Le passé au service de Macron

Macron hier à l’Arc de triomphe
(Photo AFP)

Toutes les interventions publiques du chef de l’État ne méritent pas une exégèse, mais à l’occasion du 8 mai, Emmanuel Macron a choisi de montrer que l’évolution actuelle des forces politiques en France contient un danger pour l’avenir immédiat.

LE PRÉSIDENT s’est en effet rendu à Caluire, près de Lyon, où il était accompagné par les chasseurs de nazis, Beate et Serge Klarsfeld, ainsi que par Claude Bloch, 94 ans, et où il a célébré les hauts faits de la résistance. Les allusions au présent étaient évidentes, même pour ceux qui, voués aux casserolades, n’auraient pas compris. Le président du Sénat, Gérard Larcher, s’est élevé contre des comportements qui piétinent délibérément le   caractère sacré des souffrances éprouvées par ces résistants qui ont payé de leur vie l’honneur de notre pays.

Le rôle de Jean Moulin.

Macron a rappelé le rôle joué par Jean Moulin auquel le général de Gaulle avait confié la tâche difficile d’unir tous les mouvements de résistance en France pendant l’occupation. Il y est parvenu, principalement parce que l’unité française était un principe fondamental alors que les préoccupations des syndicats d’aujourd’hui les empêchent de voir clairement qu’elle reste une priorité et que, au grand dam du pouvoir, les divisions ne font que se creuser. Arrêté à Caluire par les nazis, Jean Moulin a été torturé et il est mort pendant son transfert en Allemagne le 8 juillet 1943. Personne ne demande aujourd’hui aux Français de se sacrifier pour leur patrie. Le gouvernement ne leur propose que de travailler deux ans de plus. Les voilà qui se rebiffent avec une violence qui laisse entendre que, pratiquement, on exige d’eux qu’ils rendent l’âme.

L’épreuve galvanise les Français.

Le président de la République a donc fait un discours intéressant dont les sous-entendus devaient être compris grâce à la transparence du propos. Grâce à lui, nous nous sommes retrouvés en 1943, cernés par les nazis et assistant dans l’impuissance à la déportation des enfants d’Iziou. Le plus difficile, peut-être, c’est de démontrer que les Français sont parfaitement capables de prendre des risques et même de faire passer la vie des autres avant la leur. Les syndicats, qui ont participé à la résistance, estiment, eux, qu’on ne peut pas « piétiner » les droits essentiels au nom du combat contre le totalitarisme.

Un combat contre l’intolérance.

Il est pourtant évident que l’intolérance passionnée, pour ne pas dire fanatique, à l’égard de l’exercice du pouvoir et la volonté de l’exercer quelles que soient les circonstances, conduisent à l’oubli des principes censés nous guider. M. Bloch a fait remarquer que la bête immonde peut renaître en France et qu’elle est réapparue dans d’autres pays. Ce n’est pas établir des rapprochements trop rapides que de mentionner le totalitarisme russe et le combat des Ukrainiens ; que si la France est souveraine, elle a le droit et même le devoir de choisir des partenaires parmi les démocraties plutôt parmi les dictatures ; que le président se bat contre l’intolérance, phénomène qui n’a ajamais été aussi répandu depuis 1945 et que, pour notre salut, nous sommes mieux lotis avec Macron qu’avec Le Pen ou avec Mélenchon.

Connaître Marine Le Pen.

Peu importe : on continuera de reprocher à Emmanuel Macron de n’avoir pas endigué le Rassemblement national. C’est l’accusation la plus injuste dont il fait l’objet. Par deux fois, il a mis Marine Le Pen au tapis. La voilà qui devine aujourd’hui qu’elle a une chance en 2027. Lui la combat en dénonçant ses racines et son père, un passé qu’elle ne peu nier et dont elle ne saurait se débarrasser. Ce serait à nous d’être injuste ? Je répète que, pour comprendre enfin qui est Marine Le Pen, il faudra que les Français en fassent l’expérience. On comprendra alors l’époque si indulgente de Macron.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Le passé au service de Macron

  1. Laurent Liscia dit :

    Endiguer le RN ? Lui seul l’a fait et par deux fois, comme tu le rappelles. Non, ne faisons pas l’expérience de Marine. Ni celle de Mélenchon. Deux loups qui se font passer pour des brebis.

  2. mathieu dit :

    Certes il a vaincu le RN, par deux fois à l’élection présidentielle… mais pas « endigué » (pouvait-il le faire d’ailleurs ?), puisque le RN n’a jamais été aussi puissant électoralement, et institutionnellement présent (présence historique à l’Assemblée, comme dans bien des municipalités)… De là à en rendre Macron responsable, c’est un pas que nous ne franchirons pas!

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