale et des élections anticipées. Les deux hypothèses sont hasardeuses. LR, en effet, ne serait pas un partenaire facile, car c’est un parti divisé qui n’a même pas la force de faire face à des élections qu’il perdrait et qui craint comme la peste sa collaboration avec le nouveau gouvernement. On retrouve, après le recours au 49/3, les mêmes impasses qu’avant.

Quelqu’un doit céder.

Emmanuel Macron, qui part aujourd’hui pour la Chine, n’est pas homme à se laisser dicter son destin. Il abandonne la gestion de la crise à Élisabeth Borne qui tient bon, ce qui n’est pas un exploit négligeable dans une période aussi tendue. Elle sait que, dans l’affrontement entre l’exécutif et les syndicats, elle est l’élément le plus vulnérable, mais elle fait son travail avec un sang-froid remarquable. Cependant, de toute évidence, le pays ne peut pas rester en l’état : quelque chose, dans la construction de la loi, ou dans la tête des adversaires, doit céder.

Rejet viscéral.

Le meilleur moyen de ne pas courir au désastre, avec une France en flammes, une opinion écœurée et un gouvernement affaibli, c’est de reprendre la discussion sans conditions préalables. Par exemple, le pouvoir doit expliquer la mesure d’âge et les syndicats doivent dire pourquoi ils sont satisfaits de leur rejet viscéral. Et il faut donc suspendre l’application de la loi, remettre la France au travail et reprendre la négociation. C’est le seul moyen de faire en sorte que personne ne perde la face, que les manifestations diminuent d’intensité et que la violence disparaisse des centres-villes.

Le choix du réalisme. 

Ce choix ne serait pas celui de la bien-pensance, mais celui du réalisme. Là où il y a violence, il y a régression. Certains syndicats font la démonstration que, grâce à la violence, des progrès sont acquis, comme ce fut le cas avec les gilets jaunes. Mais personne ne peut nier que la dépense ne règle pas tout, que nous sommes collectivement tenus de contribuer à lutte contre le déficit et la dette, et qu’aucun de nos concitoyens, y compris les plus pauvres, n’échappe à cette responsabilité.

Il faudra du courage pour que Macron recule et accepte l’humiliation. Il en faudra à Laurent Berger (CFDT) pour sortir de l’irrédentisme où il s’est réfugié. En toute circonstance, l’intelligence est une affaire de flexibilité.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Retraites : immobilisme

  1. Dominique S dit :

    Vous avez vous même évoqué la dissolution comme solution ultime. Je n’en vois pas d’autres, si les choses en restent là. LFI vient de subir un échec électoral dans une élection partielle. Le RN est à l’affut. On sait ce qu’on perd, mais on ne sait pas ce qu’on gagne. Les Français sont-ils assez bêtes pour un grand saut dans l’inconnu ? Les Anglais l’ont été et ils semblent aujourd’hui le regretter.

  2. paskal dit :

    Le gouvernement ne pourrait-il pas demander que l’opposition et les syndicats proposent une alternative financière au retrait de la loi ? Ce serait une belle discussion dans l’hémicycle…

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