Trump : la galère

Biden il y a deux jours
(Photo AFP)

L’ancien président des États-Unis, Donald Trump, a été condamné à verser cinq millions de dollars à une femme qu’il aurait violée. Il a fait appel de ce jugement mais ses démêlés avec la justice constituent un énorme obstacle à ses ambitions politiques.

LA FRACTION de l’opinion qui continue à vénérer Trump est massive. On ne saurait exclure qu’il gagne la prochaine présidentielle si toutefois il se débarrasse de la justice américaine. Or ses déboires ne font que commencer. Il devra un jour rendre des comptes sur le sac du Capitole, le 6 janvier 2021, qui a fait des morts et des blessés et n’a pu se produire que parce que Trump a incité ses électeurs à pénétrer dans le vénérable bâtiment.

Trump reste une menace.

Il faut relativiser le rapport de forces entre Trump et le président, Joe Biden.  D’une part, il n’est nullement impossible que Biden batte une seconde fois son adversaire. Il reste que le plus grand danger pour le président démocrate, c’est Trump, les autres prétendants républicains n’ayant pas son envergure. D’une certaine manière, Biden a recentré l’électorat grâce à ses succès économiques. Même si l’inflation continue de galoper, les Américains constatent que les salaires augmentent, que le pouvoir d’achat grimpe et que l’emploi est à son zénith. D’un côté, Biden tient mieux sa gauche et la contient en se présentant comme son unique leader ; de l’autre, il rassure les possédants en conduisant une politique économique extrêmement libérale.

Confusion à droite.

Comme d’habitude, les Républicains sont dans la plus grande confusion. Ron DeSantis, gouverneur de la Floride a perdu de sa popularité dans les sondages d’opinion. Les élus républicains ont monté une opération vaste, mais traditionnelle, pour refuser à Biden son budget pour l’année prochaine et la hausse du plafond de la dette américaine, qui est colossale mais ne gêne personne aux États-Unis, le dollar étant une valeur refuge.

L’âge du président.

Le problème posé par l’âge du président n’est pas vraiment réglé. Certains pensent qu’il aurait dû céder la place à sa vice-présidente, Kamala Harris, qui attend avec patience et dans un long silence. Biden a l’avantage d’être féru de diplomatie. En gros, et en tenant compte de ce qu’il fait pour l’Ukraine, il sait conduire les affaires étrangères. L’impression de fragilité physique qu’il donne chaque fois qu’il s’approche du public n’est pas effacée. Il s’agit de son plus gros handicap, mais Trump n’a que quatre ans de moins que lui et il serait facile de se moquer de lui à propos de son âge et de son poids.

Aider l’Ukraine.

En France, la diplomatie macronienne tient à prendre ses distances avec les États-Unis au nom de la souveraineté française et européenne. C’est un faux calcul : malgré certains actes unilatéraux qui ont froissé les Français, Biden est notre plus proche allié. Aucun des autres candidats dans les deux camps n’a cette réputation. Ce n’est pas le moment de se démarquer de Washington, tous les efforts occidentaux doivent converger pour aider militairement l’Ukraine, qui est la première des priorités.

 

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2 réponses à Trump : la galère

  1. Jean Vilanova dit :

    Sans être grand devin, l’élection de Donald Trump serait une catastrophe pour l’équilibre et la paix dans le monde. Elle signerait l’écrasement de l’Ukraine outre l’affaiblissement de l’OTAN, laissant alors les pays Baltes, la Pologne, la Moldavie à la merci de Poutine ; en attendant de pousser toujours plus à l’Ouest car le dictateur lui-même n’a-t-il pas dit – devant des enfants de surcroît ! – que la Russie n’avait pas de frontières ? Trump et Poutine… deux parfaits concentrés de bêtise, de brutalité et de haine. Qu’il existe tant de gens pour gober leurs mensonges, applaudir à leurs forfaitures et leurs crimes, qu’ils soient si nombreux à approuver les désastres dont ces deux fous sont porteurs me laisse perplexe. Formé aux Humanités, ayant cherché toute ma vie à faire émerger de mes différents publics (étudiants et professionnels en formation) la curiosité intellectuelle, le goût du débat, de la confrontation toujours respectueuse de l’autre, le bonheur des livres, j’en viens à me demander, au seuil de la vieillesse si tout ceci n’a pas été une fable. Et que le monde, le vrai monde, ce n’est ni les philosophes grecs, ni ceux des Lumières, ni Mozart, ni Proust mais plutôt celui des tyrans et de leurs idiots utiles dont notre pays peut, hélas, s’enorgueillir de compter quelques spécimens parmi les plus représentatifs.

    • Laurent Liscia dit :

      100% d’accord. Ajoutons quelques points sur la situation américaine. L’enjeu de la prochaine élection présidentielle sera probablement plus économique que politique (ce qui ne fut pas le cas en 2020). L’inflation ne galope plus, elle est en baisse depuis dix mois consécutifs, un résultat direct de la politique de taux imposée par la Banque Centrale « Fed ». Cette politique ne se démentira pas. Au-dela du séisme bancaire (Silicon Valley Bank et First Republic), on peut s’attendre a un ralentissement de l’immobilier et peut-être de l’économie en général. Les électeurs américains ont tendance à très mal vivre ce genre d’événement, ce qui nuirait au président sortant (un contre-exemple fut la réélection extraordinaire d’Obama). Cela dit, l’économie américaine est surprenante: elle crée des emplois malgré les taux très élevés. Cela pourrait durer. Si c’est le cas, il n’y aura pas photo entre un truand avéré, et un bon gestionnaire, même vieillissant. Mon espoir c’est que l’Ukraine remportera quelques victoires décisives d’ici la, et que l’Europe deviendra un rempart naturel contre Poutine sans même avoir besoin du bouclier américain. Je sais, je sais : je rêve.

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