Evan Gershkovitz, 31, bilingue anglais russe, a été arrêté à Moscou où il enquêtait pour le compte du Wall Street Journal. Non seulement son arrestation signale une fois encore la haine de Poutine pour les États-Unis, mais Gershkowitz prend l’affaire avec fatalisme, la considérant comme une expérience utile.
GRAND, mince, jeune, Evan Gershkowitz est le fils d’immigrés russes en Amérique. Il est parfaitemenrt bilingue et très à l’aise dans la culture russe. Il fréquentait des gens susceptibles de l’éclairer sur le climat d’intrigues et de soupçons qui règne dans la Russie de Poutine et n’ignorait nullement qu’il prenait des risques. Lorsque le tribunal a lu l’acte d’accusation. Il a répondu : « J’ai compris ce que vous m’avez dit. Merci beaucoup ». On aura du mal à distinguer ce qui, dans cette forme rare de courtoisie, relève de l’apathie et ce qui relève de l’ironie.
Grand lecteur de russe.
En prison, Gershkowitz lit des livres en russe. L’ambassadrice américaine à Moscou a crié au scandale, ce qui lui a valu une forte réprimande de Poutine en personne. La Russie réprime à fronts renversés. Elle arrête les victimes et met en garde ceux qui les plaignent. Dans tout le pays règne une terreur universelle. Il est impossible de se dresser contre le maître du Kremlin. Poutine a faut savoir que Gershkowitz ne serait pas échangé contre un espion russe détenu aux États-Unis. La marge de la diplomatie américaine est donc très étroite.
L’enfer poutinien de l’intérieur.
On peut crier au scandale et couvrir Poutine de malédictions, ce n’est pas ce qui libérera Evan Gershkovitz. Lequel déjà, on suppose, écrit ses mémoires pour raconter l’enfer poutinien de l’intérieur. Maos, face à un régime qui n’est même plus le sien, dans le contexte d’une guerre en Ukraine fabriquée de toutes pièces et pour les pires raisons, il offre une incroyable image de candeur et d’innocence.
Un caprice de Poutine.
Mais les soldats américzins ne peuvent pas aller le chercher là où il est. Son avocat semble avoir compris que Gershkowitz est le meilleur avocat de la défense. Il est russe, américain, mais pas ukrainien. L’opinion russe n’a pas cette fois, été éduquée à la haine. Elle ne comprendra pas ce qu’un journaliste qui connaît si bien le russe fait dans une geôle poutinienne. Elle ne veut pas contribuer à cette nouvelle dérive de Poutine.
RICHARD LISCIA