Le blues des oppositions

Déjà le divorce ?
(Photo AFP)

La rare impopularité d’Emmanuel Macron ne profite guère aux oppositions : le Rassemblement national est dans l’expectative tout en essayant de gagner les galons de la crédibilité, et la Nupes, coalition de gauche, est creusée de divisions entre les communistes et les autres, les socialistes et LFI et à l’intérieur même du parti socialiste.

DEPUIS le projet de loi sur la réforme des retraites, les oppositions ont brillé par la surenchère sans être capables de présenter un projet de gouvernement. Rentré de Chine, le président de la République se rend cette semaine aux Pays-Bas, affectant de considérer le domaine régalien comme son unique préoccupation. Les observateurs ont décelé de fortes différences d’analyse entre le chef de l’État et sa Première ministre, qui prône l’apaisement quand il refuse de céder aux syndicats sur la mesure d’âge.

Changer de Premier ministre ?

Un départ éventuel d’Élisabeth Borne serai triste (et injuste), mais n’affecterait pas outre mesure M. Macron. Lequel ne cesse, depuis 2017, de s’abriter derrière la Constitution pour lutter contre l’hostilité des syndicats à la réforme. Comparé aux minces marges de manœuvres de la droite, de la gauche et des syndicats, il progresse plus que ce climat chauffé à blanc par  la protestation nationale. On a tout imaginé, une crise de régime, une dissolution de l’Assemblée et des élections anticipées, Macron pourrait changer de Premier ministre et repartir du bon pied.

Le président a changé.

Le limogeage de Mme Borne serait injuste, mais les procédures politiques autorisent en France un grand nombre de gestes à la fois durs et désagréables du président à l’égard de son entourage le plus proche. Il ne fait aucun doute que le président a changé. Il a alimenté des espoirs qu’il n’a pas su satisfaire ; il a aussi été combattu par des opposants saisis par la démagogie. L’élu de la Nupes (PS) Boris Vallaud ne l’a-t-il pas traité de forcené ? Il se prend pour Navalny et croit se dresser contre Poutine, alors que son parti et sa coalition sont incapables de présenter un programme et que sa caractérusation de l’adversaire est artificielle.

Peuvent-ils s’unir ?

Le bilan de cette séquence, c’est qu’aucun parti politique n’est en mesure d’arracher le pouvoir au président. On croit que la réélection de Macron à un second mandat fait de lui un canard boîteux, la vie politique en France n’a jamais été aussi agitée. Il est bien peu probable, aujourd’hui, que la réforme finisse par s’enliser. Macron acceptera les amendements proposés par le Conseil constitutionnel, ce qui validera un peu plus la réforme.Du coup, les partis politiques s’organisent autour d’un référendum sur les retraites. Encore faut-il qu’ils réunissent les 4,5 millions de votes requis, qu’ils se mettent d’accord sur la question à poser, bref qu’ils s’unissent alors qu’ils sont divisés.

Contre la stagnation, le mouvement.

Enfin, on ne voit pas en quoi la réforme des retraites devrait passer le test du  référendum, après l’avis donné par le Conseil constitutionnel. Il y a beaucoup d’agitation dans les oppositions, mais elles restent inefficaces alors que l’exécutif s’en sert pour déterminer le mouvement. Dans le jeu de qui sera le plus légitime, les partis ne sont pas en train de gagner, alors que le président peut se targuer de n’avoir jamais trahi la Constitution. Jean-Luc Mélenchon veut en changer, mais d’autres partis se couleront avec délices dans le format de la Ve République, comme Mitterrand l’a fait après avoir dénoncé le « coup d’État permanent » fomenté selon lui par le général de Gaulle.

La réforme des retraites a été lancé dans un pays qui lui est allergique. Elisabeth Borne a jugé utile de pratiquer une forme d’ouverture aux syndicats, Macron est contre et sa méthode prévaudra.

 

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Le blues des oppositions

  1. Dominique S dit :

    Imagine-t-on vraiment que Macron puisse reculer ? S’il faisait cette grosse erreur, il serait évidemment incapable de continuer à gouverner pendant les 4 ans qui viennent. Mais il faut reconnaitre que le langage des mots, utilisés par ses nombreux opposants, est d’une richesse incroyable. Le mot « richesse » doit bien sûr être pris dans le mauvais sens du terme. Etonnez-vous dans ces conditions, que les sondages anti-Macron soient montés à 75 % ! Je suis très heureux de voir que la grande majorité des avis donnés sur ce blog défende la cause qui me paraît la bonne.

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