Lendemains qui chantent

La volupté indicible de la manlf’
(Photo AFP)

Certains de nos concitoyens se sont réveillés ce matin avec la gueule de bois ; d’autres sont satisfaits de la grande démonstration de force syndicale ; d’autres s’inquiètent de la violence qui a accompagné les manifestations. Personne n’a trouvé la recette de l’après-crise.

CE N’EST PAS que le gouvernement n’y pense pas, ni que deux ou trois syndicats dits réformistes ne sont pas soucieux de renouer le dialogue. C’est la confusion entre deux crises majeures, l’une sociale, l’autre politique  qui crée un brouillard aussi épais que celui des gaz lacrymogènes. En attendant les vertueux compromiis produits par la conversation, les parties en présence s’accrochent à des ambitions irréalistes. Les syndicats croient encore qu’ils peuvent faire abroger la réforme des retraites et le pouvoir n’est pas sûr d’être prêt à faire des concessions.

Tout ça va de soi.

Un paradoxe a voulu que le Conseil constitutionnel ait abrogé les éléments de la loi à consonance sociale (carrières longues et seniors). Il suffit de les y remettre, mais sans trop de circonvolutions. Il est indispensable qu’une personne ayant commencé à travailler à 18 ans prenne sa retraite plus tôt, si elle est munie d’un niveau de cotisations suffisantes. Il ne faut pas non plus qu’un senior de 62 ans soit mis au chômage sans émoluements pendant deux ans. Je dirais, quitte à passr pour un nouveau syndicaliste, que tout cela va de soi et que le gouvernement peut aller très vite dans la négociation.

On connaît les règles du jeu.

Il pourrait même annoncer délibérément des mesures en faveur des carrières longues et des seniors, cela détendrait immédiatement l’atmosphère. On connaît les règles du jeu. Elles sont implacables et on ne les changera jamais. Il ne faut pas que l’une des parties perde la face ; il ne faut pas qu’une partie soit humiliée ; il ne faut pas afficher la moindre arrogance et encore moins poser des conditions sine qua non.

Sables mouvants.

Quoi ? La sagesse enfin revenue dans ce si beau pays qui n’en a jamais eu à revendre et qui, ayant mis le pied dans la vase, s’est débattu et sombre maintenant dans les sables mouvants, à la manière des films d’horreur ? On voit le fossé béant qui sépare les deux France, celle qui revendique et celle qui octroie, et l’on se dit, épouvanté :« C’est une sécession ! ». Pas vraiment. Les grèves ont été inventées pour créer un manque : nous sommes tous les clients de gens qui ont fait la grève. C’est tout de même évident que nous avons besoin les uns des autres mais nous ne le reconnaissons qu’en nous chamaillant.

Guerre civile.

Il faut certes beaucoup de subtilité pour déceler dans un tel désordre les liens qui unissent le boucher au tailleur, mais au fond, ils existent. L’un a besoin de l’autre parce qu’il mange de la viande et l’autre a besoin de s’habiller. C’est la politique qui crée le désordre, puis le désarroi. C’est l’idée d’une stratégie qu’il faut conduire avec une férocité militaire. Et voilà pourquoi le terme guerre civile est si approprié.

RICHARD LISCIA

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