Poutine change de discours

Le voilà qui joue les fragiles
(Photo AFP)

De quelque manière qu’il présente son analyse géopolitique, Vladimir Poutine, qui célébrait hier la victoire de l’URSS contre le nazisme,  confirme qu’îl est l’homme le plus dangereux de la planète.

Les commémorations glorieuses ne sont plus à l’ordre du jour : quelques chars et moins d’hommes de troupe, la plupart d’entre eux tenant le front contre l’Ukraine. Et voilà un Poutine sombre, contenu, qui présente d’une voix de velours la Russie d’aujourd’hui, pays assiégé par des forces multiples et qui ne devra son salut qu’à son courage.

Nation victime.

Merci, nous avons compris : une nation victime, à l’heure nucléaire, se défendra avec l’énergie du désespoir. Poutine pouvait, tout au moins, montrer ses fusées géantes capables d’anéantir en un clic tous ses ennemis. S’il ne l’a pas fait, c’est pour s’appuyer sur une fragilité qui n’existe que dans son imagination. Il n’est jamais à une contradiction près :  si la Russie est menacée, si elle n’a pas assez de moyens conventionnels pour liquider l’Ukraine, cela signifie bien sûr qu’au nom de la légitime défense, elle pourra utiliser ses armes les plus dévastatrices. Le mensonge, nous connaissions. Ce qui est nouveau, c’est qu’il assortit ses fantasmes et sa sauvagerie d’une menace très particulière, celle de l’enfant maltraité par ses camarades, pendant la récréation.

Pantomime sur la place Rouge.

Il faut beaucoup de patience pour supporter cette litanie de sornettes qui vise à méduser le public russe, embrigadé de force dans le cauchemar poutinien. Nous ne sommes pas dupes : qu’il soit triste ou gai, seul ou entouré d’un aréopage dont les membres ont la docilité éphémère des traîtres en puissance, cynique ou faussement éploré, le maître du Kremlin sait qu’il peut y laisser sa peau et il la défend avec l’attirail du saltimbanque forcé d’adopter un rôle extravagant. Cette pantomime sur la place Rouge s’est jouée sur une scène de feu et de sang dont les seules et uniques victimes sont les Ukrainiens. Poutine ne les a jamais aimés, mais maintenant qu’ils se dressent contre lui et avec quelle audace, il voit en eux une menace direte à sa fonction, à sa politique perverse, à sa fragile personne emmurée dans les pièces de son palais.

Ennemi des Russes aussi.

Qu’a-t-il fait de sa richesse volée au peuple ? Qui le remplacera ? Quel chaos laissera-t-il dans son pays, celui qu’il a hypnotisé, rendu somnambule, privé de tout contact avec la terrible réalité ? Nul ne sait jusqu’où un pouvoir illégitime peut emmener son peuple, à la manière du flutiste hollandais qui entraîne tous les rats de la ville. Ennemi du monde ? Ennemi des Russes aussi. Exilés, au front contre leur gré, menacé des pires sanctions s’ils se montrent ne fût-ce qu’impertinents, ils attendent avec impatience la fin du scénario grotesque auquel ils les a conviés, sans comprendre clairement que le problème, c’est Poutine.

RICHARD LISCIA

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