Assemblée : démarche illégale

Charles de Courson (Liot) s’exprime à l’Assemblée
(Photo AFP)

Les députés du groupe centriste LIOT (Libertés, indépendants, Outremer et territoires) ont déposé, contre l’avis du gouvernement, une proposition de loi pour abroger la loi adoptée et promulguée sur la réforme des retraites.

C’EST UNE DÉMARCHE purement politique, sans rapport évident avec le fond du sujet. L’exécutif plaide l’illégalité de la proposition qu’interdit l’article 40 de la Constitution. Bien qu’elle soit soutenue par le Rassemblement national, la France insoumise et une partie des Républicains, la proposition n’a que de faibles chances d’être votée par une majorité de députés et pratiquement aucune chance de recevoir l’aval des sénateurs, majoritairement favorables à la réforme.

Un service à la carte.

Le gouvernement fait valoir en outre qu’il n’est pas sain de voter une loi privant l’État de 18 milliards de recettes. Mais la position de Liot est assise sur l’idée que, si le gouvernement utilise le 49/3 à sa guise, les députés ont le droit d’ignorer l’article 40. Tout à coup, les élus auraient la possibilité d’adopter des lois en choisissant les articles de la Constitution qui leur conviennent et d’ignorer les autres. Un service à la carte, en quelque sorte, mais les institutions ne sont pas un restaurant. On devine que les 21 membres de Liot souhaitent récrire l’histoire à leur façon, mais ils le font en coupant la Loi fondamentale comme un saucisson.

Le quart d’heure médiatique.

Le fermeté des pouvoirs publics semble donc, dans ce cas de figure, quelque peu excessive : il suffit de laisser  l’initiative de Liot  mourir de sa belle mort, d’autant que, même si par extraordinaire le Sénat l’adoptait, le Conseil constitutionnel la rejetterait. Les Liot ne manquent pas d’audace, mais ils n’ignorent rien des haies qu’ils ont à franchir. Il ne s’agit pas, pour eux, de défendre l’intérêt général, il s’agit de faire entendre leur voix, pendant le quart d’heure médiatique auquel aurait droit tout citoyen.

Chacun son  vice.

SI la Première ministre, Élisabeth Borne, s’est dressée avec tant de détermination contre la proposition de loi de Liot, c’est parce qu’elle se rend compte que la formation se livre à un abus de pouvoir, sous le prétexte que le gouverment ne cesse de commettre des attentats contre les institutions, ce qui n’est pas vrai. Toutes les actions de l’exécutif étaient inscrites dans le strict respect de la Constitution et la dérive combattue par Mme Borne consiste à exiger de l’Assemblée qu’elle se conforme à la loi, ce qui, en l’occurrence, n’est pas le cas.

Un précédent : le CPE. 

On imagine que Liot, qui a une mémoire d’éléphant, se souvient d’un précédent, la loi sur  le contrat première embauche (CPE), naguère voulu par le Premier ministre Dominique de Villepin, qui a été promulgué par Jacques Chirac et n’a jamais été adopté. Mais l’histoire ne bégaie pas nécessairement et ce qui a été accompli une fois ne sert pas d’exemple pour toutes les lois à venir. Centristes, les Liot, dévorés par la haine que leur inspire Emmanuel Macron, veulent lui infliger une défaite historique. C’est mettre les textes républicains au service de leur passion et non de la vision qu’ils ont de la société. Ils y sont encouragés par l’atmopshère de fin de règne que Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen entretiennent, mais il s’agit en l’occurrence du mariage de la carpe et du lapin.

Toute l’affaire rabaisse l’Assemblée et le suffrage universel. Nous sommes maintenant au royaume des combinazioni, avec des cas de figure insensés, comme la vassalisation par Mélenchon d’un groupe de députés qui ne partagent pas la moindre de ses idées.

RICHARD LISCIA

 

 

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Une réponse à Assemblée : démarche illégale

  1. Jean Vilanova dit :

    J’ai un peu de mal à comprendre le discours de Charles de Courson qui fut pendant de très longues années l’un des plus ardents défenseurs de la rigueur budgétaire. Aussi, parodiant Molière, je me demande que diable fait-il dans cette galère dont le coût n’est même pas financé ? L’ayant toujours perçu comme un homme plutôt sage, civil et pondéré, j’ai du mal à croire que c’est une haine éventuelle envers Emmanuel Macron qui l’inspire. Le quart d’heure de gloire warholien, peut-être ? Je ne crois pas non plus.
    Alors, après Molière, faut-il convoquer ici le général De Gaulle ?… La vieillesse est-elle un naufrage ? Très bientôt septuagénaire moi-même, il me faut être vigilant !

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