Le festival de la grogne

La gloire hargneuse
(Photo AFP)

On croyait que le festival de Cannes était la fête du cinéma. Il n’en est rien. Quelques-uns des participants en ont fait une scène politique en attaquant la réforme des retraites et la politique culturelle du gouvernement.


LA GUERRE civile progresse si vite qu’aucun domaine n’est épargné : on comprend que les films en compétition traitent de sujets socialement et politiquement douloureux, on ne comprend pas que, au lieu d’apporter une pause dans le débat, ils en rajoutent à la crise. Mme Justine Tiriet, dont il ne faut peut-être pas exagérer la notoriété, a reçu la Palme d’Or pour son film « Anatomie d’une chute ». On s’en réjouit. Les téléspectateurs attendaient d’elle qu’elle prononçât quelques remerciements. Mais l’ingratitude est une tare insondable. Elle a fait un discours militant, de type mélenchoniste, pour dénoncer à la fois la réforme des retraites et la politique culturelle du gouvernement.

Contre -offensive de Rima.

Et en quels termes… « Le gouvernement a nié de façon choquante » la mobilisation et il « veut casser l’exception culturelle » Bonne cinéaste, peut-être, mais peu fiable sur l’exactitude des faits. Applaudie par toute la gauche et surtout l’extrême, elle a quand même obtenu une riposte de la part de la ministre de la Culture, l’excellente Rima Abdul Malak, qui semble avoir décidé de ne pas s’en laisser conter chaque fois qu’un artiste profite d’un prix qui lui est décerné pour stigmatiser le gouvernement.

« Ingrate et injuste ».

La ministre a rappelé l’effort de l’exécutif pour protéger la création intellectuelle. Comme l’a souligné le maire de Cannes, le LR David Lisnard, qui juge « ingrate et injuste » Mme Tiriet, la metteuse en scène a vite oublié le plan de Mme Abdul Malak de 350 millions d’euros en sept ans pour favoriser le cinéma français.  D’autres voix se sont levées, comme celle de Pierre Lescure, pour rejeter les propos à la fois fallacieux et pervers de Mme Tiriet.  Celle-ci reconnaît (un éclair de lucidité ?) qu’il lui est plus facile qu’à d’autres metteurs en scène de trouver le financement de ses films. Donc, elle parlerait en bonne altruiste ? Cette générosité, toutefois, passe par une remise en cause de l’exécutif. Comme quoi faire du cinéma ne vaut pas faire de la politique. Et reconnaître qu’on est un privilégié signifie qu’on dispose d’avantages à partager avec ceux qui n’en ont pas.

La politique du mensonge.

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement est attaqué pour son insuffisance culturelle. Rima Abdul Malak a déjà été obligée de monter au créneau pour défendre un dossier dont l’exécutif n’a pas à rougir. Une cinéaste engagée a cru bon de s’en prendre à l’une des actions gouvernementales qui fonctionnent le mieux ; elle a même poussé l’audace et la perversité jusqu’à se plaindre d’être si bien traitée par l’État. Jusqu’à quand les intellectuels de gauche vont-ils faire la pire des politiques, celle du mensonge, au lieu de contribuer à la création ?

Il est vrai que les artistes n’ont rien à perdre, sinon leur liberté. Pour le moment, et Mme Tiriet a omis de le dire, personne ne suggère de les censurer. C’est le marché qui dit si un film est bon ou non, mais « L’anatomie d’une chute », aidé par sa Palme d’Or, fera, n’en doutons pas, une brillante carrière. C’est tout ce que nous souhaitons à Mme Tiriet en espérant néanmoins qu’elle cesse de se croire en enfer.

RICHARD LISCIA

 

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5 réponses à Le festival de la grogne

  1. Jean Vilanova dit :

    Gauchistes de salon, autocentrés obsessionnels enfermés dans leur monde en toc, drogués au champagne et plus encore aux subventions (nos impôts…), entre-soi d’un univers mental incestueux, n’est-ce pas là, tellement prévisible, l’image du cinéma d’aujourd’hui ? De surcroît, désormais, on a les fils et filles de… pour grossir les rangs, des fils et filles de… que personne n’a jamais vus en formation dans une école d’art dramatique à se former en se frottant aux autres étudiants sur des textes, classiques ou contemporains, grands et moins grands. Trop fatiguant et indigne de leur statut ! J’admire les gens qui paient cher pour aller voir Charlotte Gainsbourg, Lily-Machin ou je ne sais qui, ou encore Benjamin Biolay, leur maître à penser à toutes et tous « faire la gueule » sur grand écran dans des histoires abracadabrantesques de bourgeois tourmentés à la libido exacerbée. N’est pas Garbo ou Bruno Ganz qui veut. Allez, je m’en retourne à la lecture de la correspondance de Flaubert, histoire de me rappeler que l’intelligence et la vraie subversion, celle qui tire les consciences vers le haut furent de ce monde.

  2. Dominique S. dit :

    Je suis comme vous très choqué par le comportement de cette actrice. Elle a oublié une chose dans son raisonnement. Normalement, on débat et il faut bien que quelqu’un tranche, en l’occurence les politiques élus. Selon elle, c’est la rue qui aurait du trancher. Je me permets d’ajouter ce texte trouvé sur Facebook. Il permet de remettre certaines pendules à l’heure: « Mbapé : « Je suis né en France, j’ai grandi en France, la France m’a tout donné. Et j’essaie de le lui rendre, chaque fois que je joue pour l’équipe nationale. Je pense que mon amour de la France n’est plus à prouver. Jouer pour la France, c’est au-dessus de tout.
    J’ai toujours été éduqué avec cette forme de reconnaissance pour la France, parce que la France, elle fait des choses pour les gens, et à moi, à ma famille, elle a beaucoup donné. Donc il faut être fier de son pays. Les Américains sont fiers d’être américains. Pourquoi les Français ne sont-ils pas fiers d’être français ?
    Il ne faut pas voir la France plus noire qu’elle ne l’est ! Je pense bien sûr qu’il y a des problèmes dans le pays, mais je vous jure, moi qui ai la chance de beaucoup voyager, qu’on est dans un très bon pays.
    Je suis fier de représenter mon pays, c’est quelque chose de fort. Je disais que ça créait des droits, des devoirs, mais c’est une fierté aussi, parce que c’est synonyme d’une reconnaissance, celle de tout un pays. Pour quelqu’un qui aime son pays comme moi, c’est une fierté sans nom ». (L’Obs).

    • Dominique S dit :

      Bizarre cette faute d’orthographe sur le nom de Mbappé. J’ai peut être fait une fausse manoeuvre avec mon copié collé ?
      Réponse
      La faute est la mienne.
      R.L.

  3. Dominique S dit :

    C’est un peu ce que je pensais, mais je n’ai pas eu l’incorrection de suggérer cette hypothèse. Merci à vous pour votre honnêteté!

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