Ces femmes toujours martyrisées

Iraniennes au bazar
(Photo AFP)

Le tableau est plus sinistre que jamais : au Pakistan, en Afghanistan, en Arabie Saoudite, en Iran, de très nombreuses femmes et filles sont persécutées, soit par le pouvoir en place, soit par les organisations terroristes. En Afghanistan, elles sont cernées à la fois par les talibans au pouvoir et par les djihadistes. 

LE FAIT EST qu’avec le temps, la répression des femmes s’est endurcie. À Kaboul, les talibans ont d’abord hésité, semblant tolérer les classes pour filles, puis viennent de se raviser au nom du dogme. L’énorme travail qui avait été fourni pour donner aux enfants et adolescentes les bases d’une éducation est maintenant prohibé. La géopolitique n’est pas étrangère au phénomène. Les régimes autoritaires se sont donné le mot pour que leurs programmes sociaux maintiennent les jeunes filles dans l’ignorance. De cette manière, l’espoir qu’elles pouvaient nourrir de trouver dans l’exil vers un autre pays musulman, mais plus tolérant, s’est envolé.

Rappprochement entre sunnites et chiites.

Les Occidentaux pensaient, à tort, que la scission entre le chiisme iranien et le sunnisme séoudien les empêcherait à jamais de se rapprocher. La haine et la peur que les femmes inspirent au pouvoir ont balayé un clivage naguère susceptible de plonger sunnites et chiites dans un conflit militaire. Cette évolution n’est pas séparée de la politique russe, l’objectif numéro un étant d’affaiblir l’influence américaine au profit de l’influence de Moscou. De même que les pays producteurs de pétrole se sont entendus pour réduire la production mondiale, de même ils se sont tous alignés sur le principe selon lequel les femmes n’ont pas de statut propre et sont soumises à la surveillance de leur famille, père, mari ou frère.

Le tombeau de la féminité.

La surenchère prend un tour parfois absurde, par exemple quand des terroristes de l’État islamique commettent un attentat contre un régime musulman, faisant des femmes de doubles coupables, d’être soumises au pouvoir central et de ne pas adhérer à l’EI. Cette vague de répression incontrôlée, c’est un peu le tombeau de la féminité : elles sont coincées entre le pouvoir et les criminels, elles n’ont aucune perspective d’évolution politique, elles doivent disparaître sous leur burka, Elles n’ont pas les moyens ou les papiers qui leur permettraient de voler vers l’Ouest et elles semblent condamnées à vivre dans leur prison nationale.

Les pôles infectés du monde multipolaire.

Il s’agit en outre d’un très sérieux échec de la politique occidentale qui, à travers l’ONU, a toujours tenté de protéger, mais en vain, les femmes musulmanes. Joe Biden avait dénoncé l’acte barbare du saoudien Mohamed Ben Salman, qui avait fait dépecer et fondre dans une cuve un journaliste saoudien dont la fiancée attendait à l’extérieur du consulat d’Arabie saoudite à Ankara. Puis, pour des raisons géostratégiques, Biden s’est rapproché de MBS. Lequel n’a pensé qu’à se venger de lui, en réduisant sa production de pétrole (exactement l’inverse de ce que le président américain lui avait demandé). De doctes observateurs continuent à souhaiter la formation d’un monde multipolaire, les voilà   servis : non seulement les nations musulmanes rejoignent le camp de Poutine, mais elles s’orientent vers une répression accrue des femmes.

L’enfer musulman.

Le monde multipolaire est la recette d’un abandon rapide des droits de l’homme et de la femme.  Il est diamétralement opposé à la démocratie. Quand on voit le président de gauche du Brésil, Lula, soutenir Poutine contre Zelensky, on mesure le recul de l’influence américaine. Lula a remplacé Bolsonaro, quel soulagement ! Il est favorable à Poutine, quelle désillusion ! Voilà que tout le monde s’y met pour faire du monde un enfer pour les femmes. Tant qu’une seule femme, musulmane ou non, ne sera pas respectée, la lutte contre la répression sera acharnée.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Ces femmes toujours martyrisées

  1. Doriel Pebin dit :

    Merci pour ce constat tristement lucide. Cela nous donne encore plus de raisons pour défendre les valeurs de la démocratie, des libertés, de l’égalité homme femme, du droit et de l’Europe. Néanmoins, cela prouve que nous faisons manifestement peur à tous ces autocraties phallo-centrées. Il ne faut surtout pas baisser les bras car la réalité est que les populations de ces pays autoritaires sont plus proches de nos valeurs comme le montrent leurs manifestations régulièrement réprimées (printemps arabes, biélorussie, Russie, Chine, Iran, Afghanistan…).

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