En attendant l’oracle

Adrien Quatennens à l’Assemblée
(Photo AFP)

Vendredi, le Conseil constitutionnel rendra son jugement sur la réforme des retraites. Il est peu probable qu’il censure la totalité du texte. Il est plus vraisemblable qu’il en conteste certains éléments. Paradoxalement, toutes les parties en présence attendent sa décision avec impatience. 

SI LA MESURE D’ÂGE est confirmée, sera-ce une victoire pour le gouvernement ? Le plan B des syndicats, c’est le RIP, le référendum d’initiative partagée qui rouvrirait le débat public. Mais il est préférable de procéder jalon par jalon. Le jugement du Conseil ne peut pas être ignoré. Les opposants à la réforme s’efforceront d’y trouver un aliment à leur hostilité, et si l’exécutif reste serein pendant le suspense, c’est parce que, bizarrement, il ne cherche plus à remporter une victoire. Il a surtout besoin d’être soulagé, de passer à autre chose et d’une nouvelle donne.

Le venin à la bouche.

Si la mesure d’âge n’est pas condamnée, les opposants se jetteront sur le RIP. Le gouvernement redoute cette hypothèse. Ce qu’il recherche, c’est un apaisement progressif de la crise. Il n’a pas d’amis : les Républicains, qui ont feint de faire un bout de hcemin avec lui, sont devenus ses plus censeurs les plus sévères. Marine Le Pen, reçue à Matignon, n’avait que du venin à la bouche pour commenter la rencontre. Ce qui se porte le mieux de nos jours, c’est le rouge de la révolution, du soulèvement, de l’irrédentisme. Le plus courant des récits historiques, c’est le Macron-bashing. On se moque bien de respecter la fonction, sinon l’homme. On minimise tous les moyens que Macron pourrait utiliser pour échapper à la vindicte populaire.

Le provocateur en chef.

On lui attribue plus de désespoir qu’il n’en ressent. Il ne changera pas. Il étonne le monde en s’éloignant de l’OTAN à propos de Taïwan. Il voyage pendant les tempêtes politiques, hier la Chine, aujourd’hui les Pays-Bas. Il est devenu, au milieu des multiples provocations de ses adversaires, le provocateur en chef. Je ne m’aventurerai pas à dire combien de temps il va durer, de quelle manière il finira pas quitter l’Élysée, face à qui ou à quoi il céderait, mais il a une façon inimitable de se battre en allant chercher les moins connus des articles de la Constitution pour imposer sa légitimité.

L’affaire Quatennens.

Il y a donc, dans l’affaire, du tragique teinté du grincement ironique de la machine politique. Macron est isolé, certes, mais armé d’une Loi fondamentale qui protège ses domaines régaliens. Il y a une mesquinerie insupportable à la France insoumise quand elle blanchit Adrien Quattenens de ses violences conjugales. Jean-Luc Mélenchon fait le droit en dehors de toute légitimité et c’est Macron qu’on sermonne. Les comportements des élus ont franchi, en de nombreuses circonstances, les règles du droit le plus élémentaire. Mélenchon à lui seul fait les carrières de ses amis, se réservant la capacité de les abandonner ou de les conduire au succès.

La lassante litanie des gémissements.

Cette inversion des valeurs n’est pas nouvelle. C’est une invention du millénaire, avec un échange du bien et du mal. Le populisme, le je-m’en-foutisme, la démagogie la plus crasse ont remplacé la vertu et, surtout, le civisme. On ne débat plus décemment, on attaque des élus physiquement. Le BCBG a cédé la place à la truanderie. Et le pire, c’est que le seul facteur de ce désastre, c’est le tableau sinistre que dressent de notre pays les forces les plus obscures. Cette très artificielle plongée dans le plus sinistre des abîmes a été compris par les Français comme un signal pour la complainte permanente. Ils ont tous une bonne raison de gémir et ils le font comme des acteurs de la commedia dell’arte, imitant ainsi le plus fou des scénarios classiques. À  la fin, cela en devient lassant.

RICHARD LISCIA

 

 

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