Exécutif : de l’eau dans le gaz

Royal : mieux vaut en rire
(Photo AFP)

Dans un entretien  publié ce matin, Élisabeth Borne a recommandé « l’apaisement », une « pause » et la poursuite du dialogue avec les syndicats. De Chine où il se trouve en visite, Emmanuel Macron a maintenu son langage agressif et renouvelé ses attaques contre Laurent Berger (CFDT).

ON NE PEUT PAS encore dire que le président et la Première ministre sont en désaccord. S’agit-il vraiment d’une différence politique et idéologique ? Ou seulement d’une tactique, celle du good cop, bad cop, destinée uniquement à alterner le chaud et le froid avec les syndicats ? La gauche met en relief le désaccord entre les propos des deux têtes de l’exécutif, et souhaite l’encourager. Elle n’a pas encore compris que le chef de l’État tient les clés du conflit social.

Aucun résultat.

De toute façon la crise est suspendue à la décision du Conseil Constitutionnel, chargé d’avaliser tout ou partie du projet de loi sur la réforme des retraites, ce qui n’empêche pas la demande syndicale d’un référendum d’initiative partagée. Cela signifie clairement que les incertitudes s’accumuleront jusqu’à vendredi prochain, date du jugement du Conseil. Pendant ce temps, la mobilisation faiblit, mais la tension et la violence demeurent. Le président de la République va rentrer de Chine et repartira le 11 avril pour la Hollande. L’hostilité à la réforme ne cesse de croître et les mots lénifiants de Mme Borne n’ont pas donné de résultat.

Nupes : le bazar.

La crise est aggravée par les tensions spécifiques à la gauche. La socialiste Martine Froger a été élue dans l’Ariège contre une candidate plus radicale. Mme Froger s’est rendue à Foix où elle a été insultée et aspergée d’eau. Elle a préféré quitter la scène, alors que l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve exprimait sa colère contre le traitement réservé à l’élue par la Nupes : ainsi se passe la vie politique en France et en 2023, dans la hargne et la violence, les élus au suffrage universel étant considérés comme des « social-traîtres ». On mesure maintenant l’erreur stratégique des socialistes de la Nupes, qui se sont livrés pieds et poings liés à Jean-Luc Mélenchon et LFI, si bien qu’ils font la pluie et le beau temps. Et pour qui obtenir une majorité est un crime, tandis que des forces marginales contestent de facto un vote démocratique.

Le coup de pied de l’âne.

Emmanuel Macron est certainement perturbé. Il résiste, principalement parce que les oppositions politiques se sont liguées contre lui, mais disposent de voix qui ne s’additionnent pas. Pour évaluer la température du pays, il suffit de se référer aux déclarations venimeuses de Ségolène Royal, qui, quand elle était ministre, avait confié à Mme Borne la direction de son cabinet. Interrogée par un journal, Mme Royal se souvient d’une « technocrate » dont les subordonnés étaient « malheureux » de travailler avec elle. Curieux que les deux dames aient fait un bout de chemin ensemble. Oui, mais à l’époque, Ségolène n’était pas candidate à la présidence de la République. Bref, Mme Royal a donné le coup de pied de l’âne à Mme Borne.

Nous sommes désormais dans un monde dépolitisé, on n’acccorde plus la moindre importance à la sincérité. On préfère les coups de Jarnac et couvrir l’adversaire de goudron et de plumes pour faire de lui un être si inférieur que son agresseur apparaisse comme le remède à tous nos maux. Personne ne voudrait remplacer Mme Borne à Matignon. Mais personne non plus ne voudrait ressembler à Ségoléne Royal, perpétuelle prétendante au pouvoir et qui, n’obtenant aucun des postes qu’elle espère, se venge en distribuant aux uns et aux autres les bons et mauvais points décernés par la monarchie.

RICHARD LISCIA

 

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